8 Juin 2012, 4:16
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De la neuro-imagerie

Je reproduis ci-après une dépêche qui me semble importante dans  la manière dont elle souligne la manipulation de la production virtuelle qui nous entoure pour parler et  rendre compte de la réalité de l’activité cérébrale.

En nous montrant des images du cerveau on nous dit implicitement : « voyez ! », comme si cela suffisait.

Mais que voit-on ? Des blocs de couleurs différentes qui s’allument : une sorte de « Simon cérébral  » (encore une question de mémoire).

On voudrait nous faire croire que : voilà !, l’invisible devient visible, et que, du coup, l’effet de réel de la photographie devrait aussi jouer avec l’imagerie cérébrale.

Mais que visualise-t-on ? L’activité dit-on. Mais pas vraiment à y regarder de plus près car ce qui est capté ce sont les flux sanguins. Et l’on se dit, évidemment, qu’il y a activité parce qu’il y a afflux sanguin. Dit autrement, cela relève d’une approche énergétique du cérébral. Là où çà consomme de l’énergie c’est forcément que la machinerie tourne.

Une machine qui va se représenter avec ses différents compartiments, différentes cases qui auront différentes fonctions.

 

La neurologie va très vite rencontrer le phénomène « Big Data », où comment à partir d’un nombre exponentiel de données hétérogènes, représenter une circuiterie qui est un dynamisme et qui fonctionne plus sur des logiques relationnelles que sur des cloisonnements fonctionnels.

Non pas que le découpage des zones soit erroné, mais ce mode de représentation occulte la dynamique relationnelle, les jeux de potentiels et la métastabilité du cerveau.

Voici la dépêche :

(Agence Science-Presse) Ne croyez pas tout ce qu’on vous dit sur les zones de ceci et de cela dans le cerveau. L’image d’un cerveau séparé en régions de couleurs vives est séduisante, mais un peu fausse.

Les neurologues et les journalistes scientifiques le savent depuis longtemps, mais il est souvent difficile— même pour les chercheurs— de ne pas céder à la tentation d’écrire «on a identifié la zone du cerveau qui s’active lorsque…».

Or, ce que révèle la technologie dite d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (les scans), c’est que ce sont souvent deux, voire trois zones, qui «s’allument» en même temps, et qu’en plus, il y a beaucoup de place laissée à l’interprétation.

Comme l’explique le psychiatre Vaughan Bell dans The Guardian, chaque «scan» du cerveau crée une carte faite de dizaines de milliers de blocs 3-D.

Ceux-ci changent d’une seconde à l’autre en fonction des flux sanguins, de sorte que ce sera une moyenne de milliers de «scans» qui sera ultimement utilisée pour écrire l’étude sur «la zone de ceci ou de cela».

Source : http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2012/05/31/cerveau-zone-ceci-nexiste via @celyagd

Cela me rappelle les débuts de l’anthropologie criminelle, lorsque Cesare Lombroso écrivit en 1876 « L’uomo deliquante », il était persuadé de pouvoir identifier les criminels par les caractéristiques du crâne de ses « patients », ce qu’il appela un atavisme criminel. Par exemple avec une fossette occipitale enfoncée, vous étiez certainement un agresseur sexuel. Au 19ème, on avait la manie de catégoriser les gens. Malheureusement, c’est de retour à la mode aujourd’hui. La moindre colère peut être classée dans un trouble du comportement selon la classification psychiatrique du DSM. Pour l’anecdote, Lombroso a du revoir sa copie lorsqu’il a décrit un homme, à partir d’une photo, comme étant un dangereux meurtrier, alors qu’il s’agissait d’un ecclésiastique des plus respectables. Une forme de scientisme serait de retour selon moi qui impulse le droit pénal inspiré par les sciences cognitives.

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