La boucherie de la citation
En ces temps de mashups et de tweets, les pratiques de citation sont au devant de la scène.
Il y a pourtant des travaux et des oeuvres qui ne se prêtent pas au découpage que présuppose la pratique des citations ou des extraits.
Je prendrais deux oeuvres emblématiques : A la recherche du temps perdu de Proust dans la littérature et L’aurore (Sunrise) de Murnau dans le cinéma. Deux oeuvres immenses qui, bien que dans des champs différents, ont ceci en commun qu’il est très difficile de les découper pour faire des citations ou proposer des extraits. more »
« La théorie de l’information », d’Aurélien Bellanger
Je viens de finir le livre d’Aurélien Bellanger, « La théorie de l’information« . Je devrais plutôt dire “d’en finir avec” car je n’ai pas pu le finir.
En un premier sens, l’ennui profond dans lequel vous plonge l’oeuvre fait formidablement écho à une vision informationnelle du monde : tout est information dans ce livre, il n’y a aucune thèse, aucune psychologie, aucun vécu, et le personnage que l’on suit des années 80 à nos jours n’est qu’un prétexte auquel on se désintéresse très vite.
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L’homme au magnétophone
Autour de 1970, Jean-Jacques Abrahams, qui suit une analyse depuis une quinzaine d’année, se rend à une de ses séances hebdomadaires avec un magnétophone.
Il a bien l’intention de demander des comptes à son analyste et d’en découdre. more »
Généalogie d’un lecteur (4) : un jardin de lectures
Suite de la note Généalogie d’un lecteur (3) : car lire, c’est se soumettre à l’écriture
« Le texte que l’on appelle présent ne se déchiffre qu’en bas de page, dans la note ou les post-scriptum ».
Derrida. Freud et la scène de l’écriture, L’écriture et la différence, Éditions du Seuil. Points (1967) p. 314.
Et il faudrait même aller plus loin en disant que le texte se déchiffre non seulement à partir des appareils critiques, mais également dans une relation avec l’ensemble des oeuvres existantes, voire avec l’ensemble des livres pouvant être écrits pour saluer le travail de mise en abîme de Jorge Luis Borges dans sa nouvelle La bibliothèque de Babel.
Shots that changed my life (38)
Hamlet, 1948, GB, de Laurence Olivier.
Je me permettrai de retenir trois scènes dans ce Hamlet qui fut salué à la fois par le public et la critique lors de sa sortie.
Lire n’est pas voir
Il y a une forme de prétention de l’écriture à vouloir s’écrire phrase après phrase. Comme si chaque nouvelle phrase ajoutait quelque chose, comme s’il y avait nécessairement une progression alors que, souvent, on revient en arrière, on pratique des chemins de retour qui peuvent faire que la dixième phrase sera peut être une introduction à la première. « Une introduction a posteriori« , expression qui fait exploser la temporalité de la progression linéaire suscitée par la succession des mots. more »
A propos du Boson de Higgs
Les journaux font leur « une » scientifique avec la preuve ( à 99,9999%) de l’existence du Boson de Higgs.
Bien sûr, à 99,9999 %, personne ne comprend ce dont il retourne. Alors une petite video animée (en anglais) peut aider :
The Higgs Boson Explained from PHD Comics on Vimeo.
via BigBrowser
Les roulements oculaires de Georges Marchais
Dans les Facéties d’Hermès, je rappelais que le texte de l’Hymne Homérique nous montre Hermès qui trahit ses manigances par le mouvement de ses yeux :
Le roulement oculaire est interprété comme un signe manifeste de manigance : “Souvent, en méditant une ruse, il se frottait les yeux avec la main” 359 (pour dissimuler). Plus loin : “ainsi parlait-il en clignant de l’oeil”.
Or, j’ai retrouvé une séquence où Georges Marchais, ce roublard de la politique, en donne une belle illustration :

Généalogie d’un lecteur (3) : car lire, c’est se soumettre à l’écriture
Suite de Généalogie d’un lecteur (1) et Généalogie d’un lecteur (2).
D’un train de lectures successives à un jardin de lectures croisées ; je passais d’une pratique séquentielle dans la lecture des livres à une pratique où plusieurs livres étaient lus en parallèle. Je commençais à acquérir ces pratiques de lectures multiples grâce à l’utilisation des techniques de délinéarisation (annotation) qui m’ont permis de “prendre du recul”.
Cosmologie et Cloud Computing
Dans deux récents billets (Falsehoods programmers believe about time et More falsehoods programmers believe about time; “wisdom of the crowd” edition ) Noah Sussman donne une liste d’erreurs communes faites par les informaticiens dans la manière dont ils représentent et manipulent le temps.
Force est de constater qu’il y a eu une certaine naïveté dans la manière de concevoir le temps. Naïveté aussi bien dans la conception du temps que dans l’estimation de l’impact de certains choix de conception : more »