17 Déc 2008, 6:07
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Sens et enjeux des RIA

Je suis donc intervenu au RIA 2008 d’Adobe en insistant sur trois points, que je crois essentiels, lorsqu’on parle des RIA.

La qualité des données.

Les « Rich Internet Applications » n’ont de sens que dans une architecture orientée ressources, puisque nous sommes dans la quatrième vague d’architecture des systèmes d’information, celle que je nomme DataWare (après les phases de Hardware, Software et Netware). Le découplage entre les données et les interfaces qui les utilisent, implique une attention particulière aux données, à leur qualité ainsi qu’à la manière dont on les expose (notamment avec les logiques d’API).
Ainsi, ce n’est pas tant une architecture de service (une SOA) dont nos systèmes d’information ont besoin, car même ceux qui prônent une architecture de service sont aujourd’hui les premiers à dire que cela n’est possible que s’il y a déjà une architecture des données, une architecture orientée ressource, sous-jacente.

Une qualité des données déplorable dans un système d’information et c’est tout l’édifice qui menace de s’écrouler. La mauvaise qualité des données est le cancer de nos systèmes d’information mais, bien que chacun a intimement conscience qu’il faut faire quelque chose, personne ne sait comment et par quel bout il faut commencer.

Or je suis intiment convaincu que la qualité des données métiers d’un système d’information est directement corrélée à la qualité des interfaces applicatives. Combien de fois avons nous vu des interfaces insipides et incompréhensibles où les utilisateurs, ne sachant quoi mettre, finissaient pas remplir les champs en mettant « titi », « tata », et « toto ». Seulement voilà, les « titi », « tata » et « toto », on va les retrouver dans les bases de données et dans le reporting. Aussi, le premier levier dans l’amélioration de la qualité des données passe par là où elles rentrent, dans la phase de saisie, c’est à dire via l’IHM. On notera à ce propos le partenariat entre SAP et Adobe qui vise à mettre une couche de RIA en Flex en remplacement des écrans SAP (que personne ne regrettera).

Un projet RIA amène donc nécessairement la question de la qualité des données au coeur des discussions, non seulement pour les données qui seront consultées mais également pour celles qui seront saisies via ces nouvelles interfaces.

L’alignement de l’IT sur le Business.


« Aligner l’IT sur le Business », vous entendez peut-être comme moi depuis maintenant de nombreuses années cette injonction. Or c’est faux. Il s’agit là d’une énormité, d’un leurre, il ne faut en aucune manière aligner l’IT sur le business.
D’abord parce que ce slogan induit une logique d’allégeance d’un département de l’entreprise vis à vis d’un autre, et cela ne mène qu’à des querelles de chapelles et, in fine, à un système féodal avec ces baronnies et ces mécanismes de servitude. En effet, véhiculer une telle approche c’est vouloir faire de la DSI les soutiers de l’organisation et ça, ce n’est pas possible.
Ensuite, parce que l’histoire ancienne et récente nous apprend que ce sont toujours les systèmes techniques qui provoquent des désajustements par rapport aux autres systèmes que sont les systèmes sociaux, juridiques, économiques, etc. Si quelqu’un devait s’aligner, ce serait donc bien plutôt au métier de s’aligner sur les opportunités technologiques offertes par le système technique du web.

Mais les innovations techniques et technologiques doivent être socialisées, tout comme il a fallu socialiser des inventions comme le dentifrice ou le vélo : personne en effet ne voulait se mettre de la pâte de fluor dans la bouche, tout comme personne ne pensait que l’on pouvait tenir en équilibre sur deux roues. C’est d’ailleurs pour cela que le tour de France à été créé : pour démontrer au grand public que l’on pouvait tenir en équilibre sur une bicyclette. Et ce n’est qu’à partir de ce moment que les ventes de vélos ont décollé. Pour filer la métaphore, le web est aujourd’hui un « tour de France pour des DSI » : il montre que oui, c’est possible, on peut faire plus simple, plus efficace et pour moins cher.

Toujours est-il que si les DSI persistent à ne pas voir les innovations du web d’aujourd’hui, les métiers, eux, les voient tous les jours ; et ils n’ont pas une patience infinie. A la DSI de prendre ses responsabilités et « d’innover le métier » en promouvant les opportunités du web.

L’IT ne doit pas s’aligner sur le business, pas plus que le métier ne doit s’aligner sur l’IT. Il ne faut pas opposer l’IT et le Business, les deux doivent composer. Ce n’est pas une question d’alignement mais de réajustement, précisément d’un réajustement suite au désajustement du web.

Or il me semble que c’est tout particulièrement dans un projet RIA que départements métiers et informatique doivent réinventer leur relation. Ce qui m’amène donc à présenter les nouveautés qu’apportent les RIA dans le design et la conception des solutions informatiques.

Un nouveau design

C’est donc dans le contexte que je viens d’évoquer rapidement que les RIA peuvent apporter de la valeur car :

  • il y a un découplage entre les données et les services qui permet une évolution maîtrisée et non conflictuelle entre MOE et MOA, entre IT et Business. En effet, la répartition des responsabilités est beaucoup plus aisée dans les architectures orientées ressources car la granularité des données est beaucoup plus fine que ces lourds processus d’entreprises supportés par les progiciels.
  • il y a une « expérience utilisateur » qui tend à se rapprocher d’une expérience cinématographique (et ce n’est pas pour rien que derrière, au niveau du code, on parle de programmation évènementielle). Faire d’une application un flux, plutôt qu’une succession d’écrans statiques, cela implique de nouvelles pratiques dans le design et la conception des applications, notamment grâce à un effort de scénarisation.

Cette logique d’application, qui devient un flux continu, se retrouve dans la possibilité de faire des « Undo » plutôt que d’avoir des « Pop-Up de confirmation ». Tout comme un film, on peut en permanence revenir en arrière : faire des avances et des retours rapides dans le traitement d’un processus. Ceux qui utilisent des logiciels comme Photoshop sont déjà habitués à telles pratiques.

On a longtemps comparé les projets informatiques au BTP (maîtrise d’oeuvre, maîtrise d’ouvrage, cahier des charges, etc.). Avec les RIA, il peut-être temps de comparer un projet informatique à un projet cinématographique (producteurs, scénariste, réalisateur, monteur, etc.)

« ce sont toujours les systèmes techniques qui provoquent des désajustements par rapport aux autres systèmes que sont les systèmes sociaux, juridiques, économiques, etc »

Par le passé peut-être, mais à l’avenir?

[Reply]

suis pas sure que cela change qqc les RIA. Deja, la multitude des « techno » sont des sparadraps au navigateur . Bientot, il faudra pour naviguer sur le net: un OS, un navigateur ( ou plusieurs ) plus les plugin Flash, Java 6 ou Silverlight . Il me semble que juste le navigateur devrait suffir. Il s’est tout faire sur la machine ou il se trouve , alors pouquoi une couche en plus ? Nous aurions du travailler sur les standards web plutot que d’autre couches.
En plus, les RIA me changent rien au problematique classique de validation des donnees, formattage etc … ( coté client coté serveur, etc… ) . C’est vrai , nous nous sommes trop inspirés du BTP, et nous le payons encore avec des architectes 🙂

[Reply]

 

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