Un dispositif cinématographique d’Agnès Varda
Après plusieurs jours intenses de visite de musées et d’expositions, le dispositif cinématographique d’Agnès Varda, présenté à la fondation Cartier, est une des expositions artistiques qui m’a le plus touché.
Avec cette exposition, la fondation Cartier réussit là où le centre Pompidou, avec l’exposition de Jean-Luc Godard, à échoué.
Avec simplicité et astuce, Agnès Varda nous propose un parcours ludique autour d’une question essentielle dès qu’apparaît l’image et la video dans une exposition :
Comment inscrire l’image hors du tête à tête qu’elle entretien habituellement avec le (télé)spectateur ?
La solution proposée se construit en reprenant le concept de ces vieilles cartes postales qui disposaient de tiroirs contenant eux-mêmes d’autres images. Un peu comme le font aujourd’hui les livres pour enfants.
Mais interroger la fonction de la projection cinématographique dans un espace autre que le cinéma, c’est aussi donner à voir ce qu’il n’y a pas dans l’image. Pour cela, Agnès Varda propose un tryptique dans lesquels les panneaux latéraux peuvent être manipulés par les visiteurs, afin de jouer avec la présence et l’absence des hors-champs.
Enfin, vient le chef d’oeuvre de cette exposition, un dispositif de plusieurs téléviseurs qui affichent des entretiens avec des veuves de l’île de Noirmoutier. Chacun de ces entretiens est associé à un téléviseur, qui lui-même se projette et se concrétise dans le lieu d’exposition par un siège doté d’écouteurs. On se surprend à se déplacer de siège en siège pour rencontrer à chaque fois un témoignage émouvant sur l’expérience du veuvage.
Bien que succincte, cette exposition – conçue comme un dispositif cinématographique – révèle encore d’autres surprises. Le temps de visite propose au spectateur une expérience de dilatation du temps jubilatoire.
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