Shots that changed my life (34)
La Pianiste (Die Klavierspielerin), 2001, film franco-autrichien réalisé par Michael Haneke,.
Isabelle Huppert est froide et distante. Dans cette séquence composée en quatre plans, lors d’une audition, elle va être submergée par la prestation au piano de son futur élève, interprété par Benoit Magimel.
- Plan 1 : elle est au second plan, l’image est floue et on ne la distingue pas.
- Plan 2 : on la voit de « plein pied », on commence à percevoir une agitation dans les jambes et dans son assise sur le siège.
- Plan 3 : cadré de plus près, ses mains trahissent son émotion.
- Plan 4 : centré sur son visage, on ne voit plus ses mains, seuls les yeux et la bouche « travaillent ».
Chaque plan place l’actrice a une certaine distance qui fait qu’il y a des choses que l’on peut percevoir et d’autres non. A chaque distance correspond un jeu tout en subtilité de l’actrice pour manifester la souffrance de quelqu’un qui ne veut pas se laisser « avoir » par ses émotions.
Le personnage d’Isabelle Huppert se fissure de toutes parts, sans craquer. Elle reste droite mais nous en a quand même laissé assez percevoir pour comprendre qu’elle est littéralement ravagée.
Isabelle Huppert et Benoit Magimel recevront tous les deux, avec ce film, le prix d’interprétation au festival de Cannes en 2001.
Littéralement ravagé, ça correspond aussi à l’état dans lequel m’avait laissé ce film. On se sent complice d’un pervers complaisant avec lui-même. J’avais envie de vomir. Je n’ai jamais éprouvé ça au cinéma avant. Je ne pourrais plus jamais voir de films d’Haneke, et plus jamais voir de films avec Isabelle Huppert.
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