Le bon sens paysan

Entendre et lire André Pochon m’a été très utile pour comprendre la situation paysanne et agricole en Europe et surtout en France. Bien connu dans le monde de l’écologie et de l’agriculture, ce paysan aujourd’hui retraité n’est pourtant pas connu du grand public, surtout si l’on quitte le milieu agricole et paysan.

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L’arrière saison

Le titre et la couverture de ce roman n’avaient pourtant rien qui puisse m’attirer. Tout laissait transparaître un romanesque autrichien « fleur bleue » que je ne goûte guère. On m’avait même dit, en me conseillant l’ouvrage, « qu’il ne s’y passait rien » mais, pourtant, que sa lecture était envoûtante et prenante.

Comme la personne qui me le conseilla était toutefois digne de confiance, j’achetai le livre il y a maintenant plus d’un an. Depuis, il était resté dans mon bureau et, chaque fois que mon regard croisait la couverture, je le prenais en main en le retournant pour lire une fois de plus la quatrième de couverture qui précisait qu’il s’agissait là d’un chef d’oeuvre inégalé aux yeux de Nietzsche. Aux réticences que j’éprouve vis-à-vis de la littérature romanesque s’ajoutaient l’épaisseur de l’ouvrage avec ses 650 pages. more »

13 Juil 2010, 3:06
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Palette de noyers

Il y a beaucoup de noyers en Dordogne et, vus du ciel, avec leur rondeur bien caractéristique, ils font penser aux palettes de style des logiciels de dessins et de retouche d’images.

Les relations de soin

La question du soin est au centre des discussions contemporaines, que ce soit sous l’aspect du «care» anglo-saxon ou de la pharmacologie de Stiegler . Elle déborde de son périmètre originaire, parental et médical, pour envahir la plupart des champs disciplinaires : politique, économique, philosophique, scientifique et technologique. Frédéric Worms, dans «Le moment du soin», revient fort à propos sur la question en proposant une analyse très stimulante, et importante, pour pouvoir aborder dans de bonnes conditions la question des technologies relationnelles et des réseaux sociaux.

Pourtant, tout le monde n’apporte pas le même crédit à la question du «soin». Ainsi Jacques Rancière est peut-être un cas emblématique de ceux qui refusent de prendre cette question du soin au sérieux : «Les procédures de la critique sociale ont en effet pour fin de soigner les incapables […] Et les médecins ont besoin de ces malades à soigner. Pour soigner les incapables, ils ont besoin de les reproduire indéfiniment», écrit-il sur un ton acerbe (Le spectateur émancipé p.54) en même temps qu’il dénigre les «docteurs médecins» qui se plaisent à faire des diagnostics sur le grand corps malade de la société contemporaine. more »

Quelle filière industrielle pour la numérisation du patrimoine ?

Le contexte de la consultation sur le Grand Emprunt

La cacophonie et la mécompéhension autour du grand emprunt, et plus précisément sur le volet numérisation, font qu’on est actuellement dans une situation de crise, au sens propre du terme : quelque chose va se décider.

Au départ, c’étaient 150 millions qui devaient être alloués aux institutions pour qu’elles puisse poursuivre et accélérer les projets de numérisation ; au final ce ne sont plus que des montants de prêts (donc remboursable avec intérêts) pour favoriser la mise en place d’une filière industrielle du numérique, basée sur des partenariats publics/privés.

On sait que l’actualité de la crise économique de ces derniers mois a certainement beaucoup favorisé la formulation très libérale de la consultation publique (le développement du « machin numérique ») lancée par le secrétariat de la prospective et du développement de l’économie numérique. De plus, dans le cadre d’une période d’austérité et de restrictions budgétaires importantes dans les dépenses de l’état, le grand emprunt devient un dossier beaucoup particulièrement épineux pour le gouvernement : difficile de dire « on fait les valises et on rentre » après avoir fait de la relance par l’innovation un axe important de la stratégie française.

Deux tentations s’opposent donc entre celle du ministère de la culture et celle du ministère des finances : le premier veut continuer à croire à la nécessité d’une politique culturelle tandis que le second tente de radicaliser les choix qui devront être faits sur la base exclusive du principe de rentabilité. Il n’y a donc plus de consensus au sein même du gouvernement sur l’avenir du grand emprunt, et les différentes institutions qui doivent participer à la solution (BnF, Bibliothèques Municipales, INA, IRCAM, Cinémathèque, Cité des Sciences, Archives, Musées, etc.) ne comprennent plus la règle du jeu, qui semble par ailleurs changer chaque jour en ce moment.

