Hollande et DSK : le normal et le pathologique

Après la requalification de DSK en quelqu’un qui a un “grave problème” et dont le comportement est proprement pathologique, les « ambitions » de François Hollande d’être un “président normal” prennent un nouveau relief.

François Hollande le 15 mai 2011 lors de l’émission « Dimanche + » à Paris afp.com/Bertrand Langlois

Après le pathologique, retour au normal donc. L’argument a du charme, et il a le mérite :

  • de fonctionner aussi bien contre la suractivité compulsive de Nicolas Sarkozy que contre les pulsions de DSK.
  • de transformer son manque de charisme en un marqueur positif en mettant volontairement en avant ce “défaut”. Et de faire de sa faiblesse son principal argument.

Hollande se pose donc en recours aux figures pulsionnelles de nos hommes politiques, qui se flattent parfois d’être des “animaux” politiques. Il répond qu’il sera, lui, un “homme” politique (normal) et un président normal.

Mais de quel “normal” relève François Hollande ? Le normal de la normativité (créatrice, qui crée de nouvelles normes), ou plutôt celui de la normalité normalisante ?

Force est de constater qu’Hollande a tout de l’homme de la normalité et de la banalité ; il ne se distingue et n’apparaît que quand rien n’émerge. Si rien ne se décide ni n’apparaît, il peut toujours occuper le milieu. Il est un homme d’ambiance, quelqu’un qui occupe le terrain et l’atmosphère. Ce n’est pas à proprement parler un homme du centre, mais plutôt un homme du milieu.

Cela n’est toutefois pas sans mérite ; il a été présent à la barre du PS quand Jospin a jeté l’éponge. Évitant l’implosion du PS, le parti lui doit sans doute sa permanence même s’il a fallu en passer par des années d’apnée dans le formol.

*

Hollande ne joue pas sur le registre de la transcendance et ne cherche pas l’élévation, il joue sur le registre de l’immanence d’un régime d’équilibre qui neutralise toutes les tensions. Sa fadeur vient de ce qu’aucun adjectif n’arrive à le qualifier, on peut juste dire “Hollande est”.

Avec son approche immanente, Hollande fait penser à la tradition érudite chinoise sous l’emprise millénaire de l’empire, telle qu’en parle Jean-François Billeter. Finalement, Hollande est très chinois dans sa conception du politique, et nul doute que son livre de chevet pourrait être “L’éloge de la fadeur” de François Jullien.

Je n’ai rien contre Hollande, mais rien pour non plus. Il faudra bien qu’il sorte du bois de l’immanence pour s’exposer à la transcendance, lui qui affirme “qu’il ne faut jamais rester dans l’ombre”. Il n’y aura pas toujours un miracle pour renverser la situation.

« Si rien ne se décide ni n’apparaît, il peut toujours occuper le milieu. Il est un homme d’ambiance, quelqu’un qui occupe le terrain et l’atmosphère. Ce n’est pas à proprement parler un homme du centre, mais plutôt un homme du milieu. » == on dirait un bon résumé de l’activité de Hollande lorsqu’il était premier secrétaire du parti. En partant, il a laissé le PS comme il l’avait pris : avec toutes ses divisions, autant de forces différentes pour gagner les élections locales, mais pas un front commun pour gagner l’élection présidentielle.

Je me souviens d’une soirée TV avec Hollande qui disait texto : « oui, je n’aime pas les riches » ; pour lui, un riche, c’était à partir de 4 500 euros par mois. Vraiment un drôle de bonhomme et une drôle d’affirmation. Non seulement, il ne devait pas aimer nombre de ses collègues du PS, cumulards qui devaient dépasser ce montant, mais en tant que cumulard lui-même, il ne devait pas s’aimer lui-même, ni sa compagne d’alors (Ségolène). Ca m’avait frappé, lors de sa dernière déclaration de patrimoine d’alors, de constater que le couple Hollande/Royal disposait de 4 apparts-ou-maisons, dont une maison sur la Cote d’Azur. S’ils se sont bien payés ces logements par leurs salaires respectifs, j’imagine que la politique, ca paye bel et bien, et qu’il doit bien être au-dessus des 4 500 euros mensuels.

Ceci étant dit, il me semble le moins hypocrite du personnel du PS, le plus à même de faire preuve de souplesse, et partant de là, le plus à même de devenir président. Mais il a encore du chemin à faire.

[Reply]

L’économie belge ne s’est jamais aussi bien porté que depuis qu’elle n’a plus de gouvernement…

On devrait peut-être essayer nous aussi ?

Pas de président, pas de premier ministre, pas de ministre, … Au moins on est certain de faire l’économie de leurs salaires.

[Reply]

 

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