Économie sociale : l’influence modeste du catholicisme sur le mouvement coopératif et mutualiste au XIX° siècle
Le mouvement coopératif et mutualiste plonge ses racines dans les guildes, corporations et compagnonnages médiévaux, notamment lors des grands travaux autour des cathédrales. Mais l’esprit révolutionnaire de 1789 voit d’un mauvais œil toutes ces associations, entre le citoyen et l’état, il ne veut voir aucun intermédiaire. Le Chapelier, avocat rennais qui préside l’assemblée du 4 août 1791, déclare ainsi :
« Plusieurs personnes ont cherché a recréer les corporations anéanties … Il doit sans doute être permis à tous les citoyens de s’assembler : mais il ne doit pas être permis aux citoyens de certaines professions de s’assembler pour leurs prétendus intérêt communs.
Il n’y a plus de corporation dans l’État ; il n’y a que l’intérêt particulier de chaque individu et l’intérêt général. Il n’est permis à personne d’inspirer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par un esprit de corporation ».
Shots that changed my life(28)
Au travers des Oliviers – Abbas Kiarostami, Iran, 1994
Il s’agit de la dernière séquence du film. Je me souviens encore de la première fois où j’ai vu le film, je n’arrêtais pas de me dire :
Non, il ne va pas le faire ! Il ne va pas oser !?
Et bien si, il l’a fait : un plan avec une profondeur de champ qui va jusqu’à l’horizon dans lequel on suit les deux personnages, réduits à de petits points blancs dans la campagne.
Euphorique.
Les interfaces graphiques du web sémantique
Bien souvent, quand je vois les interfaces graphiques des applications du web sémantique, cela me fait penser à du Picasso.

Paradoxe : quand les données sont structurées les interfaces graphiques donnent mécaniquement une impression de dé-structuration.
Prix et valeur de la collaboration dans le travail
Il y a une logique économique qui pervertit bien des projets menés au forfait. C’est celle qui consiste à ne pas prendre en compte la collaboration et plus généralement l’ajustement entre les différentes tâches effectuées. Il y a toujours là une forme d’incapacité à estimer le coût et la valeur d’un travail collectif.
La chose n’est pas nouvelle, et déjà Proudhon en faisait une de ses critiques du capitalisme :
« Le capitaliste, dit-on, a payé les journées des ouvriers ; pour être exact, il faut dire que le capitalisme a payé autant de fois une journée qu’il a employé d’ouvriers chaque jour, ce qui n’est point du tout la même chose. Car cette force immense qui résulte de l’union et de l’harmonie des travailleurs, de la convergence et de la simultanéité de leurs efforts, il ne l’a point payée.
Deux cents grenadiers ont en quelques heures dressé l’obélisque de Louksor sur sa base (place de la Concorde) ; suppose-t-on qu’un seul homme, en deux cents jours, en serait venu à bout ? Cependant, au compte du capitalisme, la somme des salaires eut été la même. « Qu’est-ce que la propriété ? Ed. Rivière, 1840, p. 215.
Mais si cette idée que le tout est supérieur à la somme des parties apparaît comme une évidence dès que l’on parle de travail manuel, reste qu’elle n’est pas aussi vraie dès qu’il y a « prestation intellectuelle », dès que l’on sort du simple effort musculaire. Sur un projet informatique, on sait très bien que multiplier les développeurs et les jours/homme est contre-productif.
La valeur de la collaboration a des optimums qui dépendent du type de travail à réaliser et des compétences singulières qui sont mobilisées sur le projet. Cet optimum est toujours très difficile, voire impossible, à connaître a priori. Alors on l’oublie trop facilement et l’on choisit de ne considérer que la valeur de la force de travail, qui n’est jamais la valeur travail.
Vidéos de la séance Ars Industrialis du 6 Mars 2010
Le thème était : Logiciel libre et économie de la contribution : le temps de la déprolétarisation
L’introduction de Bernard Stiegler :
Logiciel libre et économie de la contribution : le temps de la déprolétarisation
Ars Industrialis vous invite à sa prochaine séance publique :
Logiciel libre et économie de la contribution : le temps de la déprolétarisation
Samedi 6 mars 2010, de 14 à 17 heures
La Colline – Théâtre National,14 rue Malte Brun, 75020 Paris, Métro Gambetta (ligne 3)
entrée libre
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La chasse au consommateur
Dans La baisse du crédit accordé aux offres de service j’évoquais la figure actuelle du consommateur en ces termes :
En tout cas, le consommateur prend une figure toute particulière en ce début de siècle, il est devenu le bouc émissaire : c’est de sa faute s’il ne consomme plus assez. Cela justifie de pouvoir le violenter, le torturer, le menacer, le voler … pour finir par le culpabiliser.
En effet, puisque tout passe par la relance de la consommation (partis de gauche et de droite se rejoignent là-dessus), on veut bien être gentil avec le consommateur, lui faire envie, etc. mais quand on voit que çà ne marche pas, on commence à se fâcher et à lui faire violence.
C’est que, depuis la seconde guerre mondiale le rapport entre consommation et production s’est inversé : alors que la production était au service de la consommation, le rapport s’est inversé, comme le souligne Denis Vicherat dans Post Capitalisme, imaginer l’après :
Désormais, ce sera aux consommateurs d’être au service de la consommation, et non l’inverse : « Pour sauver l’économie, il faut acheter n’importe quoi ! » disait Eisenhower après la seconde guerre mondiale. p.131
Et qui sait si, très bientôt, la célèbre scène de torture de Reservoir Dogs ne symbolisera pas la façon dont la production s’adresse au consommateur.
Avec ChatRoulette il y a toujours un public
Et puis on peut très facilement tourner un clip vidéo.
Celui ci est d’ailleurs très bien monté et, de plus, le morceau donne la patate, il faut le reconnaître.
La pharmacie de ChatRoulette
Cela commence par une idée d’utilisation de ChatRoulette : y relier les cameras de surveillance pour « crowdsourcer » la supervision.
Et puis l’on se rend compte que le spectre des usages et des pratiques est beaucoup plus large que ce que l’on y voit aujourd’hui. more »
L’incohérence temporelle et la perception des bénéfices des soins préventifs
Nous faisons tous, je crois, l’expérience quotidienne de remettre à plus tard des choses que nous pourrions faire le jour même. Proverbes et auteurs ont souvent relevé ce constat, Sénèque par exemple :
« A force de remettre à plus tard, la vie nous dépasse ».
Depuis Hume, on sait que la manière de penser ainsi que nos préoccupations diffèrent selon l’espace et le temps :
« Entretenez un homme de ce qu’il deviendra dans trente ans : il ne vous écoutera pas. Parlez-lui de ce qui arrivera demain et il vous prêtera attention. Nous nous soucions davantage du bris d’un miroir quand il a lieu chez nous que de l’incendie d’une maison située à quelques centaines de lieues de là. » Hume, Les passions, Ed. GF p. 286.