20 Fév 2007, 1:08
Défaut
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Narcissisme sélectif

Dans un commentaire à la note « Nous vivons un miracle« , Olivier me faisait remarquer – à juste titre – que la durée de conservation des inscriptions numériques pose problème.

MÉTAPHYSIQUE DU SUPPORT DE MÉMOIRE
Or, on a beau entendre ces faits, il semble que notre inclinaison naturelle soit de croire que, parce que c’est numérique, c’est éternel. Il y a comme une métaphysique du numérique qui nous occulte la réalité des capacités et des limitations des techniques numériques. Une métaphysique qui nous pousse à idéaliser certaines choses : ajoutez « numérique » et se forme aussitôt un brouillard dans nos esprits. Or chacun sait que par temps de brouillard, au volant d’une voiture, on suppose que la route continue tout droit, jusqu’à preuve du contraire.

Ainsi, dans le brouillard métaphysique, projette-t-on des idéaux qui deviennent des lieux communs ; le présupposé de la conservation éternelle des supports sur format numérique en est un.

Que va-t-il donc rester de tout ces supports numériques ? Comment nos pratiques vont être le relais de la technique ?

PUBLICITÉ
Ce qui va rester, c’est ce qui sera re-copié, re-produit et ré-pliqué.

Rien de nouveau par rapport aux supports historiques : il faut des copistes pour faire passer les documents au jugement du temps (et parfois aussi du hasard, car l’accident est toujours de la partie). Mais à présent chacun peut être copiste : inutile d’être un moine habile, d’avoir la formation et les outils pour faire oeuvre de copiste.

Je pense même que le blogging est une activité de copiste (à ceci près que mettre des hyperliens ne copie pas pour autant le document lui-même).

A ce titre on peut même légitimement penser que le blogging est une activité publicitaire, au sens premier du terme. Je me souviens d’une note d’Olivier Ertzshied qui distinguait les blogs « linkers » des « publishers » ; face à cette distinction je dirais que les « linkers » sont des « publicitaires ». Car le publicitaire est celui qui fait savoir (cf. le « Faut le savoir » de Vincent Maurin)

CAPITAL SYMBOLIQUE
Pour qu’un document perdure au delà des limites de son support, il faut qu’il soit copié et qu’on en fasse la publicité afin qu’il circule.
Après tout, le documentum c’est un capital, même symbolique, et comme tout capital, il doit circuler pour vivre. Même les symboles sont le fruit d’une sélection.

AUDIENCE ET OPINION
De nos jours, nous assistons à une massification de ce processus de sélection (blog et web 2.0) qui pourrait tourner à la mascarade car, dans cette nouvelle économie d’échelle, l’opinion devient bien vite diluée dans l’audience.

L’audience est parfois la drogue et l’addiction du blogger en désespoir d’opinion, que nous sommes peut-être tous à un moment donné.

Oui,mais dans la mesure de l’intérêt que nous suscitons.
Il est vrai que nous associons le numérique à l’infiniment petit.

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