Économie sociale : l’influence modeste du catholicisme sur le mouvement coopératif et mutualiste au XIX° siècle
Le mouvement coopératif et mutualiste plonge ses racines dans les guildes, corporations et compagnonnages médiévaux, notamment lors des grands travaux autour des cathédrales. Mais l’esprit révolutionnaire de 1789 voit d’un mauvais œil toutes ces associations, entre le citoyen et l’état, il ne veut voir aucun intermédiaire. Le Chapelier, avocat rennais qui préside l’assemblée du 4 août 1791, déclare ainsi :
« Plusieurs personnes ont cherché a recréer les corporations anéanties … Il doit sans doute être permis à tous les citoyens de s’assembler : mais il ne doit pas être permis aux citoyens de certaines professions de s’assembler pour leurs prétendus intérêt communs.
Il n’y a plus de corporation dans l’État ; il n’y a que l’intérêt particulier de chaque individu et l’intérêt général. Il n’est permis à personne d’inspirer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par un esprit de corporation ».
Economie libidinale et économie politique
Une intervention de Bernard Stiegler à Audencia Nantes en Mars 2009.
La baisse du crédit accordé aux offres de services
J’ai déjà eu l’occasion de parler du dernier ouvrage de Marie-Anne Dujarier, notamment dans Le devenir algorithmique et dans Le juste prix, où elle met en évidence, au travers d’exemples auxquels nous sommes tous confrontés, les mécanismes par lesquels le consommateur est mis au travail.
Voici les deux derniers en date me concernant :
- ma banque, la Banque Postale, m’a envoyé une nouvelle carte bleue, mais je ne l’ai jamais reçu. Au téléphone, une téléopératrice m’invite à contacter plusieurs départements en interne de La Poste pour retrouver la trace ma carte. Résultat : c’est à moi à mener l’enquête et à faire le « tracking » de ma carte pour pallier au défaut d’un service … que pourtant je paye cher.
- autre aventure récente : je demande à Numéricable de changer mon décodeur : on m’indique qu’il y a 70 € de frais d’échange et 50 € de frais d’installation, je paye à l’avance. Le jour où le technicien passe, il me donne le nouveau décodeur et me dit qu’il n’a pas le temps de l’installer. Je lui dis que j’ai pourtant payé, il me répond que c’est comme çà : son employeur, Numéricable, ne le paye pas pour faire des installations mais il facture quand même le service. Petit détail, il n’y avait même pas de manuel d’installation et d’utilisation du décodeur. Au final, je dois télécharger le manuel sur internet et faire moi-même l’installation pour laquelle j’ai pourtant payé.
Défaut: Ars-Industrialis économie contribution stiegler
by Christian
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Ars Industrialis : pour une économie de la contribution
Voici la première vidéo de la séance publique d’Ars Industrialis du Samedi 5 décembre 2009 dernier.
Le reste des vidéos sur le site d’Ars Industrialis.
A propos de la baisse tendancielle du taux de profit
Il est communément admis, pour la plupart des économistes, que la notion de « baisse tendancielle du taux de profit » présentée par Marx, n’est pas exacte. On peut ainsi lire un résumé du débat en ce sens là sur Wikiberal :
La baisse tendancielle du taux de profit est un concept central du marxisme, qui affirme que le taux de profit dans une économie capitaliste est condamné à chuter tendanciellement, en raison de l’augmentation de l’intensité capitalistique au détriment du travail.
Elle n’a jamais été vérifiée; les travaux de Nicholas Kaldor par exemple ont souligné que le taux de profit était resté stable sur la longue durée (XIXe et XXe siècle). En particulier, Marx a mal appréhendé le rôle du progrès technique. Les gains de productivité n’ont pas bénéficié qu’aux « capitalistes » mais principalement aux salariés, ce qui a permis une augmentation de la consommation. En outre, le développement de classes moyennes importantes, recevant des revenus et de leur travail, et de leur capital, vient invalider les fondements même de la théorie marxiste de la baisse tendancielle du taux de profit.
Fondé sur des prémices faux, ce concept central de l’idéologie marxiste a été abandonnée par de nombreux marxiens.
Ce point de vue est profondément erroné car il existe bel et bien une baisse tendancielle du taux de profit inhérente au capitalisme. Dit autrement, et si rien n’est fait, le système capitaliste se consume et voit son taux de profit diminuer inexorablement. Face à cette tendance, Marx souligne qu’il existe des contre-tendances. Il n’y a donc rien de contradictoire à parler d’une baisse tendancielle du taux de profit et de reconnaître avec Nicholas Kaldor que ce taux est resté stable sur deux décennies. Car s’il est resté stable, ce n’est qu’au prix de devoir injecter régulièrement dans le système, lors de crises, des contres-tendances qui lui redonnent du souffle.
