Pendant ce temps là …

Deux types de profils émergent parmi les responsables KM (Management des Connaissances ) des grandes entreprises françaises :

  • le gourou, celui qui s’investit énormément dans la communication. On le voit presque autant à l’extérieur de son entreprise qu’à l’intérieur.
  • l’homme des systèmes d’information, celui pour qui la démarche KM se dilue dans des outils de collaboration, de partage, ou plus généralement de gestion documentaire.


Bien sûr, ces deux profils sont des caricatures, et la situation n’est pas toujours aussi manichéenne dans la réalité. Quoiqu’il en soit, ces deux profils hypothétiques ont en commun une énorme difficulté : ils ont besoin de prendre leur bâton de pèlerin pour accompagner leurs démarches, quand ce n’est pas pour simplement les initier. En effet, une démarche de management des connaissances, de par sa composante transverse, se heurte bien souvent au manque de participation des différents acteurs. Aussi faut-il beaucoup s’investir afin de les mobiliser, de les sensibiliser, de les responsabiliser, etc.

Pendant ce temps là …

Pendant qu’ils éprouvent d’énormes difficultés en interne, ces responsables KM ne peuvent que constater la vitalité des participations et des réseaux sociaux sur le Web. La capitalisation, le partage, la participation et le désir sont bien là, mais toujours pas dans l’entreprise, où le cynisme des employés gagne du terrain.

Pendant ce temps donc, le Web ne cesse de faire preuve d’innovations Il faut dire que la logique n’est pas la même, les « utilisateurs » sont bien plus nombreux , les pratiques au moins autant diversifiées , et les acteurs ne sont pas là en tant que professionnels mais bien en tant qu’amateurs (vous allez encore visiter des sites « professionnels » ?). Ils peuvent être programmeurs de profession, mais quand ils échangent sur le Web c’est avec un autre regard, avec le regard de celui qui aime ce qu’il fait, celui de l’amateur.
Les « outils KM » sont aujourd’hui basés sur les technologies du Web : Intranet, blogs, wiki, et moteurs de recherche aujourd’hui et Web Sémantique (demain?). Mais le passage de la logique ouverte du Web à celle, fermée et cloisonnée, de l’entreprise ne va pas de soi. Par exemple, les moteurs de recherche n’ont pas la même logique ni la même architecture que ceux des leaders sur le Web, et les pratiques associés ne sont également pas les mêmes. Aussi faut-il rajouter que les technologies du Web répondent à des pratiques qui sont celles du Web, que l’on ne retrouve pas en entreprise. L’amateurisme du Web donne en apparence des résultats bien plus intéressants que le professionnalisme du mode de l’entreprise.
Beaucoup de consultants indépendants oeuvrant dans les problématiques KM ont emboîté le pas à la dynamique du Web. Mais ils se retrouvent de fait en décalage avec la logique « professionnelle » des entreprises : pour faire passer leur message ils doivent provoquer une réflexion sur les pratiques qui doit, j’imagine, être épuisante.

Les cabinets de conseil auparavant positionnés sur les démarches de recueil d’expertise, de capitalisation et d’organisation ont disparus les uns après les autres. Les uns se reconvertissant dans le coaching et l’accompagnement au changement, les autres en éditeurs de niche pour la mise en place de bases de connaissances, d’autres en consultants indépendants, d’autres encore (comme moi) dans des grands cabinets de conseil en technologies. C’est la fin d’une époque pour le KM, mais aussi le début d’une nouvelle qui devra poser avec lucidité la question du rôle de l’amateurisme à l’intérieur même du périmètre du monde professionnel.

Comme beaucoup d’autres, j’aspire à (re)devenir un amateur et à ne plus travailler comme un professionnel.

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