Champagne pour le Web Sémantique
Et pourtant ce n’était pas gagné.
Le Web Sémantique a dû affronter trois obstacles :
- D’abord son nom. Le Web Sémantique n’a rien de sémantique. Il eu fallu l’appeler Web Syntaxique pour être plus juste. Mais bon, maintenant, avec les termes de « Web of Data », d’hyperdata et de graphes on commence à éviter – un comble – les équivoques du terme de sémantique ».
- Ensuite, il a fallut le sortir des griffes des cognitivistes, des apôtres de l’intelligence artificielle et du knowledge management qui ont bien failli tout foutre en l’air.
- Mais le plus dur a certainement été de le sortir de ses préjugés métaphysiques. Car derrière les disciplines précédemment citées, on retrouve les pires moment d’une métaphysique qui se gargarise d’ontologie (voire d’onto-théologie). Si le web n’a pas besoin d’une chose, c’est bien d’ontologie au sens philosophique du terme. Mais le vers était dans la pomme si je puis dire car là aussi le terme d’ontologie – comme celui de sémantique – était proposé par les normalisateurs du W3C dès l’origine. Et l’on devra encore parler d’ontologie avec la sur-couche de Web Ontology Language (OWL) au dessus de RDF. Soyons vigilant eu égard aux pseudo-philosophes qui pourrait se sentir légitimes pour investir le domaine sur la base d’un contre-sens .
J’apprends ainsi via David que le nouveau projet de Loic Le Meur est complètement basé sur les normes du web sémantique !
En plus des récents succès visibles comme ceux explorés par Got autour de DBpedia, le Web Sémantique renouvelle sa communication avec un nouveau logo proposé par le W3C :
Champagne donc :
1) Le Web sémantique n’ a rien de sémantique ? Si on parle de sémantique formel, si il est sémantique ou, plus précisément, il a une sémantique formelle. Si on parle de sémantique interprétative (Rastier), alors d’accord, il n’a rien de sémantique. D’ailleurs aucun programme n’est sémantique. La sémantique, c’est nous les êtres humains qui la donnons.
2) « cognitiviste », « Intelligence artificielle », « Knowledge management ». Ce n’est pas la même chose et il y a dans chacun des communautés citées des gens très bien 🙂 C’est juste qu’il y a des tenants de positions parfois un peu extrémistes…
3) Si une ontologie en informatique n’est pas l’ontologie philosophique, elle n’a pas rien à voir. Il ne faut pas s’en gargariser, je suis d’accord mais il y a des réflexions philosophiques sur les ontologies (les philosophiques et les informatiques) qui font avancer le schmilblick, en particulier sur ce que sont ou ne sont pas ces ontologies, comment les construire et qu’en attendre en terme de (non) réutilisabilité. À moins qu’on ne décide que le Web sémantique n’a pas besoin d’ontologie ce dont je doute car l’ontologie (les) est constitutive du Web sémantique. On peut penser qu’on n’a pas besoin du Web sémantique mais c’est autre chose.
Bien cordialement,
[Reply]
Remarque sympa. Merci 🙂
a) [pub] Bruno B. vient de « commettre » un livre intéressant chez Hermès.
b) J’arrive juste à lire ceux des autres, plus difficilement à répondre si on me sollicite (voir le délai de cette réponse :-)), alors écrire un blog…
c) Quelques réflexions :
– Oui, on peut utiliser le WS pour des modélisations complexes pour des systèmes à bases de connaissances (je n’aime pas système expert, c’est tellement connoté aux échecs de l’IA et, justement, des systèmes experts). C’est même pour cela qu’il marche le mieux même s’il n’a pas été fait pour. En même temps, il aurait été étonnant qu’il en soit autrement puisque le WS a d’abord été un recyclage des activités/expertises/recherches en Représentation des connaissances avant que « l’on » s’aperçoive qu’avancer sur les langages n’aidait pas spécialement à construire les ontologies informatiques (dont l’IA en général, l’Ingénierie des connaissances en particulier (Knowledge Engineering) s’étaient emparés en 1990 à la suite de Gruber.
