La fonction politique du « souci de soi »

Une note de bas de page de Jean François Billeter, dans son ouvrage Notes sur Tchouang-Tseu et la philosophie, m’a fortement impressionné. Voici le passage en question :

“Je note en passant que les méthodes chinoises de perfectionnement de soi et la pensée philosophique qu’elles ont nourrie pourraient être étudiées du point de vue de Michel Foucault.

On se demanderait si cet omni-présent “souci de soi” n’a pas entretenu dans les esprits une conception du sujet qui était en accord avec la vision du monde dominante et n’a pas servi, pour une part, à vérifier et confirmer cette vision, à l’éprouver. Ces méthodes auraient alors eu une fonction éminemment politique.” p. 64.

Comment cela se peut-il ? Comment cette sphère intime qui inclut tout aussi bien des techniques d’examen de soi, d’ascèse spirituelle et de cheminement mystique pour ce qui concerne la tradition religieuse (qui se confond avec la philosophie dans la tradition chinoise, contrairement à l’occident et sa tradition théologique qui entretien une distance avec la philosophie), comment donc ce chemin intime du souci de soi pourrait-il avoir une “fonction éminemment politique” ? more »

Accéder à la pensée chinoise


Qui n’a pas eu entre les mains ou dans sa bibliothèque un ouvrage de François Jullien ? N’était-ce pas pour aller respirer une toute autre culture, aussi importante que la pensée grecque et occidentale ? Chercher l’Autre, l’altérité radicale de notre pensée dans la pensée chinoise, n’est-ce-pas ce que nous sert François Jullien sous forme de tourisme noétique ?

En ce qui me concerne, ce qui m’attirait chez Jullien fut aussi ce qui m’en éloignait, c’était que j’y voyais un discours Heideggerien. Cet homme utilisait la pensée et la poésie Heideggerienne pour appréhender la pensée chinoise. Il faut dire que c’était bien pratique pour moi : connaissant un peu Heidegger, je devenais un spécialiste de la pensée chinoise grâce aux travaux de François Jullien : quelle formidable économie !

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