3 Juil 2012, 1:45
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Généalogie d’un lecteur (3) : car lire, c’est se soumettre à l’écriture

Suite de Généalogie d’un lecteur (1) et Généalogie d’un lecteur (2).

D’un train de lectures successives à un jardin de lectures croisées ; je passais d’une pratique séquentielle dans la lecture des livres à une pratique où plusieurs livres étaient lus en parallèle. Je commençais à acquérir ces pratiques de lectures multiples grâce à l’utilisation des techniques de délinéarisation (annotation) qui m’ont permis de “prendre du recul”.

Ce que « demande » en tout premier lieu un livre, c’est une machine-à-lire pour exister à nouveau en tant objet temporel (un objet temporel se défini précisément en ce qu’il s’écoule, comme la parole), car la lecture est une temporalisation de la spatialité de l’écriture (l’inverse du processus de grammatisation). Écrire c’est grammatiser (processus analytique de spatialisation du temps), lire c’est dégrammatiser (processus synthétique de temporalisation de l’espace).

Avant, je concevais le livre comme une partition qu’il fallait jouer, c’est à dire que le livre, en tant que spatialisation textuelle du flux temporel de la pensée, était uniquement le moyen de savoir ce que l’auteur disait, beaucoup moins que de savoir ce que cela me disait à moi.

Il y a un diktat sidérant, somnambulique, hypnotique, de l’écriture. Car lire c’est se soumettre à l’écriture. Il fallait donc mettre de la distance entre le livre et moi pour ne pas être au service de l’écriture : la soumission — inévitable —ne doit pas se faire sans conditions.

Lorsque notre statut de lecteur passe au stade où nous grammatisons notre dégrammatisation sur le support de grammatisation qu’est la page du livre (je ne fais ici que déplier le verbe “annoter”), notre mise à distance au texte ménage et ouvre donc un espace qu’est le jardin de lectures.

Suite : Généalogie d’un lecteur (4) : un jardin de lecture

[…] crochets, etc. qui nous permettent de planter nos marques dans le granit du texte.Suite : Généalogie d’un lecteur (3) : car lire c’est se soumettre à l’écritureSignaler sur TwitterTagged as: écriture, lecture Cancel replyLeave a CommentName *E-mail […]

[…] d’un lecteur (4) : un jardin de lecturesby Christian on 10 juillet, 2012Suite de la note Généalogie d’un lecteur (3) : car lire, c’est se soumettre à l’écriture« Le texte que l’on appelle présent ne se déchiffre qu’en bas de page, dans la note […]

 

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