28 Fév 2021, 2:11
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I know « Dactylography »

Jusqu’à aujourd’hui je n’avais jamais appris à écrire au clavier. Aucune formation suivie durant mon cursus  scolaire, aucune formation pendant ma vie professionnelle non plus. Or je passe ma vie devant un clavier. Comment expliquer ça ?Forcément, je sais taper au clavier, en utilisant 6 ou 8 doigts qui se baladent et en combinant mémoire visuelle et musculaire. Mais le confinement ayant encore plus renforcé le tête à tête permanent avec l’ordinateur, couplé avec l’utilisation d’un écran externe au lieu de l’écran de l’ordinateur portable, ont progressivement rendu insupportable mon ignorance dactylographique.J’ai même eu le sentiment de m’être trahi moi-même : comment quelqu’un qui prône une forme de matérialisme et l’importance des objets techniques peut-il être passé à côté de quelque chose d’aussi énorme ? Comment ai-je pu devenir un prolétaire du clavier pendant toutes ces années ?

Pourquoi maintenant ?

Comme je l’ai dit, cette prise de conscience a été progressive, il aura fallu une année de confinement et de télétravail pour que les choses se mettent en place. Voici rétrospectivement les étapes de cette prise de conscience :

  • Le passage au télétravail, avec ses visio-conférences et ses appels téléphoniques,  ne doit pas masquer le fait qu’on passe en réalité d’une culture de travail orale à une culture de travail écrite : on écrit beaucoup, mais vraiment beaucoup plus en télétravail.
  • Durant l’année écoulé, chez OCTO, nous sommes passé à une organisation de type sociocratique avec des cercles qui prennent des décisions et dont un membre doit être le secrétaire : étant moi même le secrétaire d’un cercle , forcément il faut prendre des notes .
  • Par ailleurs, j’ai profité du premier confinement pour commencer l’écriture d’un troisième volume des Digital Studies, ce qui m’a encore plus cloué devant mon clavier.
  • Mais je dirais que les choses ont commencé à vraiment changer avec l’envie de ne plus utiliser le clavier du Macbook que je ne supportais plus avec ces maudites touches papillons…qui fonctionnaient encore moins après avoir renversé du Cacolac dessus (c’est aussi ça le télétravail).
  • L’achat d’un clavier externe m’a progressivement fait plonger dans le monde des claviers mécaniques qui avaient disparus de ma vie depuis une bonne vingtaine d’années.
  • Télétravail oblige, on est vite limité quand il faut animer des ateliers d’Event Storming avec Miro et un écran 13″ de Macbook, et j’ai vite compris que le passage à un écran externe était plus que nécessaire pour travailler efficacement (je vous raconterai mon expérience avec un écran SAMSUNG 49″ une autre fois).
  • L’évolution de mon SetUp – comme disent les jeunes – a progressivement éloigné mon ordinateur portable de ma vue et de mes mains pour n’être plus qu’une simple unité centrale reléguée dans un coin de table.
  • De fait, le modus vivendi que j’avais en tapant au clavier était largement chamboulé car l’écran externe s’est éloigné du clavier. Aussi, j’ai commencé à me rendre compte — surtout ma nuque — à quel point mon regard  faisait des aller-retours incessants entre le clavier et l’écran et cela devenait assez pénible.
  • Je me suis alors imaginé maitrisant la frappe à dix doigts à l’aveugle avec une rapidité de frappe qui me ferait gagner à la fois en bien être et également en productivité : pensez donc, 8 heures de saisies par jour divisées par deux ou trois ce n’est pas rien !
  • Au delà de la productivité et du confort, ce qui m’a motivé c’est la perspective de confier la frappe des touches uniquement à la mémoire musculaire, et d’expérimenter ce flow d’écriture où on ne fait que regarder son texte apparaître sous ses yeux en oubliant que ce sont nos propres doigts qui font le travail.

En même temps que l’évidence d’apprendre la dactylographie s’imposait, j’ai tout de suite regretté de ne pas l’avoir fait plus tôt. Je crois que les élèves américains apprennent la saisie au clavier à l’école et je ne sais pas ce qu’il en est en France aujourd’hui mais je suis sûr que jusqu’à encore récemment ce n’était toujours pas le cas. Avant de devenir une start-up nation, on devrait peut-être apprendre a écrire au clavier à nos enfants.