La vision qui est présentée ici est une tentative de réponse à la consultation publique sur le volet numérique. Elle a l’ambition de sortir par le haut des apories dans lesquelles la question de la numérisation du patrimoine dans le cadre du grand emprunt se retrouve aujourd’hui.
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23 Juin 2010, 9:53
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Shots that changed my life (30)

The Goat – Buster Keaton – USA (1921)

Le surnom de « Buster », nous rappelle son biographe David Robinson,  lui fut donné par le grand magicien Houdini, qui a ses débuts travaillait avec la famille Keaton dans les spectacles. En voyant le petit Joseph dégringoler les escaliers un jour, et s’en relever miraculeusement indemne, Houdini s’était exclamé : « That’s some buster! » (« Çà, c’est de la chute ! »). Le surnom resta.

A ce surnom est venu s’en accoler un autre : « l’homme qui ne rit jamais ». C’est que, selon l’aveu même de Keaton :

« plus je devenais sérieux, plus je faisais rire les gens. Et donc quand je suis passé au cinéma, c’était devenu automatique, je ne m’en rendais même plus compte ».

Une autre caractéristique que l’on associe Keaton est son goût pour les machines, et plus précisément les locomotives, que l’on retrouve dans le titre de son chef d’oeuvre « Le mécano de la Général » (1927). Il était par ailleurs un  grand amateur de  la question et, encore aujourd’hui, sa reconstitution de la Général à partir de trois veille locomotives est saluée. Lui-même reconnaissait le plaisir qu’il avait de marier humour et locomotive :

« Si vous me donnez une locomotive et des choses comme çà pour jouer avec, en général,  je trouverai toujours une façon de les utiliser pour faire rire. »

The Goat est un court métrage qui n’est pas le meilleur de Keaton, ni non plus le plus connu. Seulement voilà, il y a un plan qui est proprement sidérant, on a beau le voir et le revoir : c’est toujours le même stupéfaction qui nous saisit. On a là un concentré de Keaton en quelques secondes :

  • c’est du cinéma. Avec un plan unique qui fait écho à l’entrée en gare de la Ciotat.
  • il y a une locomotive
  • Keaton apparaît de nulle part, et pourtant il était déjà là, depuis le début de la scène, avec son visage de marbre.

C’est un humour sidérant.

20 Juin 2010, 11:39
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Éducation et formation de l’attention

Enregistrement de la conférence Education et formation de l’attention, prononcée par Bernard Stiegler le 5 juin 2010 au Musée Ecole d’Epineuil le Fleuriel :

Les techniques de soi : séance publique d’Ars Industrialis du 19 Juin 2010

Voici les vidéos de la séance sur les techniques de soi d’aujourd’hui.

Hélas, j’ai eu un petit souci avec mon caméscope de poche et je n’ai pu enregistrer l’intervention du comédien Robin Renucci, membre de l’association, qui fut vraiment remarquable. Mais heureusement une autre vidéo sera disponible très bientôt sur le site d’Ars Industrialis.

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Grand emprunt : développement du « machin numérique »

La semaine dernière, le « secrétariat d’état chargé de la prospective et de l’économie numérique » a publié une consultation publique qui s’inscrit dans le cadre du grand emprunt, décidé par le président de la république. Il s’agit d’une consultation qui s’adresse à tout le monde (on peut télécharger la consultation sur le site ministériel de la prospective), et même le simple citoyen peut y répondre.

Maintenant que l’état a annoncé qu’il souhaitait investir plusieurs milliards sur l’économie numérique, ne reste donc plus qu’à connaître les modalités de cet investissement. On sait qu’environ 75% des budgets investis par l’état le seront sous forme de prêts (remboursement avec intérêt à la clé) et 25% sous forme d’avance remboursable ou de subvention. De plus, les structures de partenariat public-privé sont de mise pour constituer des « filières industrielles » dans l’économie du numérique.

Filières industrielles, grand emprunt, partenariats public-privé, modèles d’affaire à inventer, structures juridiques et montages financier à imaginer, etc. Si certains pensaient que le grand emprunt serait simple, je crois qu’ils vont être douchés. On a à faire à ce que De Gaulle appelait un « machin » (expression qui aurait été utilisé en septembre 1960 à propos de l’ONU), un « machin numérique » en l’occurrence.
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12 Juin 2010, 5:29
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Mille-feuilles Japonais

Au XIII° siècle, souligne Edwin O.Reischauer dans le premier tome de son Histoire du Japon et des Japonais, la vie politique japonaise avait de quoi dérouter :

« l’empereur se trouvait sous la dépendance d’un ancien empereur retiré et sous celle des Fujiwara qui contrôlaient en sous-main un cabinet fantoche manipulé de l’extérieur par le shogun qui n’était lui-même que l’homme de paille d’un régent Hojo …! » p.68

Et Reischauer poursuit :

 » La conduite des affaires paraissait confiée à une série de doublure dont aucune ne détenait la réalité du pouvoir. L’observateur le plus perspicace aurait pu se représenter la vie politique japonaise comme un jeu de paravents ou comme un interminable emboîtement de personnages gigognes. »

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