Bonnes et mauvaises pratiques de l’écriture hypertextuelle

Le respect des standards du web pour une meilleure accessibilité passe aussi par une meilleure pratique des liens que nous faisons tous les jours. A ce titre, les choix que nous faisons dans les mots et les expressions qui servent de base à un lien hypertexte sont importants.

Je vais tout de suite donner un exemple de « ce qu’il ne faut pas faire » avec un extrait du dernier billet d’Olivier (désolé Olivier mais c’est de ta faute : tu es trop bien placé dans mon fils RSS). Voici donc comment commence son texte :

Vous souvenez-vous du débat télévisé entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ? Vous souvenez-vous, dans ce débat, de l’épisode sur l’EPR de 3ème génération ? Vous souvenez-vous de la TRD (tentative de redocumentarisation déviante) occasionnée ? Oui ? (sinon, allez vous rafraîchir la mémoire ici, puis revenez).

Dans cet extrait, l’expression « rafraîchir la mémoire ici » sert de support au lien qui va pointer vers un article évoquant le débat télévisé et cette « tentative de redocumentarisation déviante ».

Pourquoi cela ne va pas ?

Parce que le choix des mots ou de l’expression servant de support au lien va constituer une métadonnée du document, or « rafraîchir la mémoire ici » n’a explicitement rien à voir avec le document vers lequel pointe le lien. C’est une pratique d’ailleurs courante que de mettre des liens sur des adverbes de lieux (ici, là, etc.). Le choix du texte qui est lié est donc important aussi bien pour les moteurs de recherche, qui seront plus pertinents s’ils indexent des documents avec des textes de liens explicites, que pour le lecteur qui n’aura pas à cliquer sur un lien pour savoir vers quoi il pointe lorsque le texte n’est pas explicite.

Autre dérive, avec la pratique qui consiste à construire un lien sur un texte de jugement ou de valeur. Par exemple, toujours dans le même billet d’Olivier (je compte sur toi Olivier pour me faire la leçon en retour) :

M’appuyant sur un panel à peine moins représentatif que celui de Google (mes étudiants), il faut reconnaître que cette fonction (parfois assez indélicate et malgré l’existence d’une remarquable concurrence) remporte effectivement un énorme succès : c’est en effet le seul opérateur qu’ils retiennent sans que j’aie besoin de le leur répéter 17 fois.

Dans le cas présent il y a bien un rapport, ou tout du moins une pertinence, entre le texte du lien et le document pointé par le lien. Mais d’une part les moteurs de recherche n’ont pas encore l’intelligence de rendre un document plus ou moins pertinent selon le texte du lien (un document n’aura pas un meilleur pagerank si on lie la page avec l’expression « très bon document« ), d’autre part le lecteur ne sait pas vers quoi pointe le lien car le jugement de valeur ne fait sens que pour celui qui connaît déjà le document lié : cela oblige donc le lecteur à partir et à revenir ne serait-ce que pour savoir de quoi il retourne.

Des choix judicieux dans les textes des liens hypertextes, et donc dans ces toutes premières métadonnées du web, sont donc des choix qui doivent respecter aussi bien les moteurs de recherche que les lecteurs.

A ne pas respecter ces pratiques de base et en ne portant pas assez d’attention à la qualité du choix des textes des hyperliens, on s’expose à avoir – comme c’est le cas dans le premier paragraphe que j’ai pris pour exemple –  une écriture qui devient dirigiste : allez ici, cliquez là, puis revenez me voir, etc. On se retrouve à devoir balader le lecteur en lui donnant le mode d’emploi pour la lecture hypertextuelle car ce dernier est devenu non plus explicite mais implicite, ou occulté. Il y a une manipulation implicite du comportement de lecture.

Qu’olivier se rassure, toutes ces erreurs je les fais également et j’en fais même une autre – que lui ne fait jamais – qui est de ne pas faire assez de liens, c’est à dire de ne pas jouer le jeu du web.

Qu’il me pardonne enfin, mais c’était trop tentant de faire la leçon à la fois à un enseignant, un docteur en sciences de l’information, et un bloggeur au top du hit parade wikio. 🙂

Cela dit, le web n’est pas une dictature, chacun est libre de faire les liens qu’il veut, et comme il veut, ne serait-ce que pour avoir son propre style d’écriture.

