L’impératif lumineux
D’une récente expérience de plateau de télévision je retiens surtout l’aveuglement que procurent les éclairages. Sous cette avalanche de lux, on ressent comme un impératif qui nous place dans un état second.
On pense alors à cette pratique de l’interrogatoire policier qui vous aveugle en braquant une lampe sur le visage, puis vous exhorte à « avouer ».
Depuis, je regarde les émissions de plateaux télévisés, les talk-show, comme des lieux d’aveux, même si ces derniers sont forcés, simulés ou artificiels.
Le flot de lumière des projecteurs des plateaux de télévision est impressionnant en particulier sur les talk-shows. En anglais, projecteur peut d’ailleurs se dire floodlight et on peut dire qu’ils sont vraiment inondés. Mais le plus impressionnant c’est la constance du dispositif, son absence de variations, sa platitude perpétuelle. Du point de vue de l’éclairage les talk-shows peuvent être placés dans la même catégorie que les séances d’aérobic, le téléachat et le porno. Ce n’est bien sûr pas un hasard ; ils ont en commun l’abolition de la distance, la nullité volontaire, créant ainsi quelque chose qui ressemble à un dispositif pulsionnel.
« La télévision qui nous a depuis longtemps dépossédé de notre intimité, la télévision est l’ennemie du rêve, du mystère, la télévision n’aime pas le secret, la télévision a tué l’ombre » écrivait Serge Daney, je-ne-sais-où, cité in Cinéma Cinémas rediffusé sur France 4 repris en introduction du zapping de l’année 2008 découpé et publié sur Youtube ( http://www.youtube.com/watch?v=glfeCEenbqM ) et maintenant ici.
[Reply]