Le bonheur au travail – Au delà du Bullshit

A l’invitation des organisateurs de Devoxx 2019, j’ai eu le plaisir de faire la conférence d’ouverture devant un public essentiellement constitué de développeurs.

J’ai convoqué les travaux de David Graeber, Matthew Crawford et surtout présenté le thème le plus important qui est le processus de prolétarisation tel qu’il a été proposé par Bernard Stiegler sur la base des travaux de Marx.

Il y a quantité d’autres conférences techniques de grande qualité à voir la chaîne Youtube de Devoxx.

Lecture critique du « Management 3.0 Workout » de Jurgen Appelo

Il s’agit d’une lecture critique de l’introduction du dernier livre de Jurgen Appelo, “Management 3.0 Workout”.

Jurgen

“Management is too important to leave to the managers” commence par affirmer Appelo dès les premiers mots de son introduction.

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Le secret d’une transformation digitale

Hulk

Le contexte est assez générique quand il s’agit des entreprises que je rencontre sur le sujet de la “transformation digitale” : difficulté à coordonner les projets, les processus budgétaires qui n’arrivent pas à suivre, des phases d’études et de spécifications qui s’éternisent, des infrastructures qui ralentissent tout, un manque de confiance entre les équipes métiers et IT, etc. À ceci se rajoute des pratiques de méthodes agiles qui ne sont pas rigoureuses et qui, de toute façon, ne dépassent pas l’échelle d’un simple projet.

Il n’y a pas de formule magique de la transformation digitale, mais je crois qu’en ce qui concerne l’aspect “delivery” du digital (mise en production de nouveaux services et évolutions des services existants), il y a une façon assez simple de l’énoncer qui serait celle qui suit. more »

Le travail en perruque à l’heure du numérique

En m’appuyant sur les travaux de Michel Anteby et de Michel de Certeau, je vais tenter de montrer que l’évolution des pratiques de la « perruque », notamment dans le contexte numérique, peut donner de précieuses informations sur l’émergence d’une économie de la contribution.

Le travail en perruque

Outre le pastiche du coiffeur que désigne le plus couramment le terme de perruque, le mot désigne également une forme de détournement dans l’utilisation des biens ou de l’outil de production de l’entreprise.

La perruque peut être définie comme :

“L’utilisation de matériaux et d’outils par un travailleur sur le lieu de l’entreprise, pendant le temps de travail, dans but de fabriquer ou de transformer un objet en dehors de la production de l’entreprise” (R. Kosmann, La pérruque où le travail masqué. Renault, Histoire 11(juin), Société d’histoire du groupe Renault, Boulogne Billancourt, 20-27)
Il existe de nombreuses variantes du terme de “perruque” : “bricoles”, “pinailles”,  “bousilles”, “pendilles” en France ; “homers”, “government job” aux États-Unis ; “fidding” ou “pilfering” en Angleterre (Michel Anteby, La “perruque” en usine : approche d’une pratique marginale, illégale et fuyante (PDF). Revue Sociologie du travail, 2003, vol. 45, no 4 pp. 455-456).

Du vol caractérisé aux petits arrangements sans conséquences, il y a toute une palette de formes de travail en perruque dont les contours sont fuyants, l’activité étant d’ailleurs comparée à du braconnage. Mais la qualification qui revient le plus souvent pour caractériser le travail en perruque est celui de “détournement”. more »

13 Mai 2010, 3:06
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Prêts pour la nouvelle réorganisation ?

Dilbert.com

Cette fois c’est la bonne. La nouvelle réorganisation va changer la donne.

Comme chaque année, dans les grandes SSI et chez les intégrateurs, c’est la nouvelle réorganisation : chaises musicales, re-découpage des équipes, réorganisation soit autour des offres technologiques soit autour des marchés et des industries, c’est selon.

Tout change certes, mais en fait rien ne change. C’est l’éternel retour du même.

Mais pourquoi ces ré-organisations successives ne sont-elles pas évaluées ? Si les organisations changent, on peut imaginer que c’est pour faire mieux, pour pallier à des dysfonctionnements, non ? Le fait est que l’on change régulièrement sans qu’aucune évaluation ne soit faite, et la plupart de ces réorganisations sont motivées soit par les nouveaux dirigeants qui veulent marquer leur règne souvent éphémère, soit pour désamorcer une crise larvée en repoussant au lendemain, c’est-à-dire à jamais, la prise en compte des réalités. more »

Prix et valeur de la collaboration dans le travail

Il y a une logique économique qui pervertit bien des projets menés au forfait. C’est celle qui consiste à ne pas prendre en compte la collaboration et plus généralement l’ajustement entre les différentes tâches effectuées. Il y a toujours là une forme d’incapacité à estimer le coût et la valeur d’un travail collectif.