Des problèmes d’anaphore et de deixis, diversement représentés suivant les langues…
Pour l’indexation des documents référencés, plutôt que l’objet servant de support au lien — chaîne de caractère ou image — la référence devrait plutôt être l’attribut @title / @alt.
C’est en tout cas ce que j’essaie de faire à peu près systématiquement sur APSED pour éviter les aller et retours, avec de préférence des URI « parlantes » plutôt que des adresses indirectes, indéchiffrables, comme celles générées par TinyURL :
le titre apparaît dans un pop-up lors du roll-over pour spécifier la définition de la cible du lien, l’URL est visible en bas de fenêtre.

[Reply]

Très judicieux Alain. Et çà je ne le fais pas, ou alors uniquement sur les images.
Par contre tu fais erreur : APSED n’est pas inutile 😉

[Reply]

Merci Christian de nous rappeler cette bonne pratique.

Ca vaudrait le coup de regarder ce que donnent la qualification des liens sur un document plutôt bien référencé.

Je pense qu’effectivement, une certaine part est inexploitable (adverbes de lieux : ici, là), mais il me semble que les jugements de valeurs, eux pourraient l’être (excellent vs. nul) et pourrait donner lieu à une appréciation sur le document pointé ?

[Reply]

Je rebondis sur le commentaire d’Hubert, et sur une de vos phrases, et avec prudence, parce que je sais aussi, le regrette, parfois, ne pas toujours clairement hyperlier :

Vous dites : « Il y a une manipulation implicite du comportement de lecture. »

J’ai envie d’ajouter : « On le peut en effet ; et heureusement ! ».

Car que serait un Web à tel point lisible, qu’il n’y sera plus possible d’y pratiquer quelques formes d’ironies, ou de second degrés hypertextuels que ce soit…

Ou de prétendre y masquer le sens de nos pensées aux butineurs – « et uniquement ça », parmi eux les bots et spiders en tous genres – non humains, mais aussi les toujours pressés.. d’aller où?

Et puis surtout qu’il reste possible, parce que ce sera « son propre style d’écriture » – comme vous le soulignez, à chacun de s’affirmer comme sujet pensant… et comme il l’entend.

Ceci dit ; on cherche souvent à être clairs, et indexés. Merci de reposer le problème.

[Reply]

Salut Christian,
Et merci de ce titillement hypertextuel (je crois me souvenir que tu étais déjà venu me chatouiller sur le sujet dans un commentaire d’un billet d’Affordance et que je ne t’avais pas (ou peu) répondu). Sur le fond du sujet (pertinence du texte servant d’ancre, désambiguisation maximale, homonymie proscrite etc etc) je ne puis qu’être d’accord avec toi. D’autant que j’ai commis il y a de cela déjà quelques années (2002), une thèse sur la question de l’hypertexte (http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00006260/fr/), thèse dans laquelle on trouve un foule de conseils et d’états de l’art permettant d’optimiser les bonnes pratiques en termes d’écriture hypertextuelle. Nombre de ces conseils (je n’étais pas l’auteur de tous) ont d’ailleurs depuis été largement implémentés (notamment au travers des dispositifs que souligne Alain).
OK donc sur le fond. Quand je produis des documents structurés (supports de cours pdf par exemple), je prends soin d’appliquer ces principes de manière aussi rigoureuse que possible).
Sur la forme en revanche, et pour ce qui est de « l’usage » dans le cadre de mon blog, j’avoue prendre un malin (ou pas très malin) plaisir à ne pas appliquer tous ces principes. Les raisons sont nombreuses :
– éditorialisation d’Affordance : beaucoup de billet, rythme de publication assez soutenu, donc pas le temps d’affiner structurellement les billets. Je préfère privilégier les liens (entrants et sortant) en terme de quantité plutôt qu’en termes de qualité. C’est, je te l’accorde, très discutable.
– aspect technique de la plateforme Typepad (qui m’héberge) : dans mes autres blogs sous wordpress, la possibilité est offerte pour chaque lien créé d’ajouter l’attribut title matérialisé par une infobulle. J’use alors sans modération de ladite infobulle (y compris pour la détourner et y mentionner des éléments par toujours très pertinents … mais en même temps je fais ce que je veux ;-). Or dans Typepad, faut aller rajouter l’infobulle dans le code html du billet, et là … pas le temps 🙁
Sur un autre aspect assez lié à ses questions, je suis, dans le même ordre d’idée, très sensible aux questions du formattage de l’écriture pour les moteurs (« discipline » que je m’efforce par ailleurs d’enseigner à mes étudiants). Or comme tu l’auras constaté à la lecture des titres de billets d’affordance, je préfère là aussi jouer chaque fois que je peux sur l’ambiguité, l’homonymie, l’implicite, le second degré, quitte à être beaucoup moins visible et beaucoup moins bien indexé par les moteurs pour lesdits billets. Deux raisons à cela : primo l’exercice du blog est une activité « annexe » à mon métier (même si je milite par ailleurs pour qu’elle soit prise en considération). Il y a donc un plaisir de l’écriture que je m’efforce de préserver à tout prix, même au risque d’une perte de visibilité (dont je me contrefiche d’autant plus qu’Affordance est déjà suffisamment visible, et parfois même un peu trop à mon goût). Deuxio, j’ai été biberonné et continue d’entretenir une addiction certaine à la titraille de libé et du canard enchaîné 🙂
Enfin et plus sérieusement, je crois que le lien hypertexte est lui aussi entré dans une économie de l’abondance. Et que ce qui il y a quelques années était urgent et nécessaire (enrichir la description du lien) est aujourd’hui moins essentiel, sauf, je le répète dans certains contextes (production de documents normalisés – thèses, cours, documents professionnels) et sauf, effectivement, dans une logique de sémantisation chère aux tenants du web sémantique.
Enfin encore, ton interpellation m’a fait penser à un billet que j’avais parcouru il y a de cela quelques temps, dans lequel son auteur rappelait une énième liste des 10 principes à mettre en oeuvre pour tenir un blog de qualité, et remarquait incidemment, que l’essentiel des blogs « de qualité » ou des bloggueurs les plus renommés, se caractérisaient principalement par le contournement ou la non-application de ces principes. Bref, une fois que l’on a une certaine expertise de la règle, il doit être possible de s’en affranchir 😉
J’espère avoir le temps de revenir sur ces réflexions dans un billet plus approfondi d’Affordance, notamment en reprenant sous une forme un peu plus digeste que celle de ma thèse, mes considérations de l’époque à propos de la mise en oeuvre d’une stylistique du lien hypertexte.
D’ici là, je m’engage solennellement à ne respecter scrupuleusement aucune guideline stylistique sur Affordance, rien que pour t’énerver :-))

