11 Août 2011, 3:27
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A propos de Melancholia, de Lars von Trier

C’est le grand retour des astres et du cosmos. Après la métaphysique naïve de « Tree of life », c’est au tour de Lars von Trier de faire référence aux astres et aux planètes dans son dernier film, Melancholia.


Les premières minutes sont un véritable exercice de style : démonstration d’un savoir faire technique qui permet à Von Trier de rappeler qu’il est le meilleur. On imagine déjà tous les publicitaires baver d’envie devant ces images si léchées qu’elles en deviennent irréelles. Prenez n’importe quel produit, filmez le comme Von Trier sait le faire, et il devient proprement sidérant.

Mais on sait que Von Trier avait résolument tourné le dos à cette version cinématographique de l’art pompier avec Le Dogme (1995), ce mouvement qui prônait un réalisme extrême, sans artifice technique, y compris le montage lui-même. Du cinéma pompier au dépouillement tout franciscain de Les idiots, toute la technicité de Von Trier a été sacrifiée. C’est son truc, il casse tout ce qu’il touche et adore par dessus tout les sacrifices (y compris quand il s’ampute de ses propres compétences techniques).

Dans Melancholia, on retrouve se mélange de dogme et de prouesse technique. Les premières minutes sont dégoulinantes d’images léchées et retravaillées ; elles agissent d’ailleurs comme des marqueurs qui vont rester présent à l’esprit durant tout le film : comme si nous avions vu la table des matières du film dès l’introduction.

Mais pourquoi Melancholia ? Pourquoi nommer ainsi cette planète gigantesque qui va percuter la terre ? Et pourquoi en faire le titre du film ? De toute évidence Von Trier a fait un lapsus : il n’y a rien de mélancolique dans ce film ; c’est un film nihiliste, pas mélancolique.

Il n’y est question que de destruction, de mort, d’absurdité et d’insignifiance : toutes les lois et les coutumes des hommes sont insignifiantes et seront balayées par les lois de la physique et de la gravitation.

Bien sûr, le personnage de Kristen Dust a un côté mélancolique dans son comportement : mais dès qu’elle parle c’est pour dire que le monde est mauvais et que, de toute façon, nous-sommes-seuls-dans-l’univers-et-que-tout-cela-est-absurde. Ce mélange de mélancolie et de nihilisme permet à Von Triers de faire bonne figure en donnant un visage mélancolique à son nihiliste.

Il semble en effet que Lars Von Trier ait voulu se soigner. D’ailleurs on sent bien qu’il s’est fait beau et présentable : la critique n’a d’ailleurs pas manqué de souligner que le film, malgré les provocations de son réalisateur à Cannes, était plus que convenable.

Quant à moi, je rêve du moment où Von Trier quittera sa sempiternelle ritournelle sur le bien et le mal qui attise et nourrit son nihilisme qui produit un cinéma du sacrifice. Non seulement il s’y vautre à pure perte, mais c’est surtout que cela fait de lui un salaud. Un excellent salaud de nihiliste qui, finalement, fait hélas très bon écho avec la niaiserie métaphysique de Terrence Malick.

 

ta critique est nul!

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au meme niveau que mon orthographe!

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Je pense que c’est aussi oublier que l’emploi du terme « melancholia » fait référence à une époque où il désignait non pas la mélancolie telle que nous l’entendons, mais la dépression, la bile noire, etc. Le titre semble alors plus justifié que vous ne voulez le croire.

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Je suis en désaccord avec la critique.
Mélancholia est un film sur la dépression,la mélancolie,et sur l’acceptation de la mort.Et de notre façon d’y faire face:angoissé ou résigné.Et il vise juste dans son sujet.
Le titre est justifié,d’autant que les références à un certain romantisme(allemand et anglais) sont présentes au long du film : oui c’est aussi un film romantique.Le choix de Wagner n’est pas gratuit.
Par ailleurs,il faut faire attention a simplifier un film a l’extrême,car on pourrait croire à de la désinformation: Kirsten Dunst ne dit jamais que « tout ceci est absurde » et ne dit qu’une fois « que la Terre est mauvaise ».Et cela n’est pas hors propos.

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Je pense, comme Christian Fauré, que Lars von Trier a « voulu se soigner »; la plongée dans l’inexorable dépression est excellemment rendue par tous les bouts du film (musique, lumière, montage, attitude des personnages) et peut-être qu’on peut ici penser au pharmakon: le poison fonctionnant comme un remède pour autant que l’enjeu de cette mise en scène de la dépression aura été de la traverser.

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Nihilisme ? oui… Nietzsche aussi d’ailleurs ! Et salaud ou pas, avoir une vision d’un monde et de l’Homme n’a jamais été néfaste à la réflexion et à la philosophie… Se questionner sur soi et sur ce(ux) qui nous entoure est pour moi essentiel !!! Dans ma critique, personnellement, j’ai été beaucoup plus élogieux et ai donné ma bénédiction sans concession !!!
Rick Panegy

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Je trouve très juste et inspiré votre correctif sur le nihilisme. Personnellement j’avais plutôt pensé à une sorte de cynisme (expiatoire) mais le mot de nihilisme fait mouche.
Chez les grands mélancoliques il y a toujours, égale au vortex, une capacité de joie, une reconnaissance de la luminosité du présent. (car la mélancolie N’est PAS la dépression…)
Or LVT en est incapable. Son monde humain (1ère partie) est tellement caricatural et minable qu’on se fiche de le voir disparaître. Son petit coin de paradis est tellement construit (par le décor et l’esthétisme) qu’il ne ressemble en rien à celui qu’on pourrait garder sous la paupière au moment de le quitter (je n’en sais rien je sais, mais je l’ai déjà vu au cinéma).
Malgré les efforts de son actrice pour nous faire croire à un déchirant arrachement au monde, nous savons dès le début que le cinéaste ne lui donnera aucune chance. C’est son monde cinématographique à lui qui est bien plus intéressant, comme doit nous en convaincre la démonstration m’as-tu-vu du prologue. Il fait donc se débattre un personnage pour sauver quoi ? Rien*. Certes, on avait déjà compris que LVT adore sadiser ses personnages féminins (même si c’est moins grave ici que dans l’effarant « Antichrist ») mais on note qu’il a l’ignoble bienséance de s’arrêter à la juste limite en exemptant son enfant de l’attente supplicielle.
La seule chose que je sauverais dans ce film (à la rigueur), c’est le personnage de Justine, surtout à cause de son actrice et si je ne pense pas trop longtemps que derrière elle il y a LVT, venu se venger sur l’être humain et le spectateur de sa foi perdue (en dieu, en la chair et en l’homme).
Je suis restée moi aussi scotchée contre mon fauteuil à la fin du film, comme quelqu’un à qui on aurait dit « tiens, prends ça dans la gueule » (et Wagner, et le spectaculaire et la libération coup de poing du final) mais je ne sais toujours pas ce que j’ai expié et pourquoi…

(*Et le film nous dit bien que la vie est « absurde », parce qu’il n’y a « ni dieu » ni « autre vie dans l’univers ».)

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Merci pour ce commentaire que je trouve très juste @listenoire

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