22 Déc 2009, 1:01
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A propos d’Avatar, de James Cameron

J’ai donc vu, avec mes lunettes 3D, le dernier film de James Cameron, Avatar.
Un mot sur la 3D : certes cela marche à peu près, et plus ou moins bien selon les scènes. On retiendra la meilleure scène 3D comme étant celle du début où les marines sortent de leur scaphandre d’hibernation : nous sommes dans le vaisseau spacial, et ce plan sur les sarcophages alignés le long d’un tunnel en perspective d’ou émergent les marines engourdis qui flottent (car encore en apesanteur) est pour moi la meilleure scène 3D. Pour le reste, la 3D ne m’a pas impressionné.
Mais le pire est certainement le rendu des couleurs. Dès que vous avez chaussé les lunettes 3D, c’est autre chose que le relief qui vous saute aux yeux : c’est la destruction de toute la palette chromatique. Le blanc n’existe plus, il devient grisâtre. Le rouge vire à l’orange, et le bleu des corps des Nav’i a du mal à ne pas virer au vert-crapeau. Ces lunettes 3D forment un filtre verdâtre, voire jaune pisseux, qui vous prive d’apprécier le travail des coloristes et des graphistes.
Sur le scénario, je crois que cela a été largement souligné par les critiques, c’est aussi basique que Les Cheyennes ou Danse avec les Loups, le film aurait pu d’ailleurs s’appeler « Danse avec les Nav’i ». Je dois avouer que face à ces scénarios basés sur l’immersion ou la rencontre avec un autre peuple je ne peux m’empêcher de ressentir un certain malaise. Pourqoi cela ? Et bien lisez par exemple « Tristes Tropiques », avec son fameux incipit, « Je hais les voyages et les explorateurs. » puis enchaînez sur « Avatar » et vous comprendrez. La vision ethnographique sous jacente à ces scénarios, à laquelle n’échappe pas Avatar, est profondément navrante.
Avec AliensTitanic et AbyssAvatar fait partie des films de « pilotage » de Cameron. Ces films où il y a d’une part un vaisseau qui a un problème (le Titanic, le vaisseau Alien, la plate-forme de forage sous marine) et d’autre part des machines pilotées par des hommes. A ce titre, l’image de Sigourney Weaver avec son loader dans Aliens restera dans les mémoires (ici la « nouveauté » est que le héros pilote un être vivant, son avatar).
Un des plaisir que je trouve dans la filmographie de Cameron c’est cette vision industrielle : les vaisseaux sont des cargos ou des plateformes pétrolières, et les machines sont des engins de travaux publics. Cela rend beaucoup plus crédible le monde mis en scène car on perçoit une industrie machinique à l’oeuvre dans laquelle on se reconnaît, malgré son gigantisme, et qui nous procure un fil d’ariane (il n’y a pas de thématique dominante de la « machine ordinateur » chez Cameron).
En un certain sens, Cameron a certainement atteint son objectif de démiurge qui consistait à vouloir créer un monde (terraforming + races + langues + faune + flore + religion ). Mais une telle histoire méritait-elle de créer un monde pour elle toute seule ?

J’adore vos critiques de films.
Toujours pertinent, comme pour Valse avec Bachir.

Merci.

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C’est gentil, merci.

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[…] Gunthert) – Avatar ou les trois dimensions de la platitude (par Olivier Beuvelet) – À propos d’Avatar, de James Cameron (par Christian Fauré) – Sommes-nous tous le même avatar (Jean-Jacques […]

Il y aurait bcq à dire sur le film Avatar. Outre, effectivement, la pauvreté du scénario, le faible impact de la 3D et les couleurs délavées (sic et re-sic), voici quelques idées qui me sont venues :

– Le scénario m’a fait penser à la phrase de Churchill qui disait que les américains finissent par trouver la bonne solution, après avoir essayé toutes les mauvaises… le film illustre bien cela, comme bien d’autres, malgré lui.

– Le problème, c’est que, dans la vie réelle, sans doute parce que les américains sont vendeurs dans l’âme, ils ont l’air de nous faire payer les deux : les mauvaises (parce que l’on paye leurs conneries), et les bonnes (notamment par le fait qu’ils nous vendent leurs « bons sentiments » au cinéma). Et cela se reflète dans ce film aussi. Un des tournants scénaristiques qui m’a énervé, c’est le moment où Jake prend la tête de la révolte et parle au nom des Na’vis (de mémoire, « they are not going to take *our* land »).

– Le scénario m’a fait penser aussi à Epidemic (de Lars von Trier) où un médecin se déplace dans la campagne sans se douter qu’il est porteur d’un virus qui va contaminer toutes les personnes qu’il rencontre. Pour Avatar, les américains ont beau partir loin dans l’espace, il n’en reste pas moins que leur culture est un bouillon de virus qui fait des étincelles, en cas de rencontre.

