Pourquoi les commerçants français n’ont-ils jamais de monnaie ?
Un ami américain s’étonnait qu’en France il était souvent confronté à des petits commerçants qui demandaient l’appoint et n’avaient pas de monnaie. Pour lui, tout à son pragmatisme américain, il était inconcevable de faire du commerce sans avoir beaucoup de monnaie pour faire face à n’importe quelle situation ; l’idée de louper une vente à cause d’un manque de monnaie lui apparaissait inconcevable.
Apparemment pas en France, et il est vrai que cette expérience du vendeur qui vous regarde de travers parce que vous lui tendez un billet sans avoir l’appoint est quotidienne.
Et puis, récemment, je remarque qu’un taxi affiche sur le dos du siège conducteur l’article 7 du décret du 22 avril 1790 (toujours en vigueur !) qui stipule que :
« Le débiteur est tenu de faire l’appoint et par conséquent de se procurer le numéraire nécessaire pour solder exactement la somme dont il est redevable. »
Cet article de loi s’applique pour la comptabilité publique et les recettes publiques, c’est notamment lui qui vous empêche d’arguer que vous ne pouviez pas payer le parcmètre parce que vous n’aviez pas de monnaie.
Mais il faut croire que l’esprit commerçant français se prend volontiers pour la puissance publique en généralisant cet article de loi à tout débiteur lors d’une transaction commerciale : c’est en tout cas ce que faisait ce taxi qui affichait cet article en demandant aux passagers de faire l’appoint.
Voilà en tout cas ce qui explique pourquoi les commerçants sont toujours aussi pauvres en monnaie pensant que, dans leur petit commerce, il peuvent dire « l’état : c’est moi! ».
Autre paramètre à prendre en compte : les banques facturent-elles (et si oui combien) ce service aux commerçants auxquelles elles ont daigné ouvrir un compte pro ? Et combien cela revient-ils aux commerçants annuellement, au final ?
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