Les données mises à nue

L’exposition des données est l’un des trois éléments du code génétique du Web 2.0 (les deux autres étant la participation, et la simplicité).


Forcément, quand on expose ses données, il faut deux choses pour que çà tienne la route :

  • la qualité et l’intérêt des données elles-mêmes.
  • la qualité des APIs pour accéder à ces données.

Avec les normes du web sémantique, il n’y a plus d’APIs. La qualité des données passe par l’environnement de description des ressources que sont ces données.

Les données sont mises à nue, plus besoin d’APIs. C’est là que l’intérêt du jeu est décuplé : quand on n’a plus de contraintes dans la manière dont on peut utiliser les données elles-mêmes, il y toujours plus de plaisir.

Je me suis rendu compte que c’était précisément sur ce point que ceux qui ont un profil de développeur pouvaient buter dans leur compréhension du web sémantique.

Car çà peut faire bizarre de dire « pas d’API avec le web sémantique ! ». J’imagine qu’un développeur doit penser que c’est impossible, il doit forcément y avoir des API pour accéder aux données !

Des data sans API, c’est comme un visage sans bouche, çà ne peut rien dire !

C’est pourtant de çà dont il est question : un web of data est un web sans APIs, alors que les data on the web continuent d’avoir besoin d’APIs.

Peut-être faut-il illustrer tout ceci avec la fameuse API Open Social de Google. Parce que Google, çà a toujours été çà : à défaut d’être la » happy company« , c’est la « API Company« .

Google se battra toujours pour la liberté de l’accès aux données, et c’est bien normal puisqu’il est le passeur qui prend sa commission au passage. C’est un peu le robin des bois de Shrek.

Google ne veut pas des gated communities à la FaceBook, et nous non plus d’ailleurs. Il veut des conteneurs , plusieurs conteneurs, dont il assure l’interopérabilité et pour lesquels il garde la maîtrise des flux migratoires. C’est pour cela que les APIs sont les « DRM des données », le passage obligé.
Dit autrement, Google prône la liberté d’accès aux données, mais pas la liberté des données elles-mêmes. Il y a toujours un poste de garde, aussi beau et agéable soit-il.

Trois visions du web donc :

  • Des réseaux privés, sortes de gated communities : c’est FaceBook s’il résiste à la démarche Open Social API.
  • Une API ouverte, pas de gated communities, le web reste la plateforme : c’est Google. Bien sûr, l’API n’a rien de fondamentalement ouverte. Elle reste le DRM et la clé de l’accès aux données ; il n’y a pas de barrière, mais un chemin d’accès qui balise les pratiques et normalise l’accès aux données.
  • plus d’API : c’est le web of data du web sémantique

Hum, j’ai pas tout tout capté, mais ça va murir.
Merci donc. ^^

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Super article: je comprends l’idée et la crainte, mais concrêtement, où est *implémentée* la fonction ‘poste de garde’ ?

Une API est bien une spécification d’interface, que doivent implémenter les gens (MySpace and co) qui veulent y être conforme.

Mais une fois qu’ils l’ont fait, les données qui transitent de MySpace à LinkedIn ne PASSENT PAs par Google, me trompe-je ?

Donc je reste persuadé du bien fondé de votre article, mais je me pose une question « ras les paquerêtes »: où exactement est la fuite qui permettra à Google de récupérer toutes les données dont il a besoin ?

Bon en tout cas ca fait réfléchir, merci !

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Bonne idée Christian d’avoir retiré IntenseDebate, c’était vraiment pas simple à utiliser… 😉 Malheureusement, les commentaires postés entre temps semblent avoir disparu, je reposte donc le mien :

Christian, une API n’est pas nécessairement réductrice, API et web sémantique n’ont pas à être antinomiques. Google, avec OpenSocial, ne propose pas une API propriétaire mais un *modèle* d’API ouvert, un standard commun que chacun est libre d’implémenter afin de réaliser des choses nouvelles, impossibles à faire autrement dans le contexte actuel, le web 2.0. Plus qu’une API, c’est de l’ordre du protocole, comparable à des choses comme OpenID, Trackback, REST ou même SPARQL…

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Peut-être que l’interêt de Google est entre autre, par la spécification d’APIs, d’augmenter le nombre d’ *hyperliens* possibles entre les communautés, et donc le potentiel de croisement d’information.

Plus les mailles d’un filet sont petites …

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@ Manuel : oui, désolé pour les quelques commentaires effacés.

@ Nico : la réponse à vos questions chez Francis, extrait :

La critique la plus sérieuse porte sur la nature prétendument “ouverte” des API d’OpenSocial. C’est loin d’être le cas si l’on en croît Shelley Powers, auteure et développeuse. “Il ne s’agit pas d’une API ouverte,” écrit-elle . “Il s’agit d’une API libre qui appartient à une seule compagnie qui la contrôle: Google. La fonctionnalité dépend de la technologie de Google qui a ses propres termes de service (ils incluent la publicité à discrétion de Google) et implique que construire une application pour OpenSocial lie Google à cette application et lui permet de pénétrer dans tous les réseaux sociaux qui se laissent bercer par Le Rêve.” Ceux qui souhaitent une analyse technique détaillée – par quelqu’un qui travaille chez Microsoft – peuvent lire ce billet .

[Reply]

[…] Au final, on se rend bien compte qu’il y a un problème : pourquoi laisser une société devenir propriétaire des mes données ? Pourquoi ce ne serait pas moi, en tant qu’utilisateur ? Et si j’avais plutôt à ma disposition une carte d’identité sociale, une carte d’identité de tout ce qui me définit, personnellement et socialement. Et que je choisissais d’en diffuser tout ou partie à différents services… ça simplifierait pas mal les choses, non ? Pas d’API, mais des données mises à nue ! […]

[…] admettre qu’on était toujours contraints dans l’accès aux données (voir ma note sur les données mises à nue). Seulement voilà, non seulement les APIs sont restées mais en plus elles ont une croissance […]

 

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