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Olivier : je te pardonne d’autant plus que j’aime ceux qui ne respectent pas scrupuleusement les règles, pourvu bien sûr qu’ils ne soient pas des spéculateurs en bourse 🙂

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Salut Christian,

Étant un adepte du ici et du là, à vrai dire plus par instinct que par réflexion, votre billet m’a permis de revoir ma position.. et de la conforter. Sur les deux arguments, voici mes raisons :

Le premier qui prétend que par la magie du Web sémantique, les liens vont enrichir les possibilités de navigation m’a laissé sceptique bien que je ne sois pas spécialiste. Il me semble que c’est confondre langage naturel et langage structuré ou logique et je croyais, peut-être innocemment, que les chercheurs de ce domaine avaient perdu cette illusion. Votre dialogue avec Olivier est très parlant à ce sujet. Olivier n’est pas une personne qui ne suit pas les règles (et donc pourrait être pardonné), c’est tout simplement un humain parlant qui utilise le vocabulaire et ses subtilités et ambiguités comme tous les humains, il n’a rien à se faire pardonner, du moins sur ce sujet ;-). L’erreur est ici de croire que le langage se structure logiquement.

Pour la seconde la perte d’attention du lecteur, le problème est plus général que vous ne le dites. La typographie, et avant elle l’écriture manuscrite, ont mis des centaines, voir des milliers d’années à se structurer. Il n’est pas interdit dans un texte papier de marquer un mot (chgt de couleur, italique, soulignement..) et cela se fait couramment, mais la norme qui s’est peu à peu imposée est l’appel de notes ou, dans les textes scientifiques, le signalement de la référence entre parenthèses par le nom de l’auteur ou la date. Il n’y a pas avec le texte numérique de changements si fondamentaux, sauf à croire que la lecture se soit modifiée fondamentalement, mais je pense qu’il s’agit là d’une seconde illusion. Sinon pourquoi alors continuer à écrire des textes ? Il y a bien des changements fondamentaux dans la navigation et dans le multimédia, mais il s’agit là de tout autre chose. Vous semblez en effet parler ici de textes de facture classique, dans lesquels l’hypertextualité celle des artistes ou les «visiteurs» (D. White) du Web n’a qu’un apport limité sur le sens.

J’ajoute un dernier point. Personnellement, j’ai modifié ma façon de citer en revenant à une procédure encore plus classique : donner la référence depuis que j’utilise Zotero. Il y a là une raison pédagogique (apprendre aux étudiants à citer un texte et à respecter une source) mais il est vraisemblable que l’outil s’améliorant et se diffusant ce type de citation va évoluer.

