La règle du jeu
Je suis curieux, et lorsque j’entends quelqu’un parler de quelque chose que je ne connais pas, il m’arrive souvent de n’avoir qu’une seule idée en tête : en savoir plus.
Récemment, essayant de me remettre à une activité de programmation informatique, je me suis demandé ( puisque la meilleure façon d’appendre à programmer c’est d’avoir un projet concret à programmer ) si je pouvais programmer une application afin, précisément, de m’accompagner dans ces phases de « recherche », où l’envie d’apprendre et d’en savoir plus est dévorante.
Dès lors je me suis mis à essayer de représenter les processus que je mets en l’oeuvre dans ces périodes de recherche. Voilà ce que çà donne.
Tout commence par un mot. Cela peut être un concept, un auteur, un lieu, un thème, bref n’importe quel mot. Tout se cristallise sur ce mot. Et la meilleure façon de comprendre ce mot, c’est d’en comprendre l’usage. Je recherche donc des usages de ce mot, puisque la signification, c’est l’usage. Ces premiers repérages me donnent un éventail d’utilisations du mot en question. Je suis ensuite capable d’utiliser ce mot, qui commence à faire partie de mon vocabulaire. Concrètement, cela implique que je suis capable de l’utiliser dans une discussion avec une autre personne, ou que je suis capable d’écrire un texte en utilisant ce mot.
Cette première étape ressemble beaucoup à ce que l’on appelle, dans les technologies de l’information, aux vocabulaires normés, taxonomies, et ontologies. Dans cette phase j’ai positionné le mot dans la toile de ses usages. Mais cette connaissance acquise est totalement formelle, elle ne repose sur aucune pratique. Prenons un exemple :
M’intéressant aux langages de programmation, j’ai entendu parler ou j’ai lu quelque chose sur Ruby. Voilà mon mot mystère. je fais des recherches et j’apprends que Ruby est un langage orienté objet, qu’il a telle ou telle particularité, qu’il a été conçu par un japonais au début des années 1990, etc… Mais cette liste des particularités, bien que nécessaire, me laisse un peu froid. Un peu comme lorsqu’on lit une définition du dictionnaire. Pour sentir ce mot il me faut, en plus, lire des commentaires laissés par ceux qui le connaissent par la pratique, et là je lis des avis enflammés ,d’autre beaucoup moins, etc. C’est alors seulement que le mot commence à prendre vraiment corps, car au delà de sa définition, j’ai maintenant en tête des discussions et des polémiques.
Les standards du web sémantique peuvent très bien accompagner la première phase du processus d’apprentissage : celle qui propose une représentation formelle de la connaissance du sujet que je veux appréhender. Le programme que je pourrais faire reposerait finalement sur la constitution d’un fichier RDF.
Mais comment aller plus loin ? Comment passer de cette représentation formelle à une réelle pratique ?
C’est cette question qui se pose régulièrement sur l’utilité des standards du web sémantique : ils fournissent un vocabulaire, des règles et des syntaxes, mais pour faire quoi ?
On retrouve le même dilemme dans l’apprentissage de la programmation : dois-je lire toute la documentation technique pour enfin écrire mes propres programmes ? Dois-je connaître toutes les règles d’un jeu avant de commencer à jouer ? Certainement pas, il faut pratiquer parce que les règles elles-mêmes sont issues de la pratique. Aussi, n’attendons pas de comprendre les normes du web sémantique dans leur exhaustivité, cela ne prendrait jamais fin. Pratiquons, et faisons les règles en jouant.
Considérez la pratique comme un jeu, et les définitions comme les règles du jeu. Ce que nous voulons tous, c’est jouer.
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