Ceci n’est pas un compte rendu du BookCamp du 14 Mai 2008
Pas un compte rendu, car je ne fais que restituer ce qui m’a stimulé, et je n’ai vu qu’un dixième de l’événement.
Je n’ai pu participer qu’a deux ateliers : celui sur les liseuses animé par Alain Pierrot et Hadrien de FeedBook, ainsi que celui sur les sites web des éditeurs animé entre autres par Virginie Clayssen.
Bien sur, dans ce type d’évènement informel il y a toujours le risque de se retrouver avec des personnes qui parlent beaucoup et monopolisent la parole pour, au final, ne rien avoir à dire. Mais cela fait partie du jeu et n’enlève rien à l’intérêt général de la manifestation.
Dans l’atelier sur les liseuses (eBook), Alain Pierrot était venu avec de la matérialité symbolique : un exemplaire de son nouveau Kindle, que ceux qui ont pu toucher la chose ont trouvé de bonne facture et agréable à lire. Mais aussi avec deux autres ouvrages papier illustrant les capacités d’impression d’actuelles (papier, impression couleur, typographie, etc.), d’ailleurs je lui laisse le soin de rappeler les références en commentaire car j’aimerais bien acheter le plus petit des deux.
Hadrien , notre petit génie français des technologies du livre numérique a su, tout en retenue comme à son habitude, éclairer les contraintes des formats et des technologies inhérentes à la publication numérique sur ces liseuses.
Virginie Clayssen, dans l’atelier sur la présence des éditeurs sur le web, nous a rappelé combien il a été difficile pour les maisons d’édition de surmonter nombre de préjugés sur ce nouveau milieu technologique. Et il reste encore beaucoup de chemin à parcourir (mais sans Wendel çà ira certainement plus vite). Virginie a commencé par l’exercice intéressant qui consiste à aller voir la trace des sites d’éditeurs grace à la WayBackMachine des archives internet.
Mes remarques et intervention à ces deux ateliers ont été les suivantes :
- Concernant les liseuses, je pense que ce qui est déterminant pour que ce type de périphérique s’impose ce n’est pas tant le hardware ou le software que la capacité à proposer au lecteur de s’inscrire dans une communauté synchronisée de lecteur. Par exemple, en permettant d’échanger avec les personnes qui sont en train de lire le même livre que vous. Avec ce type d’approche, il m’apparaît que l’expérience de la lecture devient un exercice moins solitaire, et c’est en cela que ces liseuses peuvent profondément modifier nos pratiques de lecture, et donc d’écriture. J’effleure ici juste le sujet, mais j’espère pouvoir y revenir avec plus de précisions, car cette approche me tient à coeur.
- Concernant les sites d’éditeurs, ma remarque a été une question puisque j’ai demandé si les éditeurs étaient conscients que leur site web devait avant tout être fait pour les machines, notamment en permettant d’exposer les données du catalogue éditeur pour qu’il puisse être « consommé » et valorisé pleinement ailleurs sur la toile et pas seulement en se rendant sur l’URL de l’éditeur. Virginie m’a répondu que c’était aussi la voie à suivre pour elle. Si Got avait été là il aurait même rajouté qu’un bon catalogue n’existe qu’en tant qu’End Point Sparql avec le catalogue au format RDF.
Merci à Hubert Guillaud et les parrains de l’événement, ainsi qu’à tout ceux qui ont participé à l’animation des ateliers pour ce magnifique moment. Je suis reparti heureux et, qui plus est, avec un tee-shirt collector au logo du BarCamp !
Une petite traduction maison d’un extrait de Robert Bringhurst, dans un autre ouvrage :
Les humains ont toujours eu, de toute évidence, un talent pour réduire en lambeaux leurs propres cultures et celles de chacun des autres, mais nous l’avons fait récemment sur une échelle sans précédent, en recourant à tout, des microbes aux missionnaires, des bombes atomiques aux écoles résidentielles*, des machettes aux codes de lois. Rien, pas même la religion, n’a fait montre d’autant d’efficacité à ce propos que les armes dorées de la publicité et du commerce.
Robert Bringhurst, The Tree of meaning, 2007, p.141
* NDT : sur les « écoles résidentielles canadiennes, voir http://en.wikipedia.org/wiki/Canadian_residential_school_system
À méditer à propos de l’introduction éventuelle du modèle publicitaire dans la diffusion des livrels ?
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Adobe travaille aussi sur l’introduction de publicités dynamiques à travers pdf et AIR, semble-t-il.
