Quelle intelligence pour les réseaux énergétiques ?
Dans le cadre de la transition actuelle vers une économie de la contribution, Ars Industrialis a posé que la dynamique de cette transition reposait sur des logiques déprolétarisantes (plus de pertes de savoir) qui passent par des comportements contributifs. Cette économie de la contribution est possible parce que l’infrastructure du numérique le permet.
Or, se pose la question que personne ne peut éviter dès lors qu’il s’agit d’un problème d’économie industrielle : quelle politique énergétique ? Et, plus précisément, y a t il un mode contributif des réseaux énergétiques à l’image de ce que l’on constate avec internet ?
Cette hypothèse d’une analogie entre les réseaux énergétiques et les réseaux numériques implique un modèle décentralisé, distribué et participatif qui doit être éprouvée. L’enjeu est de faire du consommateur d’énergie quelqu’un qui puisse également :
- avoir l’intelligence de sa consommation (pour la maîtriser et la réduire)
- produire sa propre énergie
- renvoyer un éventuel surplus dans un réseau qui serait bi-directionnel.
Il faut tout de suite indiquer que l’analogie entre réseaux numériques et réseaux énergétiques (ici électriques) ne doit pas faire croire que la même architecture est possible. Rappelons en effet qu’un réseau qui transporte du numérique dans une fibre optique, avec des photon sans masse, n’est pas la même chose qu’un réseau électrique qui transporte des électrons. On est très loin d’avoir un “internet des réseaux électriques”. Mais cela ne veut pas dire qu’il faille renoncer à ce que les technologies de transfert du numérique accompagnent les technologies de transport de l’énergie.
Mais n’est-ce pas pourtant ce dont on parle avec les “smarts grids” ? A vrai dire le terme est devenu ambigu et il ne représente pas forcément ce à quoi l’on pourrait s’entendre en matière de mise en oeuvre d’un réseau énergétique contributif et bidirectionnel.
Comme avec le compteur Linky de eRDF, il s’agit de coupler les compteurs avec un réseau numérique capable de les interroger et de les piloter à distance, en l’on retombe dans une architecture numérique fortement panoptique et centralisée. Globalement, un réseau est censé fonctionner mieux quand il est piloté par les données, mais il se trouve que dès que l’on parle de pilotage cela induit une vision centralisée et panoptique des données collectées. Par où l’on voit que le déploiement des réseaux numériques dans des domaines économiques et industriels autres (ici l’énergie, mais la question vaut pour l’eau, l’alimentation, etc.) repose à chaque fois la problématique des traces et de la confidentialité des données.
Ce qui émerge s’apparente au final à un réseau intelligent au sens anglais « d’intelligence », c’est à dire de surveillance et d’espionnage : un big brother énergétique. On est donc loin des vertus imaginées lorsqu’on parle de réseaux associés et contributifs.
L’articulation des protocoles de transfert et des protocoles de transport est à repenser dans chaque réseau industriel.
Moi qui suis en train de lire The third industrial revolution de Rifkin… Il ne parle que de ça, et beaucoup de lui aussi.
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Avez-vous de disponible une quelconque bibliographie qui aurait servi à élaborer cet article ?
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