Toujours est-il que j’ai commencé avec typingclub.com  puis keybr.com à désapprendre la manière dont je tapais au clavier pour en même temps tout réapprendre. A raison d’au moins une heure tous les jours (et aussi peut-être jusqu’à 3 heures les jours de week end), j’ai pu faire la bascule en 2 ou 3 semaines. La bascule étant ce moment où on tape à dix doigts à l’aveugle et où n’utilise plus son ancienne technique. Là où il est recommandé de faire des exercices réguliers de quelques minutes seulement tous les jours, je dois dire que j’y suis allé comme un forcené parce que je ne voulais pas rester trop longtemps au milieu du gué en utilisant à la fois l’ancienne et la nouvelle technique.

Est-ce que j’en ai chié ? Oui, j’en ai chié mais, en variant les exercices et surtout en ayant toujours en tête cette motivation de me libérer de mes chaînes, cela n’a pas été douloureux. J’avais vraiment cet état d’esprit de l’esclave ou du prisonnier qui veut être libre à tout prix, et tant pis s’il faut creuser un tunnel à la petite cuillère pour ça !  Il reste encore certainement beaucoup chemin à faire avant que je puisse expérimenter cet état de flow dont je rêvais. Aujourd’hui, après 3 semaines donc, je plafonne à 30 mots par minutes avec un succès de frappe à 96%, et je ne suis à l’aise qu’avec les touches alphabétiques, quelques caractères spéciaux les plus courants et j’ai fait l’impasse sur les chiffres. Si vous me donnez un texte avec énormément de ponctuations, caractères spéciaux et chiffres (par exemple des lignes de code), là je n’y arrive pas encore. Tout ça pour dire que vous ne me verrez pas encore battre des records à plus de 150 mots par minutes sur play.typeracer.com.

Nouveau regard sur les claviers

En m’exerçant à la dactylographie, je me suis rendu compte à quel point les claviers peuvent influer sur nos capacités . Il y a bien sûr la disposition des touches, AZERTY, QWERTY, BéPO, DVORAK, etc. Pour ma part j’ai décidé de rester sur AZERTY pour ne pas trop prendre de risques (je fais partie de ceux qui ont essayé une fois ou deux BéPO un weekend pour rapidement revenir à AZERY le lundi suivant), mais alors il faut oublier la joie des claviers customs parce que trouver de quoi faire un clavier en ISO FR avec un layout Mac est mission impossible, le marché des pièces détachées est quasi exclusivement ANSI. Mais il n’y a pas que le layout du clavier : il y aussi l’alignement des touches, car travailler sa mémoire musculaire avec des claviers classiques qui ont des touches décalées est quand même assez aberrant, il me semble que l’alignement vertical des touches est quand même plus adapté à nos mains.

Voici une video qui présente le sujet  :


Autre dilemme auquel l’apprentissage de la frappe à l’aveugle nous confronte est le nombre de touches des claviers : en effet, plus le clavier a de touches, plus il est difficile de ne pas faire appel à la vue pour repositionner ses doigts après avoir tapé quelques nombres où s’être déplacé avec les touches de direction. Si la clé de l’apprentissage de la frappe à l’aveugle est dans la position de base des doigts, pourquoi se retrouve-t-on si souvent forcé de quitter cette position pour aller chercher quelques touches éloignées ?  J’ai donc commencé à chercher des claviers soit TKL,  soit 65%. Mais quand je voyais certains clavier 40% je me demandais comment les gens faisaient pour taper avec des claviers aussi petits ? Et là je dois dire qu’une video m’a particulièrement marqué par sa clarté et sa pédagogie :

Ce slogan « Move the keys to your hands, not your hands to the keys » m’a particulièrement marqué et m’a convaincu de passer à un clavier 40%, ce qui suppose un clavier programmable et avec l’utilisation de layers. Une des références Opensource en la matière étant le clavier Planck :

Il ne manque plus qu’une chose, c’est d’avoir une position plus ergonomique des touches avec inclinaison des parties droites et gauches du clavier pour ne pas avoir à « casser » ses poignets, surtout pour quelqu’un comme moi qui a de très larges épaules. C’est d’ailleurs cette évolution que retrace Troy Fletcher qui s’est mis à concevoir des claviers pour arriver au design de son Signum :

Pour ma part, mon choix s’est porté sur le Ergo Dox EZ que j’ai commandé et espère recevoir d’ici 2 ou 3 semaines :

Voilà, si ce post pouvait inciter certains d’entre vous à apprendre la dactylogaphie, alors il n’aura pas servi à rien. Et il n’est pas nécessaire de changer son clavier pour autant, moi je n’ai pas pu résister à la perspective de peut-être me faire un clavier custom d’ici quelques temps.

[…] avoir appris à taper à dix doigts et à l’aveugle s’ouvre donc le (trop?) vaste choix du clavier mécanique. Ce que je présente ci-après […]

 

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