La Blockchain et l’émergence des « distributed consensus engines »
La blockchain à la hache
Je vais y aller à la hache. Mon propos ne sera pas chirurgical, précis ; il sera assez grossier.
Grossier d’abord parce que je vais vous parler de choses qui sont émergentes et qui n’ont pas encore de formes précises mais produisent beaucoup de protentions, c’est à dire beaucoup d’attente.
Tout le monde a entendu parler du Bitcoin, ce système de transfert d’argent, mais probablement peu a entendu parler de la blockchain, qui est la technologie sous-jacente au Bitcoin.
Le Bitcoin est à la croisée de différentes technologies parmi lesquelles : les protocoles Peer-to-peer, les mécanismes de cryptographie, les systèmes de gestion de version de code, les bases de données distribuées , etc.
Même si, en apparence, il n’y a rien de nouveau, la blockchain est une réelle innovation dont les conséquences ont encore du mal à être appréhendées. Ceux qui se sont intéressés à la blockchain la comparent volontiers au web de part l’ampleur des conséquences qu’elle pourrait avoir.
De fait, il y a beaucoup de discours prophétiques à son sujet ; c’est le temps des prophéties et des prophètes de la blockchain.
Salim Ismail, qui est l’ambassadeur de l’Université de la Singularité – et qui passe son temps à cataloguer et à qualifier toutes les innovations technologiques – a déclaré, en Juillet 2015 à Paris, lors de la conférence USI : « The blockchain is THE most disruptive technology I have EVER seen ». Cela donne le ton. more »
La conteneurisation du monde
Voici l’affiche du film « Sur les Quais » d’Elia Kazan, 1954 :
On est bien sur les quais : la chaîne, le bateau, les dockers, mais il n’y a pas de marchandises et aucun conteneur ! Un port contemporain ressemble plutôt à cela :
Un processus important de la mondialisation concerne la conteneurisation du transport maritime qui devient effective à la fin des années 60 (après la vision du port et des dockers d’Elia Kazan en 1954). more »
« Théorie du drone », de Grégoire Chamayou : la guerre est finie
C’est un travail remarquable – et remarqué – que vient de publier Grégoire Chamayou avec sa « Théorie du drone ».
La théorie est en retard sur la pratique, rappelle l’auteur en début d’ouvrage. À cela rien de nouveau : la théorie est toujours et systématiquement en retard sur la pratique. Mais quand la distance devient trop grande, on s’en laisse trop facilement compter par ceux qui sont aux commandes de la pratique. En ce sens, l’objectif de « Théorie du drone » est pleinement atteint : il y a une re-problématisation des enjeux ainsi qu’un travail critique qui s’avère, le livre lu, non seulement utile et intéressant, mais nécessaire.
Nécessaire car l’auteur procède à une re-qualification et une re-catégorisation des activités belliqueuses à la lumière des évolutions technologiques, et notamment de ces fameux drones qui font l’actualité : depuis les fuites de Wikileaks, jusqu’aux documentaires vidéos en passant par les journaux télévisés et autres jeux vidéos.
J’insiste sur les termes de re-qualification et re-catégorisation : c’est un travail sur les catégories qui est ici proposé avec le postulat suivant : les catégories procèdent fondamentalement des techniques ; elles sont fondamentalement techniques. Ce qui signifie que l’évolution des techniques et des technologies nécessite une réactualisation permanente des catégories. Le travail que fait ici Chamayou, d’autres le font dans d’autres domaines : dans la fiscalité, dans le commerce, dans le travail, dans l’économie, etc. et tous ont une visée politique, en ce sens que la politique – le lieu ou les décisions se prennent – doit être éclairée par les bonnes catégories pour pouvoir prendre les meilleures décisions. Les catégories sont les lunettes à travers lesquels ont perçoit le réel (les catégories sont des instruments) : un mauvais réglage, de mauvais verres, et les choix seront biaisés.
Le livre de Chamayou est en ce sens un livre de philosophique car il éclaire le politique (et nul doute qu’il aura de nombreux lecteurs attentifs dans les états majors de l’armée française, puis ailleurs une fois traduit, ce qui ne devrait pas tarder). more »
Services Web ou API ?
Web service & APIs
On ne parle plus beaucoup de « services web » pour désigner les communications de machines à machines sur le web. On préfère mettre en avant le terme d’API : par exemple on ne dit plus « Restful web services » mais « Restful API« .
Qu’est ce qui a changé ?
A part que cela permet à O’reilly et d’autres de rééditer les mêmes livres en changeant le titre, il n’y a apparemment pas grand chose de nouveau.
D’un point de vue générique, un service web est une API (une API qui a la particularité d’utiliser le protocole HTTP) ; et une API web serait alors le mécanisme que connaissent les développeurs (librairies, modules, classes, etc.) mais appliqué au protocole HTTP.
Interface ou Protocole ?
Les choses paraissent donc simples, mais elles ne le sont pas forcément si on y prête bien attention. more »
Le devenir algorithmique (4) : les jeux d’écriture
Dans une précédente note sur les première pratiques scripturales dans les activités de commerce et de transactions économiques, je rappelais que, avec l’invention de la monnaie, une figure avait émergée en la personne du « changeur », qui évolua lui-même vers la fonction du « banquier » quand il se mit à faire « travailler » la trésorerie générée par son activité de change. Cette nouvelle activité lui imposa d’inventer de nouveaux jeux d’écritures, des écritures comptables.
Si « Jeux d’écriture » renvoie aujourd’hui à des jeux pour l’apprentissage de l’écriture dans les moteurs de recherche web, l’expression est également un euphémisme pour désigner des malversations comptables et financières. En ce dernier sens, le jeu d’écriture est perçu comme un tour de passe-passe potentiellement frauduleux.
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