Shots that changed my life (29)
Je t’aime, Je t’aime. Alain Resnais, France, 1968.
Claude Ridder (immense et incommensurable Claude Rich) a été choisi par les scientifiques du gouvernement français parce qu’il vient de sortir miraculeusement indemne d’une tentative de suicide. Quel meilleur sujet que quelqu’un qui souhaite mourir pour être le cobaye d’une expérience de voyage dans le temps qui n’avait jusqu’alors été tentée que sur des souris ?
Je t’aime, je t’aime est donc un film fantastique qui s’attaque à un des sujets les plus ambitieux qui soit en la matière : le voyage dans le temps. Mais chez Resnais, le temps c’est d’abord la mémoire, et c’est pourquoi le héros doit, durant l’expérience :
« être absolument passif, mais capable de mémoire… un dormeur éveillé »
C’est la raison pour laquelle le film est construit autour de 160 séquences qui se télescopent et sont montées comme autant de connexions mémorielles de la vie du personnage principal.
On attend toujours de ce genre de film la scène qui va propulser le héros dans le temps : quelle machine ? quel dispositif ? quels effets spéciaux ? Resnais signe avec cette scène un grand moment du montage cinématographique : le passage est confondant de banalité, point de tunnel spatio-temporel kitch, mais des aller-retours et des collages répétitifs de séquences vécues dans lesquels les incidents et les connexions nous plongent dans l’intimité d’une mémoire singulière.
On ne sort pas indemne de cette œuvre maîtresse.
Pas vu celui-là. Je cherche le torrent adéquat…
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C’est quand même autre chose que Benjamin Button ou L’effet papillon 🙂
Je tique cependant sur un (pour moi gros) défaut, qui est la ressemblance beaucoup trop importante entre plusieurs personnages féminins : du coup le récit que l’on recompose n’est pas très clair, et je doute que ce soit voulu.
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