Je ne milite pas pour que tout le monde suive mon exemple, au contraire je crois très enrichissant que diverses écritures hypertextuelles se mettent en place.

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Bonjour JM et merci de ce commentaire.

– Sur le premier point : il n’y a aucun rapport avec le web sémantique, pourquoi en parler ici ? Par ailleurs le web est une architecture applicative et, pour la partie indexation qui en est une des épines dorsales, un meilleur respect des pratiques que j’évoque donne une meilleure pertinence des moteurs. Concernant votre expression « l’erreur est de croire que le langage se structure logiquement « , cela na rien à voir avec mes propos car je n’ai jamais parlé de la « logique », mais juste de pratiques et de fonctionnement sous-jacent des technologies. Je crois que vous avez beaucoup sur-interprété mes propos.

– Concernant le deuxième point sur la lisibilité pour le lecteur, vous dites que le problème est plus général. Certes, mais du coup je n’ai pas saisi l’intérêt des généralités qui suivent votre commentaire, mais là je pense que c’est parce que je n’ai pas la clé des références de votre discours (cf. D. White).

Enfin, je vous approuve bien évidemment sur l’importance de la diversité, cette diversité qu’autorise le web au sein même de son architecture logicielle. Mais bien sûr la diversité n’empêche pas de rappeler qu’il y a de bonnes pratiques (qui ne sont pas des dogmes).

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reBonjour Christian,

Sur le premier point, comme je le disais je suis plutôt ignare en la matière et j’ai sûrement utilisé le terme Web sémantique a mauvais escient. Néanmoins j’aimerais mieux comprendre, par exemple sur un exemple précis, comment, pour qui et qu’est-ce qui est réellement amélioré dans le traitement par les machines dans cette affaire et pourquoi il faudrait réellement participer à cette amélioration. Alors je pourrai mieux percevoir l’intérêt de changer de pratique. Pour le moment, faute sans doute d’une vision claire de ma part, j’ai le sentiment qu’il s’agit plutôt de se mettre au service d’une conception de l’hypertextualité ou du web et éventuellement de quelques acteurs intéressés. Et je crois qu’il est préférable de laisser aux liens la liberté du langage en général.
Pour ma part, je ne cherche pas du tout à améliorer mon pagerank, mais simplement à m’adresser à un nombre limité d’internautes dispersés et souvent inconnus de moi grâce à un outil simple. Est-ce qu’une autre modalité de liens hypertextuels que ici ou là l’améliorerait ? Si oui, je le ferai.

Sur le second point, je voulais simplement surligner l’élément que vous suggérez : la difficulté des liens hypertextuels vient aussi de la distraction de l’attention qu’ils induisent. Ainsi, la typographie a conduit à des signes de plus en plus abstraits pour maintenir l’attention sur le texte. Faut-il alors renoncer à cet acquis quand on écrit des textes sur le web ? Je n’en suis pas sûr.
J’ai vraiment écrit mon commentaire précédent trop vite (ou trop tôt le matin..;-), car je voulais dire non pas «visiteur», mais au contraire «résident», selon la proposition de D. White David White, “Not ‘Natives’ & ‘Immigrants’ but ‘Visitors’ & ‘Residents’,” TALL blog, juillet 23, 2008, http://tallblog.conted.ox.ac.uk/index.php/2008/07/23/not-natives-immigrants-but-visitors-residents/ :

«Le «résident»

Le résident est quelqu’un qui vit une part de sa vie en ligne. Le Web prend en charge la projection de son identité et facilite ses relations. Ces gens là ont une personnalité en ligne qu’ils entretiennent régulièrement. Cette personnalité est généralement d’abord sur un réseau social mais il est aussi probable qu’elle se manifeste sur un blogue ou dans des commentaires, au travers des services de partages d’images, etc. (..) Ils utilisent le Web dans toutes les facettes de leur vie : professionnelle, les études et le loisir. En réalité, le résident considère qu’une part de sa vie sociale est vécue en ligne. Le Web est devenu un élément fondamental de sa présentation personnelle et de l’entretien de ses réseaux d’amis ou de collègues.»

