Indentité nationale et cinéma
Godard, dans son Histoire(s) du cinéma :
« Tout ça pour dire … qu’est-ce qui fait qu’en 1940-45 il n’y a pas eu de cinéma de résistance ? Non qu’il n’y a pas eu de films de résistances à droite, à gauche, ici et là.
Mais le seul film, au sens de cinéma, qui a résisté à l’occupation du cinéma par l’Amérique, à une certaine manière uniforme de faire le cinéma, ce fut un film italien.
Ce n’est pas par hasard : l’Italie a été le pays qui s’est le moins battu, qui a beaucoup souffert mais qui a trahi deux fois.
Et qui a donc souffert de ne plus avoir d’identité.
Et s’il a retrouvée avec « Rome ville ouverte », c’est que le film était fait par des gens sans uniforme, c’est la seule fois.
Les ruses ont fait des films de martyrs.
Les américains ont fait des films de publicité.
Les anglais ont fait ce qu’ils font toujours dans le cinéma : rien.
L’allemagne n’a pas de cinéma, plus de cinéma.
Les français ont fait « Sylvie et les fantômes ».
Les polonais ont fait deux films d’expiation, « La passagère « et « La dernière étape », et un film de souvenir, « Canal ». Et puis ils ont fini par accueillir Spielberg lorsque « plus jamais çà » est devenu « c’est toujours çà ».
Tandis qu’avec « Rome ville ouverte », l’Italie a reconquis le droit pour une nation de se regarder en face, et alors est venue l’étonnante moisson du grand cinéma italien.
Mais il y a une chose étrange cependant : comment le cinéma italien a-t-il pu devenir si grand puisque tous, de Rossellini à Visconti, et d’Antonioni à Fellini, n’enregistraient pas le son avec les images ?
Une seule réponse : la langue d’Ovide et de Virgile, de Dante et de Leopardi était passée dans les images. »
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