18 Nov 2011, 2:09
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« Clinamen » de Frédéric Neyrat

Le dernier livre de Frédéric Neyrat, « Clinamen. Flux, absolu et loi spirale » vient de paraître.

Voici la présentation :

« Dans les flux. Flux de capitaux, flux financiers, de travailleurs, d’immigration, d’informations, on est dans les flux, jusqu’au cou, par-dessus la tête, plus un cheveu au sec, nous voilà emportés, submergés, engloutis, ça coule, ça flue, ça change sans cesse et partout, et il faudrait vite se changer pour s’adapter à la nouvelle transformation en cours, la mégamachine techno-capitaliste impose de nouvelles marchandises auxquelles il n’est pas donné la possibilité de durer, tout est fabriqué pour être consommé, soyez flexibles nous dit-on, adaptez-vous à l’exigence d’adaptation nous dit-on, fluez résolument avec les flux, devenez liquides afin de participer activement à la Grande Liquidation en cours, soyez aux premières loges. Voici comment se formulent les auto-descriptions comme les impératifs catégoriques du néo-libéralisme, système de gouvernementalité le plus adapté au capitalisme ruisselant (Arthur Kroker), au marché trans-national et ses liquidités financières.

Ce livre met en question l’idée d’un monde contemporain purement liquide, en perpétuel devenir. Contre cette idée, l’auteur affirme : 1/ que nous produisons des « flux absolus » dont l’objectif est d’assurer une certaine inertie ; 2/ que cette production des flux implique la destruction écologique des flots. Il vérifie cette hypothèse dans de multiples champs : sociologique (Zygmunt Bauman et la « vie liquide »), économique (les « liquidités » financières), philosophique (la pensée des flux d’Héraclite à nos jours), scientifique (les « structures dissipatives » de Prigogine, le principe d’inertie), écologique (la question de l’eau), littéraire (Le Pavillon d’or de Mishima). Cette multiplicité se double d’une diversité des styles d’écritures. Parce que l’objectif est d’opposer les « flux chaotiques » aux « flux absolus », les « spirales imprévisibles » aux « cercles vicieux », l’« éphémère » à l’« absolu ». La forme de cet essai tente de rendre compte de cette instabilité, cette fragilité, cette contingence de l’existence que condense le terme de clinamen. »

Mon exemplaire est déjà commandé.

Intéressant. Je travaille actuellement dans le champ de l’information économique, et j’ai pu remarquer que la « fluctuation » d’une société donnée dépendait généralement de l’importance de la masse monétaire en circulation. Par exemple, à la fin du IVe siècle, Alexandre le grand investit les immenses réserves d’or thésaurisées par les perses. Aussitôt les prix se multiplient par deux ou trois, ce qui suscite toute une série d’activités spéculatrices que ne renieraient pas nos investisseurs actuels.

Un certain Dyonysodoros met en place un système ainsi décrit par Démosthène : « Les uns expédiaient d’Égypte les marchandises, d’autres les accompagnaient sur mer et s’occupaient du trafic, d’autres enfin restant ici disposaient des chargements qui leur étaient consignés. Puis, suivant le cours, les gens d’ici écrivaient à ceux des autres places. Si, chez vous, le blé était cher, ils en faisaient venir; si les prix tendaient à la baisse, ils le faisaient diriger sur d’autres marchés. »

La cité grecque avait jusqu’alors l’habitude de fixer les prix en les publicisant sur des stèles dans l’agora. Or, ces stèles devaient rester en place plusieurs années, ce qui n’autorisait pas une extrême volatilité des cours. Résultat : tout le système politique qui garantissait la publicité de l’information économique est mis à mal. Les Cités s’effacent au profit d’une certaine anarchie (donc fluctuation politique) qui facilitera finalement l’apparition des États hellénistiques…

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