Les hypomnemata
Le terme grec d’hypomnemata peut se traduire tout simplement par supports de mémoire. Michel Foucault, dans un article de 1983 intitulé L’écriture de soi, écrit : « Les hypomnemata, au sens technique, pouvait être des livres de compte, des registres publics, des carnets individuels servant d’aire-mémoire » (Foucault, Dits et écrits, t2, p. 1237). Ce texte de Foucault a été remis au goût du jour par Bernard Stiegler.
Les hypomnemata sont, en tant qu’actes d’écriture de soi, une modalité de constitution de soi. Sans ces hypomnemata, le risque est grand de sombrer dans l’agitation de l’esprit (stultitia), c’est à dire dans une instabilité de l’attention, le changement des opinions et des volontés. Cette attitude se caractérise par le fait que l’esprit est tourné vers l’avenir, le rend curieux de nouveautés mais l’empêche de se constituer en propre. C’est ce que nous retrouvons dans le zapping d’aujourd’hui. « L’écriture des hypomnemata, écrit Foucault, s’oppose à cet éparpillement en fixant des éléments acquis et en constituant en quelque sorte « du passé », vers lequel il est toujours possible de faire retour et retraite. » (Ibid. p.1239).
De cette lecture, je retiens quelques grandes idées :
– Se constituer, c’est s’extérioriser, et non pas rechercher une intériorité quelconque.
– On se constitue dans la pratique
– Se constituer c’est rassembler, organiser et utiliser des supports de mémoire
– se constituer c’est organiser sa mémoire.
On pourrait penser que les blogs sont des supports de mémoire au sens des hypomnemata. Cela n’est pas aussi sûr, car dans les hypomnemata on écrit pour soi. Pour qui écrit-on quand on publie ses notes ? Et combien de notes relèvent réellement d’une activité constituante visant à rassembler et organiser sa mémoire ?
[…] Christian Fauré » Blog Archive » Les hypomnemata […]
[…] Décidément ces derniers temps, je suis bien tenté par l’exil à Helsinki. Surtout que ces “social objects” font écho chez moi aux hypomnemata foucaldiens à la sauce Stiegler. […]
by Métamorphose de l’ éducation : va-t-on se transindividualiser? | Le guide des égarés.
[…] Dès lors, l’éducation demeure l’éducation et les apprenants demeure des apprenants et non des apprentinuants, barbarisme linguistique avec lequel j’ai beaucoup de mal puisqu’il s’agit d’un pléonasme, apprenant comportant déjà cette permanence d’apprentissage. Il ne s’agit donc pas de déstabiliser un peu plus des concepts et des institutions déjà en grande difficulté mais de permettre la transindividualisation notamment des élèves mais également des enseignements grâce aux nouvelles technologies devenues hypomnemata des milieux éducatifs associés. […]
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bonsoir, pourquoi écrivez-vous « Se constituer, c’est s’extérioriser, et non pas rechercher une intériorité quelconque »..alors que vous continuez sur votre idée de nécessite de consolider sa mémoire , ses supports de mémoire ?
La mémoire fait-elle ou non partie de l’intériorité d’un individu ?
M.T.
[Reply]
[…] Christian Fauré résume très bien ce projet : Le terme grec d’hypomnemata peut se traduire tout simplement par supports de mémoire. Michel Foucault, dans un article de 1983 intitulé L’écriture de soi, écrit : « Les hypomnemata, au sens technique, pouvait être des livres de compte, des registres publics, des carnets individuels servant d’aire-mémoire» (Foucault, Dits et écrits, t2, p. 1237). Ce texte de Foucault a été remis au goût du jour par Bernard Stiegler. […]
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[…] On ne pense qu’au disque dur en quelque sorte. Le support n’est pas que l’hypomnemata, il peut aussi être médium. Il n’est en effet pas rare que ces deux là se […]
[…] m’expliquer dans un instant. Je vous renvoie, pour la référence à Foucault, à ce billet de Christian Fauré, inspiré, au moins en partie, de Bernard Stiegler. Je retiens en particulier l’idée […]
[…] Ce qui caractérise l’otium, c’est ce que Foucault nomme “l’écriture de soi”. (voir la note sur les Hypomnemata) […]