Remarques sur le rapport Colin & Collin sur la Fiscalité du Numérique

La question de la fiscalité met sous tension les questions numériques

Les questions relatives à la fiscalité et au droit ont une vertu évidente dans un discours sur le numérique : elles mettent sous tension ce que l’on sait, ou croyait savoir, du numérique. Réfléchir au droit du numérique où à la fiscalité du numérique offre des angles d’attaque qui permettent de hiérarchiser à la fois les questions, mais aussi de problématiser le numérique, évitant de la sorte les discours sans perspective ni dimension critique.

Avec le rapport Colin & Collin (PDF de 6 Mo) sur la fiscalité du numérique, cette tension a de toute évidence portée ses fruits et nous bénéficions à présent d’un texte de référence qui déborde largement les questions de fiscalité.

Profitons de cet appui pour commencer la discussion et y apporter un regard critique, non sans en avoir souligné auparavant sa grande qualité et sans rappeler que sa lecture n’est pas facultative. more »

Investir dans l’économie de la contribution

Contribution de Bernard Stiegler au mouvement Alter Summit lors du forum Firenze.

A propos de « La fabrique de l’homme endetté », de Maurizio Lazzarato

Avec La Fabrique de l’homme endetté, Maurizio Lazzarato cherche à qualifier le lieu le plus opportun à partir duquel la lutte des classes se joue et s’articule de la manière la plus actuelle.

La superbe illustration de couverture est de C. K. Wilde

A partir du texte Nietzschéen de la deuxième dissertation de la Généalogie de la Morale, Lazzarato caractérise l’épopée humaine depuis la diffusion du christianisme comme étant celle de la fabrique de l’homme endetté. Il faut, nous dit-il, oublier les oppositions patron/ouvrier, maître/esclave, capitalisme financier/capitalisme industriel, etc. et ouvrir les yeux sur les mécanismes de domination qui s’exercent actuellement de manière débridée. more »

Morceaux choisis de la séance publique Ars Industrialis avec Paul Jorion

Quatre vidéos choisies de la rencontre au théâtre de la colline du 10 Décembre 2011 :

 

Vous pouvez visionner l’ensemble des vidéos et de la séance sur le site de Paul Jorion ou sur celui d’Ars Industrialis.

Le travail en perruque à l’heure du numérique

En m’appuyant sur les travaux de Michel Anteby et de Michel de Certeau, je vais tenter de montrer que l’évolution des pratiques de la « perruque », notamment dans le contexte numérique, peut donner de précieuses informations sur l’émergence d’une économie de la contribution.

Le travail en perruque

Outre le pastiche du coiffeur que désigne le plus couramment le terme de perruque, le mot désigne également une forme de détournement dans l’utilisation des biens ou de l’outil de production de l’entreprise.

La perruque peut être définie comme :

“L’utilisation de matériaux et d’outils par un travailleur sur le lieu de l’entreprise, pendant le temps de travail, dans but de fabriquer ou de transformer un objet en dehors de la production de l’entreprise” (R. Kosmann, La pérruque où le travail masqué. Renault, Histoire 11(juin), Société d’histoire du groupe Renault, Boulogne Billancourt, 20-27)
Il existe de nombreuses variantes du terme de “perruque” : “bricoles”, “pinailles”,  “bousilles”, “pendilles” en France ; “homers”, “government job” aux États-Unis ; “fidding” ou “pilfering” en Angleterre (Michel Anteby, La “perruque” en usine : approche d’une pratique marginale, illégale et fuyante (PDF). Revue Sociologie du travail, 2003, vol. 45, no 4 pp. 455-456).

Du vol caractérisé aux petits arrangements sans conséquences, il y a toute une palette de formes de travail en perruque dont les contours sont fuyants, l’activité étant d’ailleurs comparée à du braconnage. Mais la qualification qui revient le plus souvent pour caractériser le travail en perruque est celui de “détournement”. more »

Ce n’est pas qu’une histoire de données

Les questions relatives à l’ouverture des données sont importantes. Pourtant ce n’est pas là le plus important car, si c’est nécessaire, ce n’est peut-être pas suffisant.

Il faut souligner que l’enjeu, au travers de l’ouverture des données, qu’elles soient d’origine publique (institutions et puissance publique) ou privée (organisations et entreprises), l’enjeu, disais-je, n’est pas tant d’exposer ses données mais plutôt son métier, parfois même son coeur d’activité.