La chose n’est pas nouvelle, et déjà Proudhon en faisait une de ses critiques du capitalisme :

« Le capitaliste, dit-on, a payé les journées des ouvriers ; pour être exact, il faut dire que le capitalisme a payé autant de fois une journée qu’il a employé d’ouvriers chaque jour, ce qui n’est point du tout la même chose. Car cette force immense qui résulte de l’union et de l’harmonie des travailleurs, de la convergence et de la simultanéité de leurs efforts, il ne l’a point payée.
Deux cents grenadiers ont en quelques heures dressé l’obélisque de Louksor sur sa base (place de la Concorde) ; suppose-t-on qu’un seul homme, en deux cents jours, en serait venu à bout ? Cependant, au compte du capitalisme, la somme des salaires eut été la même. « Qu’est-ce que la propriété ? Ed. Rivière, 1840, p. 215.

Mais si cette idée que le tout est supérieur à la somme des parties apparaît comme une évidence dès que l’on parle de travail manuel, reste qu’elle n’est pas aussi vraie dès qu’il y a « prestation intellectuelle », dès que l’on sort du simple effort musculaire. Sur un projet informatique, on sait très bien que multiplier les développeurs et les jours/homme est contre-productif.

La valeur de la collaboration a des optimums qui dépendent du type de travail à réaliser et des compétences singulières qui sont mobilisées sur le projet. Cet optimum est toujours très difficile, voire impossible, à connaître a priori. Alors on l’oublie trop facilement et l’on choisit de ne considérer que la valeur de la force de travail, qui n’est jamais la valeur travail.

3 Oct 2009, 3:28
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Le travail et la baisse tendancielle du taux de profit

Parlant de la baisse tendancielle du taux de profit, il faut rappeler qu’elle résulte du rapport entre le capital constant (les moyens de production) qui ne cesse de s’accroître et le capital variable (le travail salarié) qui ne cesse de diminuer. C’est donc autour de la question du travail que les enjeux se nouent. Il faut même préciser immédiatement autour de la distinction entre travail et emploi.

Je vais à ce propos parler d’un milieu que je connais, celui des cabinets de conseils et des SSII. Dans ce milieu, il n’est pas rare de faire beaucoup d’heures de travail : depuis tôt le matin, puis toute la journée – y compris pendant le repas – jusqu’à tard le soir, quand ce n’est pas également le week-end.
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Li-bé-rez nos camarades !

Imaginez que vous êtes prestataire ou consultant chez un client.

  • Vous n’avez pas le droit de travailler avec votre ordinateur, on vous en fournit un ;
  • Vous n’avez qu’un accès limité au web ;
  • Oubliez tous les sites de réseaux sociaux et n’espérez pas accéder à un service google autre que le moteur de recherche ;
  • Bien sûr, vous devez utiliser Lotus Notes puisque c’est l’outil du client ;
  • Rappelons que le navigateur officiel est IE 6 ;
  • A la fin du mois, vous recevez un email de l’administrateur vous signalant que vous avez dépassé de 70 % votre « utilisation prévue d’internet » et l’on vous demande si cette pratique d’internet risque de perdurer le mois suivant.

Ces périodes de quarantaine numérique sont très nombreuses. Alors bon courage à toutes les victimes qui ne peuvent lire ce message que depuis leur connexion personnelle.

Le libre : pas si bazar que çà

Lors des récents « Entretiens du nouveau monde industriel », Roberto Di Cosmo a évoqué des travaux récents qui s’attachent à comprendre quels sont les facteurs de succès dans les projets libres.

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23 Mai 2007, 10:15
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Salaire 2.0

Il est une application Web 2.0 dont j’aimerais bien voir le jour. Appelons-la “Salaire 2.0″.

Le principe serait le suivant, chacun peut s’inscrire et, en indiquant les éléments de sa rémunération (mais pas seulement puisqu’il faut la localisation, le type d’employeur, ancienneté, niveau d’études, etc.) pourrait consulter et faire des comparaisons avec la rémunération de l’ensemble des autres utilisateurs.

Pourquoi ce service ?

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