Natifs du littéral, natifs de l’analogique et natifs du numérique
Voici l’enregistrement audio de l’allocution de Bernard Stiegler prononcée le 23 novembre 2010 lors de la journée interdisciplinaire autour du thème « Ethique et politique de la coexistence dans la société de l’information. Eléments pour une écologie sociale », qui avait lieu à l’Institut Telecom.
Cette rencontre était organisée par :
- L’Équipe de recherche « Ethique, Technologies, Organisations, Société » (ETOS), Institut Télécom / TEM Research
- Le Centre de recherche « Sens, Éthique, Société » (CERSES), UMR 8137 – CNRS/ Université de Paris Descartes
Il y est question de technologies relationnelles, d’individuation et notamment d’individuation technique, de sphère privée / sphère publique, de la figure d’Hermès et des travaux de JP Vernant, de synchronie et de diachronie, ainsi que du danger du concept de « manque », à ne pas confondre avec le concept de « défaut ».
Le point-virgule chez Simondon
Il n’est pas rare d’avoir plus d’une dizaine de points-virgules par page dans les textes de Simondon. Nombre auquel il faut rajouter les deux-points, très présents également.
L’écriture donne cette même sensation que l’on a en lisant un texte biblique : un disparate fragmentaire dont l’unité de sens est mystérieux. Le point-virgule y est-il pour quelque chose dans ce mystère ?
Les points-virgules accentuent la sensation d’énumération, comme ces points-virgules qui terminent les fins de lignes de code. On pourrait tout récrire en remplaçant tous les points-virgules par une liste de puces. On verrait alors à quel point le texte est une liste dont l’articulation reste flottante.
Cette fragmentation du texte fait pourtant bloc en utilisant le point-virgule et non la liste de puces.
En utilisant un point on indique que l’on passe à autre chose, que l’on continu. Mais le point-virgule donne à chaque fois un contre-point à ce qui vient d’être dit, il propose une variation, sinon une modulation.
C’est peut-être ce qui donne cette impression d’illumination que l’on peut ressentir en lisant Simondon ; après chaque point-virgule, il faut être prêt à tout remettre en jeu face à cette nouvelle donne.
Séminaire Simondon du 18 Novembre 2010
Voici l’enregistrement audio de la séance du 18 Novembre 2010 du séminaire Simondon.
C’est Xavier Guchet (Paris 1), qui présentait notamment les analyses développées dans son dernier ouvrage, Pour un Humanisme technologique. Culture, technique et société dans la philosophie de Gilbert Simondon.
L’atelier Simondon a par ailleurs désormais son site sur lequel devrait être bientôt proposés les entretiens vidéos sur la mécanologie.
Le bloc-notes magique (wunderblock) de Freud
La Note sur le « bloc-notes magique » est un petit texte fort intéressant de Freud, écrit en 1925 (page 129 de « Huits études sur la mémoire et ses troubles« , Sigmund Freud, Ed. Gallimard, Coll. Connaissance de l’inconscient).
Freud commence par donner un crédit significatif aux supports de mémoire (hypomnemata ou extended mind chez les Américains) en rattachant explicitement les notes manuscrites au dispositif mnésique :
« Le support qui conserve ces notes, tablette à écrire ou feuille de papier, est alors en quelque sorte un morceau matérialisé de l’appareil mnésique, qu’habituellement je porte en moi de façon invisible. » p.133. (XIV,3)
Ce faisant, souligne Freud, le souvenir a été fixé et peut être reproduit à volonté, sans avoir subi les affres de la mémoire. Ce procédé d’écriture mnésique est ensuite lui-même distingué en deux procédés selon le support d’écriture qui est choisi :
- si c’est un papier, j’obtiens une « trace mnésique durable« . Mais qui a les spécificités suivantes : tout d’abord, une fois la feuille remplie, il faut en utiliser une autre (le support ne peut contenir qu’une quantité limitée de traces), ensuite, si je ne veux plus garder la trace d’une note, je dois pouvoir l’effacer, ce que ne peut pas faire le papier selon Freud.
- si c’est une ardoise, j’ai un support d’une capacité potentiellement illimitée : je peux effacer les traces sans jeter aux rebuts le support lui-même. L’inconvénient étant que je ne peux garder de trace durablement.
Ce qui permet à Freud de faire le constat suivant :
« Capacité illimitée de réception et conservation de traces durables semblent donc s’exclure mutuellement pour ce qui est des dispositifs qui servent de substituts à notre mémoire ; il faut, soit renouveler le support, soit supprimer les notes. » p. 134 (XIV, 4)
Il souligne ensuite que, si la plupart des prothèses techniques qui augmentent notre perception (vue, audition) sont des dispositifs techniques qui imitent l’organe sensoriel, force est de constater que les dispositifs techniques qui augmentent notre mémoire sont particulièrement défectueux car « notre appareil psychique sait justement réaliser ce qu’eux ne peuvent faire ». more »
Biodiverstity (for Business)
Le World Resources Institute (WRI) est une organisation qui se présente de la manière suivante :
WRI is an environmental think tank that goes beyond research to find practical ways to protect the earth and improve people’s lives.