Exposer ses données sans saisir que l’enjeu est d’exposer son activité, c’est ne pas comprendre qu’il s’agit de passer d’une logique dissociée à une logique associée et donc d’embrasser les opportunités des technologies relationnelles. On peut, par exemple, exposer ses données et continuer à travailler comme si de rien n’était, comme avant. Cela serait fort dommage, et je suis convaincu qu’il faut un peu plus que çà. more »

Quelle filière industrielle pour la numérisation du patrimoine ?

Le contexte de la consultation sur le Grand Emprunt

La cacophonie et la mécompéhension autour du grand emprunt, et plus précisément sur le volet numérisation, font qu’on est actuellement dans une situation de crise, au sens propre du terme : quelque chose va se décider.

Au départ, c’étaient 150 millions qui devaient être alloués aux institutions pour qu’elles puisse poursuivre et accélérer les projets de numérisation ; au final ce ne sont plus que des montants de prêts (donc remboursable avec intérêts) pour favoriser la mise en place d’une filière industrielle du numérique, basée sur des partenariats publics/privés.

On sait que l’actualité de la crise économique de ces derniers mois a certainement beaucoup favorisé la formulation très libérale de la consultation publique (le développement du « machin numérique ») lancée par le secrétariat de la prospective et du développement de l’économie numérique. De plus, dans le cadre d’une période d’austérité et de restrictions budgétaires importantes dans les dépenses de l’état, le grand emprunt devient un dossier beaucoup particulièrement épineux pour le gouvernement : difficile de dire « on fait les valises et on rentre » après avoir fait de la relance par l’innovation un axe important de la stratégie française.

Deux tentations s’opposent donc entre celle du ministère de la culture et celle du ministère des finances : le premier veut continuer à croire à la nécessité d’une politique culturelle tandis que le second tente de radicaliser les choix qui devront être faits sur la base exclusive du principe de rentabilité. Il n’y a donc plus de consensus au sein même du gouvernement sur l’avenir du grand emprunt, et les différentes institutions qui doivent participer à la solution (BnF, Bibliothèques Municipales, INA, IRCAM, Cinémathèque, Cité des Sciences, Archives, Musées, etc.) ne comprennent plus la règle du jeu, qui semble par ailleurs changer chaque jour en ce moment.

La vision qui est présentée ici est une tentative de réponse à la consultation publique sur le volet numérique. Elle a l’ambition de sortir par le haut des apories dans lesquelles la question de la numérisation du patrimoine dans le cadre du grand emprunt se retrouve aujourd’hui.
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Débat Ars Industrialis : « Économie de la contribution et projets locaux de développement »

Ars Industrialis vous invite à son prochain débat « Economie de la contribution et projets locaux de développement » ce samedi 15 mai, à 14 heures, au Théâtre de la Colline, 14 rue Malte Brun, Paris 20° (métro Gambetta), l’entrée est libre.

Ars industrialis accueillera Jean-François Caron, maire de Loos en Goëlle, conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais, président de la FEVE, et Patrick Viveret, philosophe, auteur notamment du rapport « Reconsidérer la richesse. Propositions pour l’Economie Solidaire », et conseiller honoraire à la Cour des Comptes.

Pour ceux qui ne connaissent pas Jean-François Caron, je vous invite à écouter une excellente émission de « Terre à terre » à laquelle il avait participé le 28 Novembre 2008, dans laquelle il retraçait ses actions politiques et militantes dans sa région.

Économie sociale : l’influence modeste du catholicisme sur le mouvement coopératif et mutualiste au XIX° siècle

Le mouvement coopératif et mutualiste plonge ses racines dans les guildes, corporations et compagnonnages médiévaux, notamment lors des grands travaux autour des cathédrales. Mais  l’esprit révolutionnaire de 1789 voit d’un mauvais œil toutes ces associations, entre le citoyen et l’état, il ne veut voir aucun intermédiaire. Le Chapelier, avocat rennais qui préside l’assemblée du 4 août 1791, déclare ainsi :

« Plusieurs personnes ont cherché a recréer les corporations anéanties … Il doit sans doute être permis à tous les citoyens de s’assembler : mais il ne doit pas être permis aux citoyens de certaines professions de s’assembler pour leurs prétendus intérêt communs.

Il n’y a plus de corporation dans l’État ; il n’y a que l’intérêt particulier de chaque individu et l’intérêt général. Il n’est permis à personne d’inspirer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par un esprit de corporation ».

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Ars Industrialis : pour une économie de la contribution

Voici la première vidéo de la séance publique d’Ars Industrialis du Samedi 5 décembre 2009 dernier.

Le reste des vidéos sur le site d’Ars Industrialis.