Colloque BPI : « Nouveaux outils de la connaissance et partage des savoirs »

Il a fallu attendre la dernière table ronde du colloque pour que m’apparaisse une des clés possibles de l’évolution des bibliothèques.


Les représentants de la BNF, Catherine Dhérent et Arnaud Beaufort (tous deux très bons), nous parlent des processus, des normes et de l’organisation de la bibliothèque : normal.

A côté de çà, Frédéric Kaplan un chercheur à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, fait une remarquable présentation où il raconte qu’il a hérité de la bibliothèque de son grand-père. Il évoque ainsi le plaisir de consulter des ouvrage annotés (le cauchemard des bibliothécaires) comme étant à la racine de ses travaux sur des systèmes d’annotation (on entendra de plus en plus parler de ce chercheur et de ses travaux).

Puis, je réalise qu’à l’origine des succès du web comme Wikipedia, Google, mais aussi les systèmes d’annotation de Frédéric Kaplan, il y a toujours un accident : l’annotation d’un livre et un héritage, un droit d’accès non vérifié sur un fichier pour wikipedia, un système de citation qui devient « par accident » un moteur de recherche pour Google

Et si donc, l’enjeu des bibliothèques était à présent d’introduire la possibilité d’un accident ? Pas d’une catastrophe, entendons nous bien, mais plutôt d’un incident, d’une défaillance, d’une déviance, ou tout autre événement qui pourrait apparaître comme non souhaité, non voulu, et non prévu.

Posant une question à ce sujet, Arnaud Beaufort, directeur des services et réseaux à la BNF, me répond avec une pointe d’ironie :

« Votre idée d’accident est intéressante, il va falloir que j’en parle à la BNF ».

Et pourtant, si derrière toutes les dernières évolutions qui bousculent nos bibliothèques il y a cet accident dans l’usage et la pratique d’une technique et d’une technologie, il faudrait peut-être prendre au sérieux deux choses : la technique (en l’occurrence les systèmes informatiques) et l’accident (la pratique déviante d’un utilisateur), les deux étant intimement liés.

Mais cela veut dire quoi ? Il y a de l’informatique et du numérique dans les bibliothèques, non ? En fait, à y regarder de plus près, l’informatique est toujours comprise comme une instrumentation et un outillage d’un processus et d’une méthodologie : la technique après la réflexion.
Ce qui laisse peu de place à l’accident et à l’expérimentation, mais en revanche toute sa place à une catastrophe.

Je ne suis pas d’accord avec ta conclusion, le problème ce n’est pas que les « accidents » n’arrivent pas dans les bibliothèques numériques, mais plutôt que lorsqu’ils arrivent, personne n’est suffisamment à l’écoute pour y trouver les perles et les exploiter. Il faut être réactif et innovant ce qui n’est pas vraiment notre spécialité. Par ailleurs il y a encore beaucoup de gens qui pensent que notre rôle est de mettre en place des services qui ont fait leurs preuves, et pas de faire de la R&D… Mais grâce à toi je sens que je vais avoir l’occasion d’y réfléchir !

[Reply]

Les accidents arrivent bien sûr, d’ailleurs c’est dans une bibliothèque que Frederic Kaplan est allé demandé s’ils avaient ces livres « annotés ». Mais rien n’en avait été fait, si ce n’est les retirer du circuits.
Je maintiens ma conclusion qui ne dit pas que les accidents n’arrivent pas, mais que l’accident est perçu comme un défaut à réguler. Je dis donc que l’accident est un défaut … qu’il faut.
Cela veut dire, par exemple, mettre en place une équipe ou un service en charge de détecter, recenser, et analyser ces accidents avec l’éclairage de leur expertise de conservateur et de bibliothécaire.
Enfin, par « catastrophe » j’indique juste une cata-strophe, c’est à dire la fin de quelque chose. A savoir la fin des bibliothèques telles qu’on les a connues.

[Reply]

 

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