16 Déc 2007, 1:48
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L’opposition droite/gauche est mineure

C’est au départ un propos de Bernard Stiegler lors de la séance d’Ars Industrialis du 15 Décembre 2007.

Un propos dans lequel il affirme que la bipolarité politique entre la droite et la gauche est, non pas caduque, mais minime, eut égard à une autre distinction qui serait celle entre les curieux, ceux qui prennent soin et qui s’inscrivent dans des cycles longs et de l’autre les incurieux et les indifférents à la queston du soin.
Voici un court extrait de l’allocution en question :
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A la distinction entre la droite qui représenterait le capital et la gauche le travail, se superposerait donc cette autre distinction :

  • D’un côté les curieux, les soigneux, les attentifs, qui sont sensibilisés au long terme
  • De l’autre côté les « incurieux », indifférents à la question de la cure et du soin, et orientés court terme.

Cela dit, autant on peut trouver des personnes qui se disent de droite et qui mettent en avant le capital, autant je me demande, dans cette nouvelle bipolarité politique, qui pourrait se réclamer du camp des incurieux et des indifférents à la question de la cure et du soin ?
C’est un peu comme si le parti de l’insconscience et du court terme acceptait de se reconnaître dans ce dessin de Andrej Sheljutto :

Mais regardons y de plus près. N’avons nous pas tous, à un moment donné, fait le choix du court terme en adoptant la position de ce que l’on nommerait les « incurieux » ?
Je me souviens par exemple d’une visite chez l’ophtalmologiste qui m’avait présenté l’alternative suivante :

  • soit des lunettes tout de suite pour compenser mon défaut de vision
  • soit des séances d’exercices de vision répétés pendant plusieurs semaines.

J’ai choisi les lunettes car c’était immédiat et cela ne me demandait aucun effort. Objectivement, c’était la solution des exercices qui était bien sûr la meilleure solution à long terme.

D’une manière générale, celui qui est malade, ou disons qui a besoin de soins, a tendance a choisir la solution à court terme. C’est à dire une solution qui, in fine, l’inscrit encore plus dans le court terme.
Les foyers américains qui ont été victimes de la crise des subprimes ont aussi fait le choix du court terme, ce qui les a inscrit – sûrement par ignorance – encore plus dans la précarité de l’instant.

Le choix de l’incurie est donc rarement un choix qui délibéré, et il y a peu de chance qu’un parti politique se constitue en prônant le court termisme. Je dirai que c’est plutôt une tendance à laquelle nous sommes tous soumis.

C’est à cette tendance que certains politiques s’adressent car il est toujours plus facile de parler à des malades et à des souffants avec des propos qui valorisent des solutions rapides en faisant abstractions des conséquences à moyen et à long terme (une forme de populisme).

Après tout, face à la souffrance et à certaines situations de misère, il est toujours difficile de se faire entendre si quelqu’un en vient à mettre en avant l’urgence de pallier à la situation rapidement.

Dans certaines situations, les voix du soin et de la cure, sont inaudibles.

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