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La comptabilité frauduleuse et la taxe carbone
A l’occasion de la disparition de Edward Goldsmith le 21 août, l’émission Terre à Terre proposait ce samedi 5 Septembre 2009 une rediffusion d’un entretien qu’il avait accordé à Ruth Stégassy en 2001. Goldsmith est une des figures militante de l’écologie, il est notamment le fondateur du magazine The Ecologist (1969). Bien que ses positions anti-progressistes et anti-scientistes ne soient pas ma tasse de thé, il a pourtant utilisé, lors de l’entretien, une expression qui me semble tout à fait juste :
» l’économie politique contemporaine fourni un système de comptabilité qui est frauduleux parce qu’il ne tient compte que d’une fraction des vrais coûts des activités. Il ne tient pas compte des coûts les plus importants. »
Le juste prix
Il y a une tendance qui n’a certainement échappé à personne, c’est la complexité croissante, je ne dis même plus du prix mais du système tarifaire des produits et services. C’est d’ailleurs une remarque que m’a faite Yves Marie Pondaven à propos de l’aberration de certaines politiques tarifaires dans l’IT. Il est vrai que, dans le milieu de l’informatique, on est plutôt bien servis.
J’ai arrêté d’essayer de comprendre les mécanismes de CAL de Microsoft ou encore les systèmes modulaires et les options de SAP. De toute façon on se trompe toujours, à croire que ceux qui réfléchissent aux tarifs chez les éditeurs doivent se dire :
« si quelqu’un comprend mon mécanisme tarifaire, c’est qu’il n’est plus bon et qu’il est temps d’en changer ».
Tout est fait pour qu’il n’y ait pas de comparaison possible avec d’autres produits ou services, car une marque tend à vouloir se rendre incommensurable avec les autres marques. D’ailleurs, l’ensemble de la stratégie marketing est bien souvent guidée vers la recherche d’un avantage compétitif singulier et différenciant. Dites à un éditeur de logiciel qu’il est en concurrence avec un autre et il vous répondra que non, il est sur un positionnement différent, et que ce n’est pas comparable, etc.
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Défaut: Ars-Industrialis économie Data Center Dataware milieu_associé participation
by Christian
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Dataware et économie de la contribution
Faisons un instant l’hypothèse que le web n’existe pas et nous comprendrons immédiatement que le moteur et le support d’une transformation vers une économie de la contribution manque. Cette hypothèse, nous le savons, beaucoup sont tentés de la faire.
J’aimerais donc souligner trois points préliminaires (qui sont des impératifs, des conditions nécessaires) en rapport au texte « Dataware et infrastructure du cloud computing » paru dans Pour en finir avec la mécroissance, avant d’avancer deux propositions pour que la puissance publique puisse jouer son rôle dans la mise en oeuvre d’une économie de la contribution.
Misère des politiques économiques : tabac, alcool, jeux, essence … et internet
Chacun se souvient de la déclaration d’impuissance de François Mitterand :
« Pour le chômage, on a tout essayé »
Jean Marc Daniel rappelle à ce propos l’incapacité structurelle des économies politiques depuis des décennies :
Feu le président Mitterrand était accusé d’avoir une culture économique limitée. Lorsque, agacé, il voulait montrer que finalement il en savait autant que bien des experts, il déclarait avoir parfaitement assimilé que la politique économique se résumait en trois mots : « essence, tabac, alcool ». Il racontait en effet avoir constaté, tant comme ministre de la IVe République que comme président de la Ve, qu’après de longs développements les hauts fonctionnaires du ministère des Finances, quels que soient leur degré de connaissances économiques et leurs prétentions affichées en la matière, finissaient toujours par déclarer que la solution aux problèmes de l’heure passait par un redressement budgétaire, qui lui-même passait par une augmentation des prix de l’essence, du tabac et de l’alcool…
Dès qu’il est question de budget pour mener une politique économique, la réponse à toujours été la même depuis l’invention de l’économie politique :
En 1786, William Pitt, le futur adversaire de Napoléon qui mourut du chagrin que lui provoqua Austerlitz, demanda des conseils à Adam Smith. Ce dernier lui recommanda d’équilibrer le budget et pour ce faire d’augmenter les taxes sur le tabac, l’alcool et les transports…
Gomorra : l’économie fécale du consumérisme
Gomorra , de roberto Saviano, traînait sur mon bureau depuis plusieurs mois. Pourquoi l’avais-je acheté ?
Bien sûr tout d’abord parce que le livre avait été médiatisé au travers du film éponyme qui a reçu le grand prix du jury au festival de Cannes de 2008. Mais ce n’était pas la vraie raison qui m’avait poussé à l’acheter.
C’est que, j’avais cru comprendre que c’était peut-être un grand livre d’économie. Je ne m’étais pas trompé et je n’ai pas été déçu. more »