Je ne pouvais pas ne pas reproduire ici l’Entretien sur la mécanologie (1968) avec Gilbert Simondon (ici 5 vidéos), que Jean-Louis signale sur son Blog.
La chasse au consommateur
Dans La baisse du crédit accordé aux offres de service j’évoquais la figure actuelle du consommateur en ces termes :
En tout cas, le consommateur prend une figure toute particulière en ce début de siècle, il est devenu le bouc émissaire : c’est de sa faute s’il ne consomme plus assez. Cela justifie de pouvoir le violenter, le torturer, le menacer, le voler … pour finir par le culpabiliser.
En effet, puisque tout passe par la relance de la consommation (partis de gauche et de droite se rejoignent là-dessus), on veut bien être gentil avec le consommateur, lui faire envie, etc. mais quand on voit que çà ne marche pas, on commence à se fâcher et à lui faire violence.
C’est que, depuis la seconde guerre mondiale le rapport entre consommation et production s’est inversé : alors que la production était au service de la consommation, le rapport s’est inversé, comme le souligne Denis Vicherat dans Post Capitalisme, imaginer l’après :
Désormais, ce sera aux consommateurs d’être au service de la consommation, et non l’inverse : « Pour sauver l’économie, il faut acheter n’importe quoi ! » disait Eisenhower après la seconde guerre mondiale. p.131
Et qui sait si, très bientôt, la célèbre scène de torture de Reservoir Dogs ne symbolisera pas la façon dont la production s’adresse au consommateur.
Avec ChatRoulette il y a toujours un public
Et puis on peut très facilement tourner un clip vidéo.
Celui ci est d’ailleurs très bien monté et, de plus, le morceau donne la patate, il faut le reconnaître.
La pharmacie de ChatRoulette
Cela commence par une idée d’utilisation de ChatRoulette : y relier les cameras de surveillance pour « crowdsourcer » la supervision.
Et puis l’on se rend compte que le spectre des usages et des pratiques est beaucoup plus large que ce que l’on y voit aujourd’hui. more »
L’incohérence temporelle et la perception des bénéfices des soins préventifs
Nous faisons tous, je crois, l’expérience quotidienne de remettre à plus tard des choses que nous pourrions faire le jour même. Proverbes et auteurs ont souvent relevé ce constat, Sénèque par exemple :
« A force de remettre à plus tard, la vie nous dépasse ».
Depuis Hume, on sait que la manière de penser ainsi que nos préoccupations diffèrent selon l’espace et le temps :
« Entretenez un homme de ce qu’il deviendra dans trente ans : il ne vous écoutera pas. Parlez-lui de ce qui arrivera demain et il vous prêtera attention. Nous nous soucions davantage du bris d’un miroir quand il a lieu chez nous que de l’incendie d’une maison située à quelques centaines de lieues de là. » Hume, Les passions, Ed. GF p. 286.
Economie libidinale et économie politique
Une intervention de Bernard Stiegler à Audencia Nantes en Mars 2009.
Il faut être aveugle pour voir
Godard raconte dans un entretien fimé au Fersnoy en 2004 que « la machine à écrire a été inventé pour les aveugles ». Ce n’est pas tout à fait exact, même s’il est vrai qu’il y a eu parmi les premières machines à écrire certaines qui ont été construites pour les aveugles.
Mais l’image est assez forte pour être remarquable : il faut être aveugle pour écrire.
Le phénomène ChatRoulette
Le web a besoin de s’emballer pour de nouveaux services et de nouvelles expériences. La dernière en date est assurément chatroulette, un service développé par un lycéen russe si j’en crois ce que j’ai pu lire.
Pour ceux qui ne connaissent pas, le service consiste à mettre aléatoirement en relation des internautes via leur webcam. On fait « play » et l’on se retrouve en connexion video avec un autre utilisateur sur la planète.
Shots that changed my life (27)
Les statues meurent aussi, France, 1953, Alain Resnais & Chris Marker
C’est assez exceptionnel de retrouver ces deux réalisateurs aux manettes de ce court métrage documentaire de 30 min qui commence ainsi : « Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l’histoire. Quand les statues sont mortes, elles entrent dans l’art. Cette botanique de la mort, c’est ce que nous appelons la culture. »
C’est de la destinée de l’art et de la culture noire africaine dont il question avec, dans cette séquence, une fulgurance qui brosse sans concession des décennies du choc culturel afrique noire / occident blanc.
Tout l’art du documentaire à partir d’images d’archives est condensé dans ces quelques minutes. more »
La baisse du crédit accordé aux offres de services
J’ai déjà eu l’occasion de parler du dernier ouvrage de Marie-Anne Dujarier, notamment dans Le devenir algorithmique et dans Le juste prix, où elle met en évidence, au travers d’exemples auxquels nous sommes tous confrontés, les mécanismes par lesquels le consommateur est mis au travail.
Voici les deux derniers en date me concernant :
- ma banque, la Banque Postale, m’a envoyé une nouvelle carte bleue, mais je ne l’ai jamais reçu. Au téléphone, une téléopératrice m’invite à contacter plusieurs départements en interne de La Poste pour retrouver la trace ma carte. Résultat : c’est à moi à mener l’enquête et à faire le « tracking » de ma carte pour pallier au défaut d’un service … que pourtant je paye cher.
- autre aventure récente : je demande à Numéricable de changer mon décodeur : on m’indique qu’il y a 70 € de frais d’échange et 50 € de frais d’installation, je paye à l’avance. Le jour où le technicien passe, il me donne le nouveau décodeur et me dit qu’il n’a pas le temps de l’installer. Je lui dis que j’ai pourtant payé, il me répond que c’est comme çà : son employeur, Numéricable, ne le paye pas pour faire des installations mais il facture quand même le service. Petit détail, il n’y avait même pas de manuel d’installation et d’utilisation du décodeur. Au final, je dois télécharger le manuel sur internet et faire moi-même l’installation pour laquelle j’ai pourtant payé.
