6 Fév 2009, 7:56
Défaut
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Précieux temps

Je viens d’écouter le dernier enregistrement de la séance publique d’Ars Indsutrialis du samedi 31 janvier au cours duquel Bernard Stiegler rappelle que ceux qui sont les plus riches sont ceux qui ont du temps.

Que dois-je penser, moi dont l’activité professionnelle est directement indexée sur le temps que je vends ? Car c’est mon temps que je vends, à mon employeur puis à mes clients.

C’est ce qui m’est le plus précieux et ce qui me manque permanence que je ne cesse de vendre : je passe mon temps à vendre mon temps tout en déplorant le manque de temps.

Bonjour Christian, il y a un truc qui me chiffonne. Sauf erreur ou absence de ma part, je n’ai jamais entendu parler dans l’enceinte de l’lIRI ou d’ars Industrialis du « revenu universel » pourtant poussé de longue date par des gens proches de la mouvance comme Yann Moulier Boutang ou Maurizio Lazzarato.
http://multitudes.samizdat.net/spip.php?page=rubrique&id_rubrique=20
Est-ce parce que j’ai mal entendu? Est-ce pour d’autre raisons?
Bien à toi. Olivier

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Bonjour Olivier, le « revenu universel » n’est pas une thématique Ars Industrialis. Pas tant parce que nous serions *contre* mais parce que, je crois, ce n’est pas l’objet premier de l’association qui porte son attention sur la misère symbolique et la liquidation du désir, d’où l’appel pour une politique industrielles des technologies de l’esprit.
Mais il y a d’autres différences entre Multitudes et Ars Industrialis (sans qu’il n’y ait d’opposition pour autant). Celle que je perçois le plus vient du fait que Multitude prône un mouvement bottom-up alors que nous soutenons qu’il faut aussi du top down (d’où une politique).

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Je comprends, mais je ne vois pas en quoi le « revenu universel » ne pourrait être que le résultat d’un mouvement Bottom-Up? Au contraire, à mon sens, il ne peut structurellement être mis en place que par une « politique » Top-Down.

De l’aveu de pas mal de gens issus des partis politiques traditionnels que j’ai pu collecter à droite comme à gauche, « on y va » petit à petit, mais à mon avis « à reculons », à coup d’empilement de prestations sociales à n’en plus finir qui comme chacun sait sont des relais du contrôle social.

A ma connaissance, les seuls à avoir véritablement pris langue officiellement sur le sujet sont Christine Boutin et les Verts lors de la dernière campagne présidentielle, évidemment dans des perspectives assez différentes…

La crise aidant, si je puis dire, il me semble incontournable qu’une certaine accélération se produise en la matière. A mon humble avis, l’idée du « revenu universel » aurait beaucoup à gagner à être enrichie par une réflexion sur les technologies de l’esprit. En effet, outre que ce revenu accorde à chacun le droit inconditionnel à simplement exister – en rompant de manière nette avec la culture actuelle de la compétition et de la prédation organisée par l’Etat -, il permet de revisiter le statut des « contributeurs » et des »amateurs » dont on sait qu’ils sont actuellement les proies privilégiées du capitalisme congnitif.

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« la misère symbolique et la liquidation du désir » , ok … et une fois qu’on a bien constaté le problème (de mon point de vue , j’entends ça depuis que je suis en âge de comprendre le français) , on est capable de soutenir quoi comme motivation du désir, et le dire et le montrer, en parler… ? êtes vous capable ou non de voir les 2 cotés du cube de Necker? (pour prendre une image parmi d’autres)

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Disons la culture de la prédation actuelle pousse chacun, soit dans le camp des liquidateurs, soit dans celui des liquidés. C’est tellement clair que ça en est grotesque. N’est-il pas temps d’inventer une troisième voie?

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µsi on est pas dans la 3eme (comme tu dis), c qu’on est déjà mort.

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Vendre son temps… hmm. Il y a un truc qui me chiffonne et je n’arrive pas vraiment à mettre le doigt dessus. Est-ce du temps que l’on vend ou des compétences ? Cela doit dépendre du boulot. Par exemple, être embauché pour juste vérifier le badge à l’entrée d’un parking n’est pas vraiment une compétence.

Au Japon, de nombreuses personnes agées continuent à travailler pour pouvoir être couverte par l’assurance sociale. Il y a une lame à double tranchant. Elle permet à ces personnes agées de rester sociabilisée, mais en même temps on se dit que cela ne semble pas tout à fait normal.

Une femme au foyer a t elle du temps ? Et du temps pourquoi faire ? Un ingénieur informatique d’une entreprise informatique comme Google qui consacre son temps sur des projets de son choix, est-il plus riche ? Et riche dans quel sens ? Humainement ou financièrement ? (D’ailleurs, je doute que les balayeurs de Google aient 20% de leurs temps pour hacker). Geekocratie, les nouvelles bourgeoisies.

Qu’est-ce que être riche et avoir du temps pour un agriculteur ?

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C’est du temps « pour soi ». Pour cette sphère de la culture de soi. Donc la richesse évoquée n’est pas que pécuniaire.
Pour un agriculteur, comme tout autre profession, je pense que la limite est celle de la prolétarisation : mon grand-père était agriculteur mais pas prolétaire, aujourd’hui la monoculture intensifie la prolétarisation.

Pour la compétence, la transaction se fait finalement sur le temps (même au forfait ou on travaille toujours plus) car qui a jamais *acheté* une compétence ?

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