Un jour sans lendemain ?

Donc voilà, l’émission « Du jour au lendemain » d’Alain Veinstein ne sera pas reconduite à la rentrée sur France Culture.

QuignardVeinstein

[Alain Veinstein avec Pascal Quignard]

Cela faisait 29 ans que cette émission existait, et 25 ans que je l’écoutais, pratiquement tous les soirs. Avec le passage au Podcast, je n’ai plus jamais manqué une seule émission, que pourtant je continuais à écouter le soir car il faut un régime d’attention particulier pour l’entendre. Cette émission bien nommée terminait ainsi ma journée et m’ouvrait des horizons inconnus avant que je ne bascule dans les rêves. 

Parfois, je m’endormais rapidement quand un romancier venait nous raconter l’histoire qu’il avait écrite, ou quand un universitaire venait réciter sa leçon ; mais parfois aussi, quand le livre devait un prétexte à autre chose, j’ai été le témoin de moments radiophoniques merveilleux.

En 29 ans, Alain Veinstein a travaillé à une forme de disparition de l’interviewer. A réécouter les premières émissions, on est surpris de réentendre sa voix plus chantante et son débit de parole bondissant qui imprimait une présence forte et perceptible de l’animateur-intervieweur.

Ces dernières années, on pouvait écouter tout un entretien sans avoir le moindre souvenir de l’intervieweur : « qu’avait il dit, et était il seulement là ? » pouvait on se demander en fin d’émission .

C’est qu’Alain Veinstein est devenu maître dans l’art de l’amorce : une question anodine en début d’entretien et l’interviewé mettait 45 min à essayer de s’en dépêtrer en dialoguant avec lui-même (et pour son plus grand bonheur s’il savait saisir l’occasion ). Parfois c’était juste un « mouais… » inaudible de Veinstein qui scellait la fin de la discussion des les premières minutes.

Toujours, le style de Veinstein indiquait, dès les premiers mots échangés, si ce qui allait suivre tiendrait une promesse : « ah ! Ça sent bon tout ça !  » se disait-on avec délectation.

Mais dès le début de la dernière émission, cela ne sentait pas bon, même si l’émission en elle même fût une des meilleures, mais dans le style bien particulier de la confession radiophonique qui frôlait douloureusement le testament radiophonique.

Que celles et ceux à Radio France qui ont décidé de cet arrêt pour des raisons économiques révisent leur manuel d’économie, en commençant peut être par « La part maudite » de Bataille.

Et moi d’espérer que Veinstein puisse saisir les opportunités du numérique en réalisant que la « maison de la radio » est aujourd’hui partout et que là ou il sera je serai, avec d’autres , au rendez-vous.

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