– Ce film décrit un syndrome de Stockholm qui serait réussi. Et alors que je n’avais pas développé mon idée, je viens de trouver un article qui met aussi le doigt là dessus (sans parler pourtant de syndrome de Stockholm) : http://melanine.org/article.php3?id_article=370

James Cameron n’en reste pas moins un des réalisateurs que j’apprécie. Il use des effets spéciaux, mais effectivement, il s’y entend pour nous faire voir des mécaniques qui ont l’air authentiques, plausibles. Cela vient sans doute du fait qu’il est un ingénieur (diplomé).

Quant au fait que Cameron ait souhaité créer un (nouveau) monde, je peux y trouver plusieurs raisons. Cameron, comme tout créateur, est démangé par l’envie d’être un démiurge, un dieu créateur; et comme l’indique le créateur du langage C++, nous poussons nos outils à la limite et une fois l’oeuf pondu, il a quasi-inévitablement donné naissance à une poule. A cela s’est mélé des intérêts commerciaux bien sentis. Avatar a été pensé comme une possible trigologie (les acteurs ont signé pour une série de 3 films).

Depuis, Star Wars, et le pactole des produits dérivés, il est de bon temps de créer une franchise. James Cameron a d’ailleurs indiqué : «C’était d’ailleurs notre intention dès le départ: de créer les fondations d’un univers durable» – «Je leur ai dit: Nous allons dépenser du temps et de l’argent à créer la technologie et le visuel, autant penser à Avatar comme au premier volet d’une franchise». Créer, pour cela, un (nouveau) monde, laisse les mains libres et attise la curiosité.

Du film, j’en retiens plusieurs bonnes nouvelles: Cameron continue à nous livrer ses opus, et la technologie a bien progressé. De fait, je suis déçu par Avatar – à la fois révolutionnaire et pas révolutionnaire du tout – et j’attends la prochaine trilogie de Cameron : GUNNM. GUNNM – du manga éponyme – était en cours de développement jusqu’au moment où Cameron a re-basculé sur Avatar. GUNNM est listé en préproduction sur imdb, et s’il y a bien un réalisateur qui peut réussir à traduire ce manga en images, c’est Cameron. GUNNM est un des meilleurs mangas qui soit : un scénario fort, aux retournements surprenants, prenant place dans un univers riche; un manga à différents niveaux de lecture, qui démarre comme un manga de baston, mais qui bascule bien vite comme un récit de quête de soi.

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Il y a beaucoup d’attente sur GUNNM, wait & see …

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Pour ce qui est des grosses machines d’excavation – http://www.michaelgriswold.com/Pictures/ALL/bagger/bagger.html

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Un film révolutionnaire qui fera certainement date dans l’histoire du cinéma. Tout comme l’odysée de l’espace l’a fait, Avatar révolutionne la science-fiction mais marque également un nouveau départ pour la cinématographie. Sur ce, avatar est un petit bijoux qu’il faut savoir apprécier tel un voyageur qui découvre de nouveau paysage. Je conçois que ceux qui ne savent ( malheureusement ) pas se transporter, puissent trouver le film décevant, le scénario est certes classique. La morale est également un peu trop poussée. Seulement on ne peut qu’oublier ces 2 lacunes devant tant de beauté visuelle. Un moment féérique.

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Bonjour Christian !
Malgré le pêché médiatique qu’il y a eu sur ce film Avatar, bizarrement, j’ai dû le regarder quand tout était descendu de mon cerveau. Vous allez rire, mais je l’ai franchement regardé en toute innocence ou presque parce que moi, je pensais aux indiens qui se battent contre les barrages. C’est en vous lisant, que cela me repète à la « g….. » U.S.A. !! Enfin, tout çà pour vous dire que je recherchais des informations sur le démiurge et je suis tombée sur votre site. Questions qui n’ont rien à voir avec le film. Dites-moi toute la vérité svp, 1/qu’est-ce qu’un démiurge pour vous et 2/qu’elle est sa mission ou son but final (s’il y en a un ?) 3/que serait-il aujourd’hui et à quoi pourrait-il servir dans une bonne cause. Je sais mes questions sont bizarres, mais elles ont leur importance pour moi. Merci encore pour le temps que vous prendrez à me répondre. Biz a+

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@Hélène : je ne comprends pas trop votre question mais, peut-être, allez sur wikipedia pour la définition du démiurge (http://fr.wikipedia.org/wiki/Demiurge ) c’est un dieu créateur qui informe et ordonne le monde à partir d’une matière ou d’un substrat originel

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26 Fév 2019, 1:03
by Dominique De Vito

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> Il y a beaucoup d’attente sur GUNNM, wait & see …

Du coup, as-tu finalement été voir Alita Battle Angel ? 😉

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