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[…] Hubert Guillaud nous l’avait dit, un BookCamp est essentiellement dispensateur de frustration : il suffit de regarder le tableau où est inscrit (à la craie) le programme : 3 horaires successifs, et pour chaque tranche horaire, pluieurs ateliers. Entre chaque séance, une demi-heure pour circuler, échanger, se faire raconter par quelqu’un d’autre l’atelier auquel on n’a pas pu aller. Je n’étais jamais venue à la Cantine. Les premiers participants discutent déjà dans un grand espace ouvert, articulé autour d’un escalier à vis qui grimpe sous une verrière. Deux zones sont aménagées comme des salles de réunion, mais certains ateliers ont lieu aussi autour du bar ou dans le coin salon. Coup de chance pour la paresseuse que je suis, c’est là qu’Alain Pierrot et Hadrien Gardeur animent le premier atelier où j’ai choisi d’aller. J’ai donc la possibilité de m’installer confortablement sur un canapé, bien entourée de Christian Fauré et de Guillaume Teissère. Alain et Hadrien ont apporté des liseuses, et aussi des livres, et nous parlent lecture, page, lisibilité, mise en page, typographie, moteur de composition… Tu as suffisament échangé sur ce thème avec eux pour que je ne te résume pas leur intervention. Ils ne diront pas, et c’est aussi typique d’un barcamp, le quart de ce qu’ils ont prévu de dire, car les participants interviennent rapidement dans le débat. Les questions inévitables surgissent, auxquelles il faut répondre, en essayant de ne pas s’égarer… On retrouve les clivages habituels, ceux qui baignent dans la culture web, qui ne voient pas bien pourquoi on s’embête avec cette question de la restitution de la page, et sont convaincus que tout se règle avec un navigateur web, une bonne interface et du texte recomposable. Ceux qui considèrent que de passer au numérique, si c’est pour faire comme sur le papier, ce n’est pas la peine, et qu’avec une liseuse on doit afficher du texte, mais aussi des animations, des sons, des vidéos. Alain, qui n’en est pas à son premier débat sur le thème, excelle a faire prendre conscience, à l’aide d’exemples, de la complexité du livre imprimé. Complexité cachée, parce que prise en charge par les différents métiers, de manière que le lecteur, au final, soit dans le plus grand confort pour rencontrer un texte. Et la question est bien, si on va vers des lectures sur support numérique, de reconstituer une chaîne de production et de savoir qui assume les décisions nombreuses et insoupçonnables qui font que le livrel se présentera de telle ou telle manière, offrira telle ou telle fonctionnalité. Bon, tu connais par coeur tout ça, auquel tu te confrontes avec publie.net. […]
Bonjour Alain et Christian,
Un petit mot sur les écoles résidentielles canadiennes. Le gouvernement du Canada vient de s’excuser la semaine dernière de façon solennelle auprès des communautés autochtones.
C’est une page d’histoire très difficile pour le Canada en effet. Mais franchement je ne vois pas le rapport avec les liseuses et le modèle publicitaire, sauf très idéologique. Il y en a, par contre, de fortes avec la redocumentarisation et parmi d’autres l’utilisation des photos comme témoignage.
Je crois qu’il faut éviter de tout mélanger en basculant trop vite dans une généralisation.
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Bonjour Jean-Michel,
ma note ne visait qu’à éclairer le sens de l’expression, passablement obscure pour moi jusqu’à récemment.
La citation de Bringhurst est la suite de mon utilisation de ses livres, éclairants quant aux liens entre littérature, écriture et mise en page et dont j’apprécie les prises de position sur la préservation des cultures contre toutes les agressions dont elles peuvent être victimes.
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[…] Christian Fauré : Ceci n’est pas un compte-rendu (quelques mots sur l’ateliers liseuses et éditeurs 2.0) Irène Desle : Picorages au BookBarCamp, notamment sur l’atelier sur les nouveaux auteurs. Marc-André Fournier : En revenant du BookCamp (premières impressions) Virginie Clayssen : Message personnel (notamment sur les ateliers liseuses, éditeurs 2.0 et librairie). Mélico : Mélico roupille (promesse de messages sonores sur les ateliers XML, Géolocalisation et librairie). […]
[…] Christian Fauré, sur le blogue Hypomnémata, s’interroge sur ce qui fera ou non le succès des liseuses ; […]
Bringhurst, Robert
The Solid Form of Language
Gaspereau Press, Nova Scotia, 2004
75 p.
9781894031882
Merci, bon choix du terme de « périphérique » pour les liseuses, qui me paraît bien décrire ce que devraient être les dispositifs mobiles, détachables d’un noeud du réseau Internet et non « terminaux » mobiles contrôlés par une quelconque telco.
Quant aux sites éditeurs machine pour machine, si j’adhère à la nécessité d’encoder sémantiquement tout ce qui peut être mis à disposition d’un crawler, il reste que le fonds, la composition du catalogue et le projet éditorial sont à mon sens l’objet d’un discours que les éditeurs sont légitimement amenés à exprimer sur leurs sites — et qu’il faut espérer que ce discours n’intéresse pas uniquement quelques microprocesseurs opiniâtres.
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