Dans ce cas là, en effet, je crois que les liens hypertextuels prennent une autre valeur et que les acquis typographiques dans le domaine sont obsolètes. Mais cette pratique n’est pas la plus répandue et je ne suis pas sûr qu’il soit souhaitable qu’elle le soit.
Mais j’ai le sentiment, peut être à tort et je suis près à changer d’avis devant une démonstration qui me convaincrait, que pour le moment ce qu’on appelle les bonnes pratiques sont plus celles que ce groupe voudrait inconsciemment imposer à l’ensemble.

[Reply]

@ JM : Ok, j’adore démontrer 😉 (remarquez également que j’écris cela au lieu de suivre la keynote Apple : gros sacrifice ! 🙂 )

Voici donc. Soit les trois expressions ci après qui, chacune, pointent vers votre blog :

  1.  » Mr Salaun est un excellent prof « 

  2.  » Mr Salaun est un prof lamentable« 
  3.  » Mr Salaun a un blog : ici« 

Supposez que l’on créée 3 pages html avec le même titre et chacune ne contenant qu’une des trois expressions. Ensuite, nous allons taper plusieurs recherches dans Google :

  • -> Si l’on cherche « Salaun » les pages avec les expresssions 1 et 2 augmentent le ranking de votre site dans la liste des résulats (pas le pagerank de votre site, hein ?), l’expression 3 l’augmente moins (mais l’augmente quand même puisqu’il y a un lien)
  • -> Si l’on cherche  » Salaun excellent » on aura en résultat un meilleur ranking de votre blog dans la liste de résultats grâce à la page avec l’expression1
  • -> Si l’on cherche « Salaun lamentable » on aura en résultat un meilleur ranking de votre blog dans la liste de résultats grâce à la page avec l’expression2

La notion de pagerank est un absolu, mais un absolu qui se pondère dans l’affichage des résultats en fonction de ce qui a été tapé dans le moteur de recherche (c’est la que la qualité des textes de liens jouent)

Plus prosaïquement, vous vous souvenez peut-être de l’affaire de bush, qui apparaissait en premier résultat lorsqu’on tapait « miserable failure » ? Et bien c’était parce que de nombreux liens vers le site du CV du président américain étaient fait avec le texte « miserable failure », et non parce qu’il y avait « miserable failure » sur la home page du président.
Maintenant Jean-Michel, si vous n’êtes pas convaincu de l’importance d’avoir un texte pertinent qui sert de support à vos liens : lancez un concours en demandant aux internautes de faire des pages avec l’expression n°2 de mon exemple et vous verrez le résultat dans Google : vous serez rapidement n°1 quand on tapera « Prof Lamentable » dans Google. 🙂

Quand cette pratique est mal intentionnée, on parle de Google Bombing, comme dans le cas de Bush. Et là Google a corrigé son algorithme.

[Reply]

Merci beaucoup prof Christian pour cette démo ;-). C’est en effet plus clair maintenant.

Mais je suis un élève lamentable, car je ne suis pas sûr d’avoir compris en quoi cela répondait vraiment à ma question. J’ai juste compris qu’il fallait éviter de faire des liens sur mon blogue avec prof lamentable (ce que mes étudiants vont sans doute tous s’empresser de faire, merci de la suggestion du concours ;-))).
Mais je n’ai non plus aucun intérêt particulier à ce que l’appréciation inverse pointe vers mon blogue. Ici qui reste neutre me conviendrait donc tout à fait même si on aura un peu plus de mal à me retrouver en tapant mon nom.

Je crois que votre démonstration pèche car elle présente un jugement de valeur qui introduit un biais non anodin. L’exemple du bombing est parlant, il s’agit bien d’une stratégie de priorité, ici perverse. C’est un raisonnement de média de masse, c’est aussi celui des référenceurs. On peut avoir des stratégies moins grossières. Personnellement, je n’ai pas d’intérêt à ce que mon nom sorte en premier sur les pages de Google.

À la rigueur, une expression précisant le contenu de mon blogue pourrait être intéressante, mais alors on tombe dans la difficulté précédente, celle du langage naturel, sauf à reprendre mot à mot une expression de l’auteur du lien cité qui souvent alourdira le texte.

Ce que j’en conclus surtout donc, c’est qu’il est préférable dans ma pratique personnelle d’écriture qui explicite les références de mettre le lien sur les titres plutôt que sur les noms d’auteur ou sur un adverbe de lieu. Je vais ainsi changer mes habitudes. Merci sincèrement en tous cas pour la leçon.