– Par rapport à la dérive métaphysique, je vois d’abord une dérive formaliste surtout qui a eu tendance à faire croire que puisqu’on avait les langages formels (GC, OWL), on avait résolu « le » problème. Je vois ensuite une dérive bassement matérielle autour d’un projet comme CYC (ou d’autres) qui a rapporté de l’argent à ses porteurs mais rien en termes de recherche (je caricature). Je vois ensuite une vague dérive métaphysique avec quelques chaudes discussions sur la modélisation du réel via les ontologies. En suivant Bruno B., je suis évidemment pour une position qui considère qu’on modélise nos connaissances sur le réel à travers les ontologies. D’où leur non-généricité qu’il faut assumer.
– Quels autres enjeux du Web sémantique ? T. Beners Lee avait posé de grands enjeux pour le WS mais on s’est ensuite aperçu qu’ils étaient inatteignables. C’est le retour de bâton qui a créé le Web 2.0 avec de nouveaux résultats et surtout de nouvelles réflexions autour du document (ah, Roger T. Pédauque) ou du rôle social du Web (je fais court et non exhaustif). Donc, pour l’instant, je vois les enjeux du WS d’abord dans le foisonnement des recherches auxquelles il contribue. En gardant toujours à l’esprit qu’il y a des enjeux forts autour du WS pour les SBC dans les domaines de spécialisés fermés (ce n’est pas un reproche, c’est juste un mot pour caractériser des domaines d’expertise, souvent professionnels [comme la médecine :-)])
[Reply]
Je complète ma réponse car je trouve sur ton blog un article de 2006 (d’ailleurs, je trouve que c’est difficile de retrouver des articles en fonction des tags… Une bonne ontologie là-dedans… 🙂 mais ce n’est justement pas assez circonscrit pour que ça marche) :
————————-
Il faut résolument prendre les choses à l’envers pour introduire le web sémantique :
– ne cherchez surtout pas à mettre en oeuvre ces normes sur un périmètre circonscrit, et plus précisément sur un domaine de connaissances.
– il ne faut pas chercher une base réduite, mais au contraire une base la plus large et la plus étendue possible.
—————————
Je crois que cela dépend des buts mais que justement, le but (si c’est celui qu’on a) d’utiliser des ontologies pour faire des inférences n’est atteignable que dans des domaines circonscrits. Autrement dit, plus le domaine est circonscrit, plus ce qu’on veut faire avec le WS va pouvoir être mis en oeuvre. Et cela n’est pas contredit par les exemples de T. Berners Lee : je me souviens de la recherche d’un médecin dans une ville et c’est justement un domaine circonscrit avec des comportements stéréotypés qu’on pourrait d’ailleurs décrire avec les scripts de Schank (histoire quand tu nous tiens).
Alors, je pense quoi du WS ?
1) Il y a des choses qui semblent pouvoir marcher, celles qui sont circonscrites et je travaille en ce sens.
2) Même dans ces cas-là, il ne faut pas pousser le bouchon de la formalisation et des inférences trop loin. Souvenons-nous que l’intelligence et les facultés d’interprétation, ce sont les humains qui les ont. En pratique, plutôt des système d’aide à la décision, de reformulation, d’aide à l’indexation, etc. que des systèmes qui automatiseraient ces tâches.
3) Il y a des techniques du WS qui fonctionnent dans des domaines larges ? Je ne sais pas, je n’en connais pas vraiment.
4) Pour les enjeux sociétaux du WS, je regarde : il participe de réflexions autour du Web 2.0 (je l’ai dit, je pense qu’il en est à l’origine) et du 3.0 et du X.0 et … Je ferai plutôt le St-Thomas en ce domaine 🙂
[Reply]
Mes réflexions ne veulent pas dire que je ne m’intéresse pas à ce qui n’est pas le Web sémantique ou qui serait d’autres usages que celui de mes recherches, au contraire.
Je lis d’ailleurs quelques blog qui ne s’occupent pas que de Web sémantique :-). Et j’y lis des choses intéressantes qui me font réagir (comme le WS et le champagne) ou pas (comme le Web orienté objet sur un autre blog et que je trouve très intéressant).
[Reply]
C’est pas encore gagné 😉
Quand on voit techrunch et O’Reilly défendre les microformats, on peut penser qu’il reste encore un sacré bout de chemin à parcourir, avec encore pas mal d’obstacles.
Aurais tu plus d’info sur Seesmic ? Comment vont-ils intégrer le web sémantique dans leur appli ?
[Reply]