C’est très noble.
Mais une autre manière de voir, s’y l’on croit les journalistes Agnès Bertrand et Françoise Degert, est celle qui va suivre. Après avoir écouté leur entretien dans l’émission Terre à terre du 16 Octobre, voici à la fois ce que j’en ai compris et comment je l’interprète.
Défaut: milieu_associé milieu_dissocié paysannerie prolétarisation
by Christian
3 comments
Prolétarisation paysanne et terracide
Dominique Guillet, fondateur de Kokopelli, association qui produit et distribue des semances potagères bio de variétés anciennes, fait l’ouverture du documentaire « Solutions locales pour un désordre global » de Coline Serreau. Il va poser ce qui constitue les prémices de la thèse qui est défendue par la réalisatrice :
« Qu’est-ce que c’est la première guerre mondiale en fait ? C’est l’éradication de la paysannerie franco-germanique qui se fait massacrer au front, des millions de paysans sont morts ! »
Puis il poursuit :
« Et donc, cette entreprise de dé-paysannerie a été parachevée par le deuxième guerre mondiale. Et viens se greffer, par dessus tout cela, la synthèse de l’amoniaque qui permet de faire des bombes et qui après permet de faire des fetilisants de synthèse. Ensuite, l’invention du gaz moutarde qui va donner quoi ? Eh bien tous les insecticides, qui sont des gaz de combats. Puis, avec le pla, Marshall de 1947, les États Unis arrivent avec leur tracteurs qui sont la suite logique des tanks.
Donc, en fait, l’agriculture occidentale est une agriculture de guerre. »
Ce propos est ensuite souligné par celui d’Ana Primavesi, ingénieur agronome, docteur, professeur en gestion des sols de l’université de Santa Maria: more »
Derrida en embuscade
Quand il a commencé à écrire et à publier son œuvre, il est arrivé à Derrida de se confronter aux textes de ses contemporains : Ricoeur, Foucault, Levinas, Lévi-Strauss, etc.
Or Derrida a un angle d’attaque, dans son analyse critique, qui est redoutable : c’est sa réflexion sur l’écriture. Réflexion qui fait de lui un lecteur et un commentateur qui ne laisse pour ainsi dire rien passer. Il peut très bien s’engouffrer dans quelques lignes d’un texte à partir desquelles il va détricoter toutes les thèses développées par l’auteur.
C’est d’ailleurs ainsi qu’il commence à procéder avec son commentaire de l’Introduction de la géométrie de Husserl, où il s’attache à une brève allusion à l’écriture dans ce texte tardif de Husserl, à partir de laquelle il va encercler l’œuvre comme s’il arrivait à faire émerger son inconscient textuel. more »
Ce n’est pas qu’une histoire de données
Les questions relatives à l’ouverture des données sont importantes. Pourtant ce n’est pas là le plus important car, si c’est nécessaire, ce n’est peut-être pas suffisant.
Il faut souligner que l’enjeu, au travers de l’ouverture des données, qu’elles soient d’origine publique (institutions et puissance publique) ou privée (organisations et entreprises), l’enjeu, disais-je, n’est pas tant d’exposer ses données mais plutôt son métier, parfois même son coeur d’activité.
Exposer ses données sans saisir que l’enjeu est d’exposer son activité, c’est ne pas comprendre qu’il s’agit de passer d’une logique dissociée à une logique associée et donc d’embrasser les opportunités des technologies relationnelles. On peut, par exemple, exposer ses données et continuer à travailler comme si de rien n’était, comme avant. Cela serait fort dommage, et je suis convaincu qu’il faut un peu plus que çà. more »
Apprendre Haskell
Haskell est un langage de programmation fonctionnelle. Un style de programmation où l’on utilise des fonctions plutôt que des objets, contrairement au paradigme de la programmation orientée objet.
Je ne vais pas refaire ici la liste des caractéristiques de la programmation fonctionnelle et de Haskell en particulier. Le souhaite juste indiquer rapidement quels sont les enjeux et quelles sont les ressources que l’on peut utiliser pour s’y initier.
Pourquoi Haskell ? Parmi les nombreux langages de programmation fonctionnelle de grande valeur (Scheme, OCaml,F#, Erlang, etc), Haskell a un statut particulier car c’est le plus « pur » (il y a aussi Clean, mais plus confidentiel), c’est à dire celui qui vous contraindra le plus à embrasser le paradigme de la programmation fonctionnelle.
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Laissez tomber vos claviers et passez au crayon à papier
Qu’est ce qui peut bien être encore plus hype que le iPad ? Un crayon à papier.
Ah mais attention, pas n’importe quel crayon à papier. Pas de ces crayons à papier que nous avions à l’école.
Non, il s’agit d’un crayon à papier qui est devenu mythique, le Blackwing 602 produit par Eberhard Faber : bien que la production de ce modèle ait été stoppée aux US en 1998, les rares exemplaires existant continuaient à se vendre sur eBay pour plusieurs dizaines de dollars (!).