[Reply]

Désolé d’arriver un peu tard dans votre conversation, mais il y a quelques inexactitudes :

– Google —et sans doute Yahoo!— associe à un lien dont le texte est ‘là’ (ou toute autre poignée creuse) le contenu de la proposition autour de ce lien ; l’entreprise est discrète sur cette question pour ne pas encourager les bombers et SEO black-hats, mais c’est un des aspect clés de la qualité de leurs résultats ;

– historiquement les URI se voulaient sans structure aucune : Berners-Lee ne revendique plus cette idée, ou même une autorité particulière sur la question — mais il écoute volontiers des arguments sur le fishing qui vont dans les deux sens ;

– quel rapport avec le “sémantique” ? Aucun avec ce que la définition strict, mais, parmi l’ensemble de technologies qui veulent dépasser le simple lien en structurant davantage l’information, et que les informaticiens apellent abusivement le Web Sémantique, et qui est un vaste pandémonium de préjugés sur l’information, plaisant par ailleurs, il y a beaucoup de réflexions qui nourriraient celles-ci ;

– toutes ces réflexions ressemblent étrangement au débat sur la nature d’un ami et d’une relation sur les réseaux sociaux — et la formalisation d’une référence est apparemment aussi problématique que la formalisation d’une confiance, ou d’un sentiment.

C’est Montaigne qui serait content de retrouver ses trois commerces ainsi liés dans la confusion.

[Reply]

Merci à vous tous.
@Bertil: vous dites :

> Google —et sans doute Yahoo!— associe à un lien dont le texte est ‘là’ (ou toute autre poignée creuse) le contenu de la proposition autour de ce lien ; l’entreprise est discrète sur cette question pour ne pas encourager les bombers et SEO black-hats, mais c’est un des aspect clés de la qualité de leurs résultats ;

Si la technologie de Google fait effectivement ça… c’est un passing-shot : l’internaute lambda, en l’occurence un comme moi, n’a (je crois) aucune envie de penser son acte d’hyperliaison, en fonction des mécaniques sous-jacentes, complexes, et susceptibles d’évoluer… car il n’est pas technicien.

Je pense qu’il préfère bien plutôt, et que c’est tout à fait légitime, écrire dans un langage le plus naturel possible, en faisant le pari que « le système » saura interpoler.

Si donc c’est là une promesse sémantique, i.e extraction de sens en contexte, i.e « plein texte », alors oui ! En revanche s’il s’agit de faire rentrer le sens de nos phrases, à chaque virgule, respiration ou lien, de devoir penser comment « sémantiser » cet enchaînement-ci, après celui-là… ne peut-on craindre qu’un tel « web sémantique » ne soit pas très démocratique (parce que pas démocratisé) d’une part ?

et un poil pré-déterminant le sens produit.. mais il faudrait que des spécialistes s’expriment là-dessus…

Note : je ne tiens pas à relancer le non-débat ci-dessus sur le « sémantique » de « web sémantique »… mais à l’évidence, il est quand même bien question ici du « sens » des liens, liens qui d’ailleurs peuvent être « typés » de multiples façons (au-delà du texte sur lequel ils s’ancrent, et de la balise titre, via les balises rel et rev – cf. microformats, XFN, etc.

[Reply]

Pour compléter mon propos : j’ai le sentiment que ce qui serait acceptable du point de vue de l' »expérience utilisateur » ; acceptable c’est à dire : comment offrir à tout le monde la possibilité d’optimiser le lien hypertexte en ce qui concerne la précision sémantique affecté à cette liaison.

Ce pourrait ainsi être -entre autres choses, un mécanisme de proposition d’ajout de méta-données sémantiques : i.e données masquées en première lecture mais qu’on pourrait révèler – et proposées à partir du langage naturel par extraction du sens dans le contexte.

Alors laisser jouer là dessus des mécanismes « web sémantique », mais sur validation humaine préalable 🙂

Et faire le pari qu’on peut continuer d’écrire avec des liens très courts/peu causants « per se » – il y a peut-être là une certain esthétique..?

[Reply]

[…] qui vient s’ajouter aux remarques que Christian Fauré avaient déjà faites sur la bonne rédaction des liens hypertextuels: faire des liens de billet à billet c’est apporter un gage de bonne qualité supplémentaire […]

Un lien jeté à votre sagacité : http://www.fluctuat.net/blog/13919-Meta-hyper-texte

Sur les effets du remplacement progressif des liens « humainement dirigés » par des liens concoctés par des robots.

[Reply]

[…] « grain d’information, de pensée ou d’opinion », un atome identifiable par un lien unique et permanent, de sorte qu’en assemblant autant d’atomes qu’il le souhaite, dans le